Que devient le Yakovlev Yak-152 ?

Soyons très honnêtes ce n’est pas l’avion russe le plus connu du moment. Plus de sept ans après le premier vol de son prototype ce monomoteur d’entraînement peine toujours à montrer le bout de son nez malgré une commande officielle de 150 exemplaires. En fait bien avant les sanctions économiques des Alliés suite à la guerre contre la démocratie ukrainienne l’avionneur Yakovlev avait bien du malheur avec ce Yak-152 pourtant assez rustique. L’avionneur paye ici une réalité palpable en Russie : il vaut mieux concevoir des avions d’armes que des avions de soutien si on veut recevoir des subsides de l’état.

Sur le papier le Yakovlev Yak-152 est destiné à remplacer les vieux Aero L-39C Albatros tchécoslovaques en service depuis les années 1980. Surtout il doit permettre aux militaires russes de se désolidariser le plus possible de la DOSAAF, l’organisation parapublique héritée elle aussi de l’époque soviétique et qui assure encore une partie de la formation initiale des pilotes. C’est pour cela que Yakovlev a développer son Yak-152 sous deux motorisations différentes : le moteur à pistons VMZ M-9F à neuf cylindres en étoile et le turbopropulseur Klimov VK-800. La première version a été pensée pour l’entraînement initiale et la seconde pour l’entraînement intermédiaire avant le passage sur jet Yak-130 Mitten. Sur le papier donc avec une commande étatique de 150 exemplaires passée en 2017, quelques mois après ce premier vol, le Yak-152 était promis à un bel avenir.

Sauf que celui-ci peine vraiment à venir. Les capitaux russes, en roubles évidemment, n’ont pas été versés. Et même si officiellement le Yakovlev Yak-152 est toujours annoncé comme le futur avion d’entrainement des forces russes cela devient de plus en plus hypothétique. Un signe d’ailleurs ne trompe pas : l’avion n’est toujours pas codé par l’alliance Atlantique. On crut un temps qu’il avait été désigné Miser avant que cela ne soit invalidée. Si même les Alliés ne croient plus en lui cela a bien un sens.

Pourtant le Yak-152 n’est pas appelé à voler uniquement auprès de la Russie. S’il n’a toujours pas été exporté ce monomoteur a vu sa licence de production acquise par l’avionneur chinois Hongdu qui l’a proposé à la force aérienne chinoise sous la désignation de CJ-7. Sauf que là encore le programme semble à l’arrêt malgré une intention d’achat de Pékin à hauteur de 500 exemplaires. Alors les CJ-7 et Yak-152 sont t-ils maudits? On peut se le demander.

Car que ce soit du côté de la Russie autant que de la Chine c’est silence radio. Comme si le sujet dérangeait. Toujours est-il que l’avionneur russe a laissé transpirer quelques infos. Le moteur de douze cylindres en V Red A03T de 500 chevaux pourrait remplacer le VMZ M-9F en étoile. Sauf que ce nouveau propulseur est allemand et que l’Allemagne a placé la Russie sous un embargo stricte tant que la guerre contre l’Ukraine ne sera pas terminée. Et pas question pour les motoristes russes de tenter de le copier illégalement, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Dans le même temps la turbine hélicoptère Klimov VK-650 pourrait remplacer le turbopropulseur Klimov VK-800. C’est en tous cas dans ce sens que la communication russe avance. Et une certification de type est attendue pour fin 2024 début 2025, ouvrant ainsi la voie à sa production en série. Quid de la version chinoise alors ? Là c’est le grand flou.

Affaire forcément à suivre.

Photo © UAC.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

6 réponses

  1. Quant on se souvient de ce qu’était Yakovlev en URSS jusque dans les années 70. L’entreprise est devenue l’ombre d’elle même.

    Concernant la motorisation, rappelons que comme le Yak-130, il devait à l’origine être doté d’un moteur ukrainien développé par Ivtchenko et Motor Sich… La coopération a cessée après m’annexion de la Crimée. Autant l’ AI-222 a été conçu avant 2014 et il est produit par Салют (Sailout), autant pour le Yak-152 il y a un trou capacitaire. On ne dira jamais assez le rôle décisif de l’Ukraine dans beaucoup de projets aéronautiques et spaciaux russes. C’est l’héritage de L’URSS. Je pense que c’était un des buts de guerre de l’invasion russe de 2022.

    Comme d’habitude dans ce cas, les russes se sont rabattus sur Klimov pour bricoler un truc dans l’urgence… Sauf que bricolage et aéronautique, ça marche rarement très bien. Je serais curieux de connaître la solution choisie par les chinois pour le CJ-7.

  2. L’aéronautique russe est, à l’image de toute son économie de pointe, à la ramasse. Et c’est tant mieux !
    Heureusement pour eux qu’ils ont des ressources naturelles et du blé à revendre, sinon c’est la misère pour la dictature du Kremlin…

    1. La production russe est la plus valable dans le monde. Les Soukhoi SU30, SU34, et SU35 sont supérieurs à vos F16, F18, et Rafales. Ce YAK152 est supérieurs à vos avions. Vive la Russie, vive le peuple algérien.

      1. Ouais ok, en attendant, plus aucun pays (même l’Algérie) n’a envie d’acheter les avions militaires et civils russes. Il y a peut-être une bonne raison…
        Ha si, il reste les dictatures isolées comme l’Iran ou la Birmanie qui n’ont pas le choix et qui en réceptionneront peut-être un jour à la saint glin-glin!

  3. Bonjour Arnaud.
    Une chose qui m’a toujours intéressé à propos du Yak-152 est la propulsion qui était censée être basée sur le moteur diesel à cycle en V à douze cylindres Red A03T.
    La propulsion diesel dans l’aéronautique n’est pas nouvelle (Junkers docet) mais elle est toujours restée marginale, et quasiment abandonnée dans l’après-guerre.
    Aujourd’hui certains constructeurs tentent de proposer, sans grand succès, des moteurs à cycle diesel pour l’aéronautique générale.
    L’avantage serait une consommation de carburant moindre, ce qui coûterait moins cher.
    Les inconvénients sont liés au poids et à la nécessité d’un refroidissement liquide, une solution peu appréciée par l’aviation générale.
    Cependant, je pense que le sujet est intéressant.
    Avez-vous l’occasion de présenter quelques actualités à ce sujet ?
    traduction avec google

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