Ce jeudi 16 mars 2023 restera comme une date importante dans l’histoire militaire française. En effet c’est celle du dernier jour à la fois de l’emploi du Dassault-Breguet / Dornier Alpha Jet E comme avion école de l’Armée de l’Air et de l’Espace et de l’utilisation de la Base Aérienne 120 de Cazaux pour la formation avancée. Cela faisait 59 ans que la célèbre emprise proche de Biscarosse assurait ce rôle. D’ici quelques semaines élèves pilotes apprendront dans le ciel de Charente.
Ils sont six jeunes officiers qui rejoindront dans quelques temps une unité évoluant sur Dassault Aviation Mirage 2000 ou bien sur Dassault Aviation Rafale. Mais ils sont surtout les derniers d’une longue liste : celles et ceux formés sur Alpha Jet E. Un petit avion d’origine franco-allemande que ses utilisateurs hexagonaux ont affectueusement surnommé le «gadget». Un avion qui restera à jamais comme le successeur des mythiques Fouga CM.170 Magister et Lockheed T-33 T.Bird sous la cocarde tricolore mais aussi comme l’ultime jet d’entraînement de l’Armée de l’Air et de l’Espace.
Dès cet été 2023 ce sont en effet les formidables monomoteurs à turbopropulseurs d’origine suisse Pilatus PC-21 qui prendront la relève complète des Alpha Jet E. C’est donc l’École d’Aviation de Chasse 00/315 qui assurera la mission jusque là remplie par l’Escadron de Chasse 3/8 Côte d’Or. De ce fait le cursus de formation va déménager de la Base Aérienne 120 de Cazaux à la Base Aérienne 709 de Cognac.
Que les esprits chagrins qui n’arrivent toujours à comprendre pourquoi l’Armée de l’Air et de l’Espace passe d’un biréacteur à un monomoteur afin de former les futurs pilotes de chasse se rassurent. Tout a été mûrement réfléchi puisque l’avion suisse dispose d’une avionique beaucoup plus adaptée aux futurs pilotes des Rafale F3-R et Rafale F4 que son prédécesseur franco-allemand. En outre son turbopropulseur est beaucoup moins gourmand en carburant que les petits réacteurs Larzac et nettement moins émetteur en empreinte carbone. En somme le PC-21 est à la fois meilleur pour les finances militaires et pour l’environnement.
Pour autant l’Alpha Jet E ne tire pas complètement sa révérence de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Il demeure encore pour quelques années la monture de la célébrissime Patrouille de France. La DGA fait également encore voler ce type d’avion auprès de l’École du Personnel Navigant d’Essais et de Réception.
Photos © Armée de l’Air et de l’Espace.
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23 Responses
Je suis tourangeau et je peux vous assurer que le ciel est bien triste depuis son départ…
C’était un peu mieux avec les alpha jets. La formation sur turbopropulseurs ne permet pas d’apprendre la vitesse ou les caprices d’un réacteur.
Par ailleurs, les alphabets avaient une capacité air sol.
Encore une consequence des choix politiques qui mettent le budjet de l’armee à la portion congrue.
On a pas voulu remplac l’alphajet en fin de vie par un petit bireacteur moderne (aermacchi..)
Passer du Pilatus au Rafale , c’est un ecart trop enorme en performances . La formation sur Pilatus ne permet pas de détecter les élèves pour qui ça ira trop vite sur Rafale.
Bonjour, étonnant votre argumentaire sur la vitesse. Mais bon soit c’est celui d’un passionné pas d’un professionnel.
L’argument de la préservation de l’environnement, bof!…. Je ne crois pas que les vols militaires aggravent tant que ça la situation. Qu’on commence par mettre tous les camions en transit par notre pays sur le rail et on en reparlera.
C’est juste une descente en gamme qu’on essaie de masquer derrière des arguments que je trouve quelque peu fallacieux.
Le PC21 est probablement un bon avion. Tout comme, par exemple, le MB346 qui est quand même plus proche de l’avion d’armes que le PC21, qui fait un peu avion de tourisme « avancé »… Bref, encore un choix bien pourri, à mon avis.
Et dans 10 ans, la PAF repasse sur Stampe SV4.
Mais avec une avionique de Rafale. Ouf! l’honneur est sauf.
Bizarre alors que d’autres de nos partenaires européens comme l’Allemagne ou l’Espagne aient eux aussi fait ce « choix bien pourri ». Ou peut-être simplement qu’eux aussi ont compris qu’il fallait vivre avec notre temps et ne plus forcément se croire encore au 20e siècle. Mais bon sans doute savez-vous mieux MikeLima que les décideurs politiques et les généraux de l’Armée de l’Air et de l’Espace.
Donc si on prend la question à l’envers pensez-vous que les pays qui ont choisi ou choisirons le T7 Redhawk, le T50 Golden Eagle ou le M346/Yak 130 font un mauvais choix ou un choix de gaspillage d’argent ?
Peut-être ont-ils les moyens de gaspiller leurs budgets ? Qu’en pensez-vous Dimitri ?
Donc, revenir au temps des hélices, c’est un progrès…. C’est vrai que l’air du temps est au vintage
Et quand à adopter les choix des autres, banco! Achetons du F35…. Je pense que ça ne va pas plaire à beaucoup de monde, ici.
Une chose est sûre, je n’ai pas la prétention de savoir mieux que les généraux de l’AAE comment gérer l’incurie de nos politiques. La seule vertu de ces derniers étant de réussir à nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
En l’occurrence, que c’est un immense bond en avant qualitatif de passer du réacteur au turboprop, et on fera les finitions au simulateur. Ouais, je crois que je suis moi-même très… vintage!
Petite réflexion d’un pilote de la Base de Cazaux: le temps de réponse d’un réacteur est plus long que celui d’un turbo-prop…. et en basse altitude ca fait une énorme différence. Avec un réacteur il faut anticiper. L’élève pilote se formant sur le Pilatus va prendre pour habitude ce temps de réponse court… et même sur Rafale, en unité, ca risque de faire drôle.
Bien sûr auparavant il peut y avoir l’étape simulateur bien plus longue….
La solution de l’Aermachi était séduisante. Les Singapouriens de Cazaux semblent en faire un très bon usage, vu le nombre de patrouilles qui passent au dessus de chez moi !
A voir
Vous oubliez Phil que dans le cursus du futur pilote il y a aussi les phases sur simulateurs de vols Rafale. 😉
Certes Arnaud, mais quand on est en unité, on est PIMS et seul à bord… Alors là il est essentiel de connaître parfaitement son domaine de vol et de performance. Quand je parlais de simulateur, c’est dans ce contexte. L’apprentissage de la mission (notamment air-sol la plus difficile).
Le PC 21 apportera indéniablement une chose, la connaissance d’un environnement cabine moderne idem ou très proche du Rafale. C’est incontestable !
Il y a le projet d’Airbus « AFJT » (Airbus Future Jet Trainer) envisagé par l’Espagne. Espérons que ça intéresse la France.
il y a quelques annees le famas devait remplacer la mat 49 le 49/56 et la aa52 ont a vu le resultat achat de mag58 en urgence, lorsque l’on s’apercevra qu’il sera necessaire d’acheter en urgence un jet etranger suite a la trise de consience des difficultes rencontres par les jeunes pilotes qui finira par des heures de rafales biplaces on vera l’economie realisee
Sauf que le Pilatus PC-21 est déjà en dotation et fait des merveilles. Élèves et instructeurs en sont ravis, et l’avion suisse présente globalement moins de pannes que son homologue germano-français.
C’est un excellent avion tout à fait adapté à sa tâche de formation de jeunes pilotes de chasse. Il y a une chose qui me chagrine : c’est qu’il ne soit pas de chez Dassault ou Airbus.
Il est vrai qu’un turboprop ne réagit pas comme un jet, même si le PC-21 est ce qu’il y a de plus proche du jet, niveau comportement.
Cela veut dire que dans la formation d’un pilote sur Rafale, la partie SNA (système, navigation et armement) prend le pas sur le pilotage, ceci grâce au fait que le Rafale n’a plus besoin d’être piloté comme sur les Mirage
Il me semble qu’il avait été dit que le PC21 pouvait être configurés pour répondre comme un avion à réaction …Est-ce de l’enfumage ? Moi aussi je regrette que l’on ait pas trouvé un avion français pour succéder au Gadjet …Du style m346 LEONARDO lui-même fabriqué sur une base de YAK si je ne me trompe pas . Bref , j’ai une autre inquiétude …Pour la paf ? aujourd’hui tous les pilotes ont déjà touché l’alpha jet quand ils ont fait leur gamme mais qu’adviendra t ‘il quand les premiers pilotes à ne l’avoir jamais piloté intégreront la PAF ? Seront-ils comme aujourd’hui opérationnels en 6 mois ?
Ce remplacement du petit réacteur est , pour moi , une grosse erreur .Il y a eu des projets MAKO , maintenant il y en a un autre ( airbus mono réacteur ) mais il y a pas eu concrétisation . Où sont passés les visionnaires dans ce pays ???
Jusqu’à votre avant-dernière phrase votre commentaire était intelligent. Dommage de ne pas vous être arrêté après le mot concrétisation.
Je suis bien curieux de savoir sur quel aéronef notre si belle Patrouille va évoluer après la fin des Alphajets….. PC21 ou autre ? Après, un turbo-prop pour de l’acro c’est pas si mal…. (voir la cartouche dorée sur Epsilon)
Juste comme ça pour la forme Phil, c’était le cartouche doré et non la cartouche dorée. 😉
Tout à fait Arnaud, mais que voulez-vous…. un vieux réflexe de grammaire sur les accords…. C’est vrai que « Doré » était l’indicatif de la patrouille tandis que « Cartouche » était l’indicatif radio de leur escadron….
Oui mais en fait Phil il faut savoir que le mot cartouche existe à la fois au féminin et au masculin, et que dans les deux cas il n’y a aucun rapport.