Le General Atomics Mojave peut-il surfer sur l’annulation du programme FARA ?

Faute de nouvel hélicoptère de reconnaissance l’US Army pourrait investir dans de nouveaux UCAV. C’est en partant de ce principe que le droniste américain General Atomics a annoncé vouloir proposer son Mojave (dévoilé voici près de trois ans) comme futur remplaçant de l’actuel MQ-1C Gray Eagle. L’industriel ferait ainsi d’une pierre deux coups en s’assurant de demeurer un fournisseur de premier plan de l’armée américaine tout en ouvrant son nouvel appareil à la commercialisation. Il faut dire que jusque là le Mojave est plutôt à la ramasse concernant les contrats.

Actuellement le ministère britannique de la défense s’intéresse à lui, après des essais réussis d’emploi depuis un des porte-avions de la Royal Navy. Pour autant le General Atomics Mojave ne brille guère sur les marchés internationaux. Ce drone de reconnaissance armée et d’attaque au sol connu pour ses qualités d’atterrissages et de décollages courts n’intéresse pas encore les clients internationaux, et pour cause. Tant qu’il ne servira pas sous la cocarde américaine il a fort peu de chances d’être acheté à l’étranger, c’est une règle d’or dans le domaine des aéronefs militaires.

Alors le droniste américain compte bien le proposer comme successeur donc de son propre MQ-1C Gray Eagle en service depuis une quinzaine d’années maintenant dans l’US Army, mais pas seulement. La récente annulation du programme FARA, pour Future Attack Reconnaissance Aircraft, lui a donné une autre idée. Le Mojave pourrait parfaitement remplacer le Bell OH-58D Kiowa Warrior déjà retiré du service, dans plusieurs spectres de ses missions voire dans toutes. Les enseignements de la guerre engagée par la Russie contre l’Ukraine souveraine sont là ; les drones de combat sont désormais omniprésents. Ils ont tué dans l’œuf les Bell 360 Invictus et Sikorsky Raider X.

D’autant qu’il y a quelques jours General Atomics a validé l’emploi de la mitrailleuse multitube M134D Minigun en nacelles DAP-6. À moyenne altitude l’avion sans pilote a littéralement déchiqueté des cibles au sol, camions et pick-up, à l’aide de ses deux Gatling. Ajoutez à cela que l’engin peut aussi emporter et tirer les missiles air-sol AGM-114 Hellfire et AGM-179 JAGM ainsi que la plus part des bombes guidées laser et/ou GPS de l’arsenal américain et vous avez clairement un futur sérieux compétiteur pour l’US Army. Avec son autonomie donnée aux alentours de 27 heures, moyennant des rotations de télépilotes, le Mojave pourrait parfaitement représenter l’avenir de la reconnaissance armée aux États-Unis. General Atomics enfonce le clou en annonçant son appareil capable également de remplacer à terme les drones tactiques de l’armée américaine.

Clairement le Mojave ressemble de plus en plus à un gros couteau suisse volant, un avion télépiloté ultra polyvalent. Reste juste à savoir si les décideurs du Pentagone sauront répondre au chant des sirènes de General Atomics. L’avenir proche nous le dira.

Affaire (forcément) à suivre.

Photo © General Atomics.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

5 réponses

  1. C’est clair qu’actuellement on assiste à une mutation de l’emploi d’armes aéronautiques, aussi spectaculaire que l’apparition du jet à réaction à la fin de la seconde guerre mondiale. La question se pose également pour l’emploi des chars lourds et probablement d’autres systèmes. Poutler nous force à ouvrir les yeux:quel grand « visionnaire ».

  2. Grâce à votre site que je lis la nuit depuis le boulot je me suis découvert une passion pour les drones militaires. Je pense que vous avez raison Arnaud qu’on le veuille ou non le Mojave c’est l’avenir de l’U.S.Army bien plus que les hélicos. Je le verrais même remplacer l’Apache. La guerre du futur ce sera les pays ayant les moyens d’avoir de vrais drones de combat contre le reste du monde. Je me demande juste où sera la France à ce moment là car actuellement elle est à la bourre sur la question.

  3. Comme dans les années 1950-1960, les militaires et les concepteurs d’avion en étaient à tout missile, jusqu’au jour où la guerre du Vietnam envoie des F-4 sans canon face aux Mig-15-17-19 ou 21 et rencontre de sérieux problème quand leurs missiles tirés dysfonctionnaient et sans défense, d’où les formations au dogfight pour la Navy a top-gun et red-flag pour l’air force et le retour du F-4 canon en pod pas très brillant et le canon en interne pour la version F-4E.

    Ce n’est pas demain que le drone prendra la place du vol piloté par un humain et ces réflexes du a l’entraînement.
    Un pilote de drone n’aura pas le réflexe de regarder si un bandit n’est pas dans ces six heures.
    Les manœuvres du Su-27 qui intercepte et endommage l’hélice d’un drone américain MQ-9 Reaper montrent les limites actuelles des drones armés ou non et pourtant avec sa maniabilité ce drone aurait put ne pas être détruit…

  4. Je fais une légère digression mais merci grâce à vous j’ai découvert les Sikorsky XHJS et CH-53K. La « fiche » du Mojave viendra bientôt donc je pense ?

  5. Avec ses capacités STOL, le Mojave est très intéressant
    Je suis curieux de savoir si la visée des mitrailleuses est complètement manuelle ou assistée
    Je pense que son emploi est complémentaire des hélicos et d’une manière générale des vecteurs avec pilote à bord, les drones ne peuvent pas tout faire et tout remplacer.

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