L’avionneur russe Sukhoi se cherche des partenaires pour son Su-75 Checkmate.

C’est là un nouvel effet de la guerre menée par Vladimir Poutine en Ukraine. Face à une concurrence mondialisée acharnée et afin de tenter d’alléger le poids des sanctions internationales le conglomérat UAC accentue sa recherche de partenariat et cible désormais clairement l’Inde. À quelques jours de l’ouverture du salon Aero India 2023 on ne peut s’empêcher d’y voir une sorte de bouée de sauvetage afin d’empêcher  le programme Su-75 Checkmate de couler définitivement. Reste à savoir si le gouvernement indien sera intéressé ou non par cet avion présenté comme révolutionnaire par les Russes mais d’ores et déjà boudé par plusieurs clients potentiels.

Si Hindustan Aircraft Limited assure actuellement l’usinage complet des chasseurs multi-rôles Su-30MKI Flanker-C, mais aussi leur entretien, les liens entre l’avionneur indien et son concurrent russe n’ont pas toujours été très cordiaux. Sukhoi a notamment été fortement impacté par le retrait de HAL du programme PAK-FA en 2018 et par les baisses de budget qui s’en sont suivi. Beaucoup d’ailleurs en Russie continuent d’accuser l’Inde de tous les maux quant aux retards pris par le chasseur de supériorité aérienne Sukhoi Su-57 Felon justement issu du PAK-FA.

Pourtant c’est bien vers HAL que Sukhoi se tourne de nouveau. Il s’agit désormais d’essayer de sauver le programme de monoréacteur de 5e génération Su-75, baptisé Checkmate par les spécialistes russes du marketing.
Il faut dire que depuis quelques mois les lignes lancées par le groupe UAC, maison-mère de Sukhoi, se sont révélées infructueuses. Les Émirats Arabes Unis et le Vietnam s’en sont désintéressés car ne voulant pas risquer de soucis avec les lois américaines tandis que l’Argentine a décliné l’offre, le futur avion étant encore trop onéreux pour son économie défaillante. Reste deux clients potentiels pour lesquels United Aircraft Corporation fonde de forts espoirs : l’Algérie et l’Iran. Sauf que là encore les communications officielles concernant cet avion tardent à arriver.

Il faut dire que même à Alger et Téhéran les décideurs connaissent la fragilité réelle du programme Su-75 Checkmate. Dévoilé peu de temps avant le déclenchement de la guerre contre l’Ukraine il subit de plein fouet les sanctions économiques et industrielles votées par les États-Unis, l’Union Européenne, et des pays comme le Canada, la Corée du sud, ou encore le Japon. À cause d’elles l’avionneur russe est obligé de chercher de nouveaux alliés industriels, et le seul qui ait les reins assez solides demeure Hindustan Aircraft Limited.
D’où les négociations révélées par le presse indienne à cinq jours de l’ouverture d’Aero India 2023. Il s’agira d’un des rares rendez-vous internationaux où Sukhoi sera présent. Sa participation au Salon du Bourget dans quatre mois semble d’ores et déjà exclue.

Pour la Russie l’Inde est donc désormais un sauveur potentiel du Sukhoi Su-75 Checkmate. En fait UAC table sur le remplacement des SEPECAT Jaguar IS pour trouver un débouché local pour son monoréacteur. Sauf que l’Indian Air Force de son côté attend le HAL Tejas Mk-2 actuellement en cours de développement. En fait les négociateurs russes vont devoir convaincre les décideurs indiens que leur avion est meilleur que l’avion de facture locale.
Autant dire que ce n’est pas gagné !
En cas de refus indien on ne sait pas vers qui l’avionneur russe pourra se tourner…

On remarquera au passage que l’alliance Atlantique n’a toujours pas daigné affecter à l’avion le moindre nom de code. Comme si l’OTAN ne croyait pas en l’avenir de ce Sukhoi Su-75.

Illustration © UAC.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

2 réponses

  1. Merci pour cet article Mr Arnaud !!!!
    Donc si je comprends bien pour les russes l’industrie chinoise est bannie j’en comprends les raisons mais à l’heure actuelle c’est à mes yeux le seul débouché crédible…. L’Inde ne se risquera pas à s’allier avec la Russie pour un avion encore sur une planche à dessin et surtout après la politique du make in india c’est définitivement mort

    1. Les Chinois ont leur J-31 qui à la différence profonde avec le Su-75 Checkmate a le mérite d’exister et de voler. Il devrait être opérationnel l’année prochaine.

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