La loi de Prêt-Bail

Ce contenu est une partie du dossier thématique : Récits historiques et légendaires

Quand on s’intéresse un tant soit peu à l’histoire aéronautique de la Seconde Guerre mondiale, on est très vite confronté à la loi américaine dite du Prêt-Bail (Lend-Lease dans la langue de Shakespeare) sans forcément savoir vraiment de quoi il en retourne vraiment. Grosso modo on sait bien souvent que c’est la loi qui a permis aux alliés des Etats-Unis de recevoir en grand nombre du matériel militaire produit de l’autre côté de l’Atlantique. Alors penchons nous un peu plus sur cette loi qui eut une influence si importante sur le déroulement du conflit.

C’est le 10 janvier 1941, alors que l’Europe se déchirait dans la guerre et que l’Amérique jouissait encore de sa neutralité, que les représentants et sénateurs démocrates, alliés du Président des Etats-Unis Franklin D. Roosevelt, commencèrent à débattre avec leurs collègues républicains d’une manière d’apporter un soutien logistique et militaire réel au Royaume Uni sans pour autant se défaire de la neutralité. Une bienveillance vis-à-vis de Londres largement acceptée dans l’opinion publique américaine, surtout depuis la chute de la France. Roosevelt lui même s’était emparé du dossier, avançant le chiffre de 2,5 milliards de dollars de l’époque pour l’aide aux Britanniques. Cependant en ce début d’année 1941 beaucoup de parlementaires républicains ont encore un espoir dans une paix partagée avec les nazis et voient donc d’un mauvais œil cette proposition de loi.

Néanmoins, les pourparlers portèrent leurs fruits et la loi fut enfin signée le 11 mars 1941. Elle prévoyait la livraison massive de matériels militaires, navires, aéronefs, mais aussi chars d’assauts et canons aux démocraties en danger, et principalement au Royaume Uni. Le 1er août de cette même année le Président Roosevelt signait une ordonnance faisant de l’Union Soviétique le second « client » de cette loi. En date du 11 novembre 1941, cette loi intégrait également les éléments de nations envahies combattants les forces de l’Axe, en particulier la France Libre du général De Gaulle.

Avec l’entrée en guerre des Etats-Unis le 7 décembre 1941, la loi de Prêt-Bail prenait toute son importance, les Alliés ayant eu le temps d’apprivoiser le matériel « made-in USA« . Le 2 mai 1942, Roosevelt apporta une modification à la loi, permettant la livraison de matériels à quatre nouveaux pays : le Brésil, l’Irak, l’Iran, et la Turquie. Il est à noter que l’Italie co-belligérante reçut aussi du matériel allié en vertu du même amendement de la loi que la France Libre.

Il faut savoir que par le principe de réciprocité le Royaume Uni intégra le Prêt Bail, s’engageant à fournir du matériel aux nations concernées, y compris aux Etats-Unis. C’est la raison pour laquelle on put alors voir des chasseurs britanniques frappés de l’étoile américaine. Dans le même temps les pays placés sous le dominion britannique (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, …) voyaient leurs attributions de Prêt-Bail entérinées en premier lieu par Londres.

Finalement, la loi Prêt-Bail fut stoppée le 2 septembre 1945, même si l’URSS avait été retiré dès le 12 mai de cette même année. Dans son esprit cette loi préfigurait déjà le futur plan Marshall.

Voici pour mieux comprendre une petite liste, non exhaustive bien entendu, des principaux aéronefs concernés par la loi Prêt-Bail durant la Seconde Guerre mondiale.

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Aéronefs d’origine américaine

  • ABoeing Fortress en service au Royaume Uni.eronca L-3 Grasshopper, livrés aux forces turques et soviétiques comme avions de liaisons et d’observation aérienne.
  • Beechcraft C-45 Expeditor, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Beechcraft Expeditor), iraniennes, et soviétiques, comme avions de transport léger.
  • Bell P-39 Airacobra, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Bell Airacobra), soviétiques, et de la France Libre comme chasseurs et avions d’appui aérien.
  • Bell P-63 Kingcobra, livrés aux forces italiennes, soviétiques, et de la France Libre comme chasseurs et avions d’appui aérien.
  • Boeing B-17 Flying Fortress, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Boeing Fortress), et soviétiques comme bombardiers et comme avions de reconnaissance maritime.
  • Brewster SB2A Buccaneer, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Brewster Buccaneer) comme avions de reconnaissance et comme avions d’entraînement avancé.
  • Canadian Car & Foundry SBW Helldiver, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de CCF Helldiver) comme avions d’attaque au sol et comme avion d’appui aérien.
  • Consolidated B-24 Liberator, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Consolidated Liberator) comme avions de reconnaissance maritime et comme bombardiers.
  • Consolidated Catalina aux couleurs de la Royal Air Force.Consolidated PBY Catalina, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Consolidated Catalina) comme hydravions de reconnaissance maritime et de sauvetage en mer.
  • Curtiss P-36 Hawk, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Curtiss Mohawk) comme chasseurs.
  • Curtiss P-40 Warhawk, livrés aux forces brésiliennes, britanniques (et pris en compte sous la désignation de Curtiss Kittyhawk), soviétiques, et de la France Libre comme chasseurs et comme avions d’appui aérien.
  • Curtiss SNC Falcon, livrés aux forces brésiliennes comme avions d’entraînement intermédiaire,
  • Douglas A-20 Havoc, livrés aux forces brésiliennes, britanniques (et pris en compte sous la désignation de Douglas Boston), soviétiques, et de la France Libre comme bombardiers.
  • Douglas C-47 Skytrain, livrés aux forces brésiliennes, britanniques (et pris en compte sous la désignation de Douglas Dakota), et soviétiques comme avions de transport tactique.
  • Douglas C-54 Skymaster, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Douglas Skymaster) comme avions de transport lourd.
  • Douglas SBD Dauntless, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Douglas Dauntless) et de la France Libre comme avions d’attaque au sol et de reconnaissance aérienne.
  • Curtiss Kittyhawk de la RAF.Grumman F4F Wildcat, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Grumman Martlet) comme chasseurs.
  • Grumman F6F Hellcat, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Grumman Hellcat) comme chasseurs.
  • Grumman TBF Avenger, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Grumman Avenger) comme avions de lutte anti-navires et de reconnaissance maritime.
  • Lockheed A-28 Hudson, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Lockheed Hudson), et soviétiques comme bombardiers et comme avions de reconnaissance maritime.
  • Lockheed C-60 Lodestar, livrés aux forces de la France Libre comme avions de transport de personnels et de hautes personnalités.
  • Lockheed F-5 Lightning, livrés aux forces de la France Libre comme avions de reconnaissance aérienne.
  • Lockheed P-38 lightning, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Lockheed Lightning) et de la France Libre comme chasseurs.
  • Martin A-22 Maryland, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Martin Maryland) comme bombardiers.
  • Martin A-30 Baltimore, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Martin Baltimore), italiennes, turques, et de la France Libre comme bombardiers et comme avions de reconnaissance aérienne.
  • Martin B-26 Marauder, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Martin Marauder), soviétiques, et de la France Libre comme bombardiers,
  • Martin PBM Mariner, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Martin Mariner) comme hydravions de reconnaissance maritime.
  • North American Harvard de la RAF.Naval Aircraft Factory PBN Nomad, livrés aux forces soviétiques comme hydravions de reconnaissance maritime et de sauvetage en mer.
  • North American B-25 Mitchell, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de North American Mitchell), soviétiques, et de la France Libre, comme bombardiers,
  • North American F-6 Mustang, livrés aux forces de la France Libre comme avions de reconnaissance aérienne.
  • North American P-51 Mustang, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de North American Mustang) et de la France Libre comme chasseur et avion d’appui aérien rapproché.
  • North American T-6 Texan, livrés aux forces britanniques (et en compte sous la désignation de North American Harvard) comme avions d’entraînement avancé.
  • Republic P-47 Thunderbolt, livrés aux forces brésiliennes, britanniques (et pris en compte sous la désignation de Republic Thunderbolt) , et soviétiques comme chasseurs et comme avions d’attaque au sol.
  • Vought F4U Corsair, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Vought Corsair) comme chasseurs et comme avions d’attaque au sol.
  • Vultee A-35 Vengeance, livrés aux forces britanniques (et pris en compte sous la désignation de Vultee Vengeance) et de France Libre comme avion d’entraînement avancé et comme avion d’attaque.

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Aéronefs d’origine britannique

  • Armstrong-Whitworth Albermarle, livrés aux forces soviétiques pour des missions de transport de troupes.
  • Avro Anson, livrés aux forces américaines (et pris en compte sous la désignation d’AT-20) pour des missions d’entraînement avancé.
  • Bristol Beaufighter, livrés aux forces américaines (et pris en compte sans désignation) pour des missions d’attaque au sol et de lutte anti-navire.
  • Bristol Blenheim, livrés aux forces de la France Libre et de la Turquie pour des missions de bombardement.
  • De Havilland Dominie, livrés aux forces américaines (et pris en compte sans désignation) pour des missions de transport de personnels.
  • De Havilland Mosquito, livrés aux forces américaines (et pris en compte sous la désignation F-8 et F-8A) pour des missions de reconnaissance aérienne.
  • Hawker Hurricane, livrés aux forces iraniennes, italiennes, soviétiques et turques pour des missions de chasse.
  • Supermarine Spitfire, livrés aux forces américaines (et pris en compte sans désignation), italiennes, soviétiques, et de la France Libre pour des missions de chasse.
  • Westland Lysander, livrés aux forces américaines (et pris en compte sans désignation), et de la France Libre pour des missions de reconnaissance, de liaisons, et de soutien aux opérations clandestines.

On remarquera que la réciprocité ne s’est jamais appliquée pour les Soviétiques, incapables d’exporter leur matériel militaire.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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