Le Coastal Command dans la Seconde Guerre mondiale

Ce contenu est une partie du dossier thématique : Les forces aériennes du monde

Créé en 1936 sur les restes du Group 10 de la Royal Air Force, le Coastal Command est bel et bien un commandement intégré à la force aérienne britannique et non une force aéronavale ou un service de gardes côtes. En effet, le Royaume Uni disposait déjà de la Fleet Air Arm et du His Majesty Coast Guard mais ces deux armes n’avaient pas les charges de travail qui furent celles du Coastal Command durant trois décennies, et notamment pendant la Seconde Guerre mondiale : la reconnaissance maritime à long rayon d’action, la patrouille maritime, et surtout la lutte anti-sous-marine.

Souvent éclipsé durant la Seconde Guerre mondiale par les chasseurs du Fighter Command et par les bombardiers du Bomber Command, les avions et hydravions du Coastal Command prouvèrent néanmoins à quel point ils étaient indispensables, et ce malgré le peu de glamour de leurs missions. Acteurs souvent obscurs du conflit, les pilotes et équipages du Coastal Command permirent pourtant de venir à bout d’une des plus grandes phobies des Britanniques à cette époque : la crainte d’un débarquement allemand sur leur (petite) île. Les patrouilles de ces aéronefs permirent de surveiller sans répit le littoral britannique. Pour ce faire le Coastal Command pouvait s’appuyer sur une flotte hétéroclite, et presque à chaque fois efficace. Les appareils du Coastal Command étaient aisément identifiable grâce à leur camouflage à base de vert amande et de blanc. Discret et redoutable pour les navires ennemis.

Le règne sans partage des hydravions et amphibies

Branche de la RAF à caractère naval, le Coastal Command disposait d’une vaste flotte d’hydravions à coque, à flotteurs, et d’amphibies. Ces derniers se distinguaient des hydravions par leur capacité à opérer à partir de piste en dur, voire dans certains cas de pistes en herbes ou de plages. Durant les premières années de guerre, jusqu’en décembre 1941, date de l’entrée en guerre de l’Amérique, la RAF dû avoir recours uniquement à ses propres machines, et souvent de conception nationale. Les hydravions et amphibies ne firent pas exception. L’un des premiers appareils de ce type fut l’hydravion de reconnaissance côtière Supermarine Stranraer dont quelques exemplaires patrouillaient pour le compte du Coastal Command aux côtés de Saro London, et de quelques amphibies Walrus. Plusieurs de ces aéronefs cédèrent par la suite leur place aux Sea Otter à partir de 1943. Ce dernier aussi était construit par Supermarine.

Mais incontestablement c’est avec l’entrée en service des Consolidated Catalina américains que le Coastal Command marqua une certaine accélération. Ces appareils remplissaient alors principalement des missions de reconnaissance côtière mais surtout de recherche et de sauvetage en mer pour le compte des équipages abattus.

Short Sunderland du Coastal Command au mouillage.
Short Sunderland du Coastal Command au mouillage.

Mais incontestablement le symbole fort du Coastal Command à cette époque se nomme Sunderland. En effet l’énorme quadrimoteur de reconnaissance maritime et de lutte anti-sous-marine marqua considérablement les esprits tant en Grande Bretagne que dans le reste du monde. Celui que certains nommaient alors le porc-épic volant était à cette époque le principal chasseur de sous-marins en service dans la RAF. Les Short Sunderland du Coastal Command servirent durant tout le conflit, en alternance avec les vieux Singapore, une poignée de Lerwick, des hydravions ratés, et les Classes G, des hydravions civils militarisés à la va-vite avec plus ou moins de bonheur.

Outre ces multimoteurs le Coastal Command utilisa également quelques modèles d’hydravions monomoteurs plus légers comme le Vought Kingfisher utilisé pour la surveillance portuaire. Quelques rares Curtiss Seamew furent utilisés ça et là par le Coastal Command pour des missions identiques.

Des multimoteurs souvent loin de leur mission initiale

Vu la relative étendue du littoral britannique il apparut rapidement à l’état-major de la RAF que le Coastal Command avait besoin de plus d’aéronefs que ses hydravions. C’est la raison pour laquelle il utilisa très massivement des multimoteurs dont le principal durant les premiers mois de la guerre fut l’Avro Anson. Très loin de sa mission d’entrainement multimoteur et de liaison l’Anson servait alors à la reconnaissance côtière et à la surveillance maritime. Toutefois la menace que faisaient alors planer sur le pays les U-Boots nazis conduisirent le Coastal Command à revoir sa doctrine d’emploi et à envisager le recours aux bombardiers bimoteurs et quadrimoteurs, alors exclusivement l’apanage du Bomber Command. C’est début 1941 qu’est entré en service le principal bombardier du Coastal Command : l’Armstrong-Whitworth Whitley. Celui ci qui était souvent décrié par le Bomber Command fut l’un des appareils les plus appréciés par les pilotes chasseurs de sous-marins. Ces Whitley se distinguaient par leurs antennes et leur camouflage très particulier.

A la même époque le Coastal Command utilisa également quelques Manchester, un appareil qui par contre fut là aussi assez décrié. A la différence du Bomber Command le Coastal Command ne fit pas une grosse utilisation du Lancaster, qui répondait mal aux attentes des équipages. Ils lui préférèrent le Halifax, son grand rival. Mais c’est à partir de 1942 qu’apparut l’avion emblématique du Coastal Command : le Consolidated Liberator, dont plus de 2 000 exemplaires furent pris en compte par le Coastal Command. Le lourd quadrimoteur fut numériquement l’aéronef le plus important de ce commandement, dans toute son histoire.

Consolidated Liberator du Coastal Commande en attente sur une base britannique.
Consolidated Liberator du Coastal Command en attente sur une base britannique.

Mais le Coastal Command utilisa également quelques Boeing Fortress, des Lockheed Ventura et Hudson, des Blackburn Botha, des Mosquito, des Baltimore, et surtout son principal avion « léger« , le Bristol Beaufighter que les équipages du Coastal Command utilisèrent aussi bien pour défendre leurs ports que pour attaquer les sous-marins et patrouilleurs allemands. C’est d’ailleurs un Beaufighter TF Mk-VI qui fut le premier avion du Coastal Command à abattre un avion ennemi, en l’occurrence un Messerschmitt Bf-109 de la Luftwaffe en mars 1942. Ce chasseur patrouillait en Manche quand il fut surpris par les avions du Coastal Command. Avisés par radio les Spitfire du Fighter Command vinrent appuyer leurs collègues.

Un seul avion fut vraiment conçu à la demande du Coastal Command, le Warwick.

Et même quelques biplans…

Appareil symbolique de l’engagement britannique le Fairey Swordfish fut également utilisé par le Coastal Command. A la différence de la Fleet Air Arm le Squadron 119 de la RAF, une unité du Coastal Command, utilisa ses stringbag (filet à provisions en anglais) pour des missions de patrouille nocturne et de bombardement rapproché. Les Swordfish de la RAF étaient gréés avec un radar sous l’intrados. Mais indiscutablement c’est le Tiger Moth qui remplit les missions les plus surprenantes. En effet ces frêles biplans d’entrainement non armés menaient des opérations d’intimidations contre les équipages de U-Boot entre décembre 1939 et mars 1941 au sein de six squadrons. Les Tiger Moth avaient alors pour rôle de fondre sur leurs cibles en simulant une attaque en piqué pour les obliger à plonger et quitter la zone. Quelques-uns uns de ces avions embarquaient néanmoins des grenades à main. D’une efficacité douteuse.

Fairay Swordfish du Coastal Commande volant de conserve au-dessus de l'Atlantique.
Fairey Swordfish du Coastal Command volant de conserve au-dessus de l’Atlantique.

Durant le conflit le Coastal Command coula près de deux cents sous-marins allemands et un nombre conséquent de S-Boot, ces petits patrouilleurs rapides qui dévastaient les flottes de guerre alliés. Après la fin des hostilités la flotte du Coastal Command fut orienté autour du Shackleton, avion qui était encore en service en 1968 quand ce grand et pourtant mal connu commandement fut dissous. Pour autant la missions de patrouille maritime ne fut pas relégué à la Fleet Air Arm, comme peuvent en témoigner les actuels équipages de British Aerospace Nimrod qui servent dans la RAF.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.