C’est un chantier titanesque auquel s’attaque le groupe Russian Helicopters, maison mère de Mil. Ce vendredi 11 juillet 2025 les responsables de l’hélicoptériste russe ont annoncé leur intention de relance un programme visant à proposer d’ici 2030 un appareil capable de remplacer les Mi-8 Hip et Mi-17 Hip-H sur les chaînes d’assemblage. Le futur biturbine devra à la fois pouvoir remplir des fonctions civiles, militaires, et parapubliques. On ignore quel sort est réservé au chaotique Mil Mi-38 lancé en 1985 et toujours pas à pleine cadence industrielle.
Le Mil Mi-8 Hip et son descendant direct le Mi-17 Hip-H sont à l’industrie aéronautique russe ce que le Bell UH-1D/H Iroquois et l’UH-1N Twin Huey sont à celle des États-Unis. C’est un marqueur historique ! Dans le domaine des hélicoptères de transport d’assaut c’est même un mètre étalon. Toutes proportions gardées le Mil Mi-8 fait sans doute partie des vingt ou vingt-cinq aéronefs essentiels à l’histoire aéronautique, à l’instar du Concorde, du DC-3, ou encore du Spitfire. C’est dire l’ampleur du chantier qui attend les designers et ingénieurs russes.
Et forcément ils décevront ! Face à une telle attente personne ne peut réussir le pari sans tâche ni ombre au tableau. D’autant que l’industrie aéronautique russe se lance corps et âme dans ce programme malgré les sanctions économiques et industrielles imposées par les Alliées depuis février-mars 2022 et l’invasion de l’Ukraine souveraine. Les Russes vont devoir se débrouiller tout seul pour leur futur hélicoptère biturbine. Un peu comme faisaient leurs «grands-pères» dans les années 1950-1960. Sauf que ceux-ci disposaient de l’économie planifiée de l’Union Soviétique et non d’un PIB russe toujours aussi fragile depuis trois ans et demi.
Il faut souligner que la volonté de remplacer les Mil Mi-8 Hip et Mi-17 Hip-H n’est pas vraiment une nouveauté en Russie. Entre 2008 et 2015 les Kamov Ka-92 et Mil Mi-X1 furent mis en compétition dans ce sens, avec dans les deux cas des programmes très futuristes. On était alors dans les standards de ce que les Américains ou les Européens ont pu étudier. Et puis tout est tombé à l’eau, bien avant la crise pandémique du Covid-19 et donc avant aussi la guerre en Ukraine. Cette nouvelle volonté, façon été 2025, de relancer le remplacement de ces deux hélicos légendaires est annoncé par certaines sources comme Mi-80. On parle notamment d’un assemblage mixte en matériaux composites polymères et en métal, de turbopropulseurs Klimov TV7-117 (que l’on retrouve sur l’avion de ligne Ilyushin Il-114) adaptées en mode turbines, d’un rotor principal de nouvelle génération à cinq pales, et d’un rotor anticouple en X. Ce dernier est la signature de Mil comme le Fenestron est celle d’Aérospatiale / Airbus Helicopters.
Se donner cinq ans avant le dévoilement du prototype c’est un pari risqué pour Russian Helicopters. Car pendant ce temps là les concurrences américaines, européennes, et mêmes chinoises peuvent avancer leurs pions. Ou dans le cas présent leurs hélicos. Quoiqu’il en soit si l’hélicoptériste russe réussit son pari ce sera quelque chose d’énorme. Car jusque là ça a plutôt ressembler au flop du Mi-38T militaire.
Affaire (évidemment) à suivre.
Photo © ministère russe de la défense.
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