Le 7 décembre 1941 l’empire du Japon attaquait la base aéronavale de Pearl Harbour, réalisant un casus belli qui conduisit les États-Unis vers la Seconde Guerre mondiale. Seulement voilà l’Amérique n’y était pas prête, notamment sur le plan aéronautique. Il fallut plusieurs mois d’intense activité industrielle afin de fournir à l’US Army Air Force et à l’US Navy les aéronefs nécessaires, y compris ceux de servitude. L’un des aspects les plus frappants de ces retards concernait l’entraînement des pilotes de l’aéronavale. Il fallut attendre l’été 1942 pour que l’avion standard de formation arrive enfin à un niveau correct. Il s’agissait du North American SNJ Texan.
En cette toute fin d’année 1941 les avions d’entraînement intermédiaires et avancés étaient quasi inexistants au sein de l’US Navy. Hormis la quarantaine de North American NJ-1 on comptait surtout des biplans Boeing Stearman N2S Kaydet… conçus pour l’entraînement primaire. Il fallait y remédier en urgence. La solution choisi par l’US Department of War fut de saisir seize North American Harvard Mk-I destinés à la Royal Air Force et de les renvoyer en usine afin de les renforcer avec des éléments métalliques. Ils furent acceptés au service en février 1942 sous la désignation de North American SNJ-1.
Le Harvard Mk-I étant dérivé du BC-1 et ayant donné naissance à ce SNJ-1 il parut évident pour l’US Navy que si le North Americain AT-6 Texan était lui même issu du BC-1 sa version navale allait conserver la désignation SNJ. Soixante exemplaires de série de la première mouture de cet avion furent commandés sous la désignation SNJ-2 avec cette fois le patronyme d’origine. Pourtant il fallut attendre juillet 1942 pour qu’enfin les versions navales du Texan arrivent en masse avec les SNJ-3 et SNJ-4, à hauteur de respectivement 564 et 1240 exemplaires. Le premier dérivait de l’AT-6A et le second de l’AT-6C. À partir de 1943 les North American SNJ-5 et SNJ-6 firent leur apparition, la seconde version étant en fait constituée d’un peu plus de 400 exemplaires de l’AT-6F refusés par l’US Army Ar Force.
Très rapidement il devint évident pour North American et l’US Navy qu’il allait falloir navaliser le SNJ. Les premiers essais menés à l’automne 1942 avec deux SNJ-3 dotés d’une crosse d’appontage furent concluants. Dix avions supplémentaires les rejoignirent sous la désignation de SNJ-3C. Ils furent rapidement rejoints par 250 exemplaires du SNJ-4C puis par 175 du SNJ-5C.
L’aéronavale américaine possédait enfin un avion permettant d’appréhender les opérations sur pont d’envol. Au titre de la loi de Prêt-Bail la Royal Navy reçut quatorze SNJ-5C désignés Harvard Mk-IIIC. Bien qu’aptes aux opérations embarqués ces avions ne furent jamais employés à la mer, ils servirent uniquement pour ses appontages simulés sur terrains d’aviation. Durant la Seconde Guerre mondiale la Grande Bretagne fut le seul pays utilisateur du SNJ.
Durant la guerre du Pacifique plusieurs dizaines d’exemplaires furent modifiés sur sites afin d’emporter des armements plus lourds. Utilisés comme avions d’appui tactique et de reconnaissance armée ils étaient connus comme SNJ-3B, SNJ-4B, et SNJ-5B. On ignore cependant le nombre exact, au total, de ces avions. Les sources varient entre une cinquantaine et plus de 150 exemplaires ainsi modifiés. Leur emploi ne fut jamais considéré comme probant. Ils emportaient en règle générale deux mitrailleuses de calibre 7.7 millimètres en voilure, une similaire dans le poste arrière du cockpit, et jusqu’à 100 kilogrammes de bombes légères.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale se termina en août 1945 la quasi totalité des pilotes de l’aviation embarquée américaine était passée sur North American SNJ Texan, y compris ceux ayant appris à voler sur Vultee SNV Valiant. Et pour cause ce dernier n’avait jamais été développé pour la formation à l’appontage. Pourtant le retour à la paix était loin de signer l’arrêt de mort de l’avion. En 1948 l’aéronavale américaine simplifia ses désignations. Tous les avions des versions SNJ-3C, SNJ-4C, et SNJ-5C encore en dotation devinrent des North American TJ-1, TJ-2, et TJ-3. La désignation SNJ demeura exclusivement pour les avions purement terrestres. Quatre ans plus tard les versions antérieures au SNJ-6 furent modernisées selon les standards du T-6G et désignés SNJ-7. L’US Navy pensa un temps même commander près de 250 exemplaires neufs de ce standard, en tant que SNJ-8 avant de finalement se raviser. Le Texan n’était plus en 1953 un avion au top niveau de l’entraînement intermédiaire.
Le 1er juillet 1954 Américains et Japonais tombèrent d’accord pour que les seconds retrouvent des forces de défense. Et ironie de l’histoire les premiers avions à porter les couleurs de la Kaijō Jieitai, aussi connue comme Japan Maritime Self-Defense Force, furent des North American SNJ-5 placés jusque là en réserve et SNJ-7 Texan pris sur les stocks de l’US Navy. Ces avions qui avaient été acquis pour préparer les pilotes américains à affronter leurs homologues japonais devait désormais former ces derniers. Outre l’aéronavale japonaise des exemplaires furent utilisés par les aéronavales argentines, brésiliennes, et néerlandaises. À chaque fois il s’agissait d’exemplaires de seconde main.
Aujourd’hui de nombreux North American SNJ Texan sont préservés dans des musées aux États-Unis. Surtout plusieurs demeurent en état de vol comme warbirds, et parfois même avec des marquages n’ayant rien à voir avec l’US Navy ou une quelconque force aéronavale. Il n’est pas rare que des SNJ soient maquillés en simples T-6.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.