Le CV-22B Osprey reprend du service malgré la persistance de son problème mécanique.

Après un peu plus de deux semaines d’immobilisation les convertiplanes de l’US Air Force peuvent enfin revoler. Ce vendredi 2 septembre 2022 le Pentagone a choisi de stopper l’immobilisation des cinquante-deux Bell Boeing CV-22B Osprey de transport tactique. Pour autant les militaires américains confirment que les origines de la panne ne sont actuellement pas connues ! De leur côté l’US Marines Corps et l’US Navy s’étaient refusés à prendre une mesure similaire laissant leurs appareils opérationnels.

Pour mémoire quand l’US Air Force avait annoncé le mardi 16 août 2022 qu’elle clouait au sol ses CV-22B elle avait parlé de deux incidents lourds au cours de l’été. On connait désormais le plus récent d’entre eux, ayant été révélé il y a quelques jours par les médias norvégiens. Il faut dire que l’aviation militaire américaine a joué de malchance afin de conserver cet accident sous le sceau du top secret.
C’est en effet le vendredi 12 août 2022 que lors d’un vol d’exercice le convertiplane porteur du serial 10-0053 a connu lui aussi un ennui mécanique du type «hard clutch engagements» ou en français «engagements d’embrayages durs». L’avion survolait alors le parc national d’Ånderdalen dans le sud de l’île de Senja. Ne pouvant pas le maintenir en vol le pilote et son copilote ont décidé de procéder à un atterrissage d’urgence. Le CV-22B Osprey s’est crashé sur une falaise à quelques mètres seulement du vide. Hormis quelques bleus et contusions l’équipage et les passagers n’ont pas été blessés. Quatre-vingt seize heures après ce choc l’ordre d’immobilisation de tous les appareils de ce genre était pris.

Immédiatement donc les avions destinés au transport tactique et au soutien opérationnel des forces spéciales étaient immobilisés et passaient entre les mains des mécanos et ingénieurs. L’intégralité des cinquante-deux appareils en dotation, à l’exception du 10-0053, fut minutieusement inspectée. Le problème appelé «hard clutch engagements» fut bien analysé et considéré comme potentiellement présent sur toutes les machines mais ses causes demeurent aujourd’hui totalement inconnues. Malgré le risque persistant le Pentagone a donc fait le choix de réautoriser les vols dès ce vendredi 2 septembre 2022 au soir. Le Bell Boeing CV-22B Osprey est surtout un oiseau de nuit.

Afin de justifier la prise de risque pour les équipages et passagers l’US Department of Defense a rappelé qu’au cours des douze dernières années dix incidents de ce genre ont été détecté auprès des MV-22B Osprey de l’US Marines Corps. Or ce dernier n’a jamais daigné faire cesser les opérations de ses convertiplanes, même pour quelques heures.
Une recommandation a cependant été transmise aux équipages de l’US Air Force d’être attentifs à leurs machines lors des phases de translation entre le vol vertical et le vol horizontal.

L’existence de ce souci mécanique récurrent est d’autant plus inquiétant que le Pentagone semble clairement le comprendre mais refuse à l’US Air Force et au consortium Bell Boeing de trouver le temps d’analyser son origine et donc de lui trouver une solution. En fait c’est l’utilisation en flux tendu de la flotte qui oblige surtout à cette reprise des vols. Les forces spéciales américaines ne peuvent pas actuellement, avec ce qui se passe en Europe centrale et dans la zone Asie Pacifique, ne pas avoir accès à un de leurs principaux aéronefs. En gros le danger est là mais il faut faire avec.

Le Bell Boeing CV-22B Osprey à l’origine de l’interdiction de vol, ici sur sa zone de crash.

Mais au fait pourquoi les inspecteurs de Bell Boeing et de l’US Air Force n’ont t-ils pas pu travailler sur l’avion qui s’est crashé en Norvège ?
Simplement parce que les autorités de ce pays le leur ont interdit ! Le CV-22B Osprey s’est écrasé dans un parc naturel connu pour la richesse de sa faune ornithologique et les autorités environnementales norvégiennes ont estimé qu’une trop forte présence humaine mettrait en péril l’équilibre naturel de ces oiseaux. En attendant donc l’avion 10-0053 attend sagement, «protégé» par un simple périmètre de sécurité.
La puissance des associations écologistes norvégiennes aura donc eu raison de l’impératif militaire américain. Selon le gouvernement d’Oslo le convertiplane pourra être inspecté d’ici quelques semaines. Se posera alors la question de son enlèvement par les services du Pentagone. Et dans un parc national comme celui d’Ånderdalen cela risque de vite tourner au casse-tête et sans doute à l’affrontement avec les défenseurs de l’environnement et de la cause animale. Pour le coup il sera difficile d’en vouloir aux écologistes.
Affaire donc à suivre.

Photos © Forsvarsdepartementet et US Department of Defense.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

3 réponses

    1. Avant que l’on envisage de le réparer il faudra sans doute que le CV-22B Osprey soit évacué de Norvège et rapatrié aux États-Unis ou en Grande Bretagne. Seuls les experts de l’US Air Force pourront attester ou non de la reprise des vols.
      Nous vous tiendrons au courant.

  1. Difficile opération en effet car ça doit être trop lourd pour une grue volante (capacité de levage de 11T max)
    Peut-être démontage en plusieurs morceaux?

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