Le système des désignations du Department of Navy avant 1962

Ce contenu est une partie du dossier thématique : Les systèmes de désignation

Durant quarante ans, entre 1922 et 1962, le Department of Navy disposait d’un système de désignations des avions militaires très particulier. En effet celui ci était à peu près aussi facilement compréhensible sans explication que le Mandarin pour un enfant de cinq ans au fin fond de la Bretagne. Des désignations où l’on trouvait pêle-mêle la mission de l’avion, la série de l’avion, mais aussi son constructeur. Les codes missions étaient tellement particuliers que certaines lettres étaient affectées à deux missions aussi différentes le transport ou la course, l’évacuation sanitaire ou l’attaque au sol. Ce gigantesque imbroglio était tel que durant la Seconde Guerre mondiale l’US Navy dû détaché des auxiliaires dans les unités de la RAF et de l’USAAF afin de servir de traducteur de son propre système de désignation, censé rationaliser l’emploi d’aéronefs dans l’US Navy, l’US Marines Corps, et l’US Coast Guard en tant de guerre. Pour essayer de mieux apprivoiser cette discipline voici un petit lexique.

[box type= »info » ]Prenons un exemple très simple : le célébrissime R4D-4.
La lettre préfixe R désignant les missions de transport (dans ce cas précis), le chiffre base 4 insistant sur le fait qu’il s’agissait du quatrième avion de ce type utilisé par la Navy, la lettre suffixe D indiquant le constructeur de l’avion (ici Douglas) et le chiffre série qui suit le tiret indiquant qu’il s’agit de la quatrième sous version de cette machine.
Le R4D-4 étant mondialement connu sous le nom de C-47D, autrement dit de Dakota. Eh oui, c’est loin d’être simple !!![/box]

Identification du constructeur

Une fois n’étant pas coutume nous allons commencer par la fin. Ou presque puis l’une des meilleurs manières de reconnaître un avion du Department of Navy de cette époque revient souvent à identifier en premier son constructeur. Présenté comme ça, ça pourrait sembler simple, toutefois vous allez pouvoir remarquer que certaines lettres suffixe désignent plusieurs constructeurs, au fur et à mesure que les avionneurs fusionnaient ou étaient rachetés par d’autres, voire même quand des branches de certains se désolidarisaient pour être rattachés à d’autres. Les constructeurs sont présentés dans l’ordre chronologique d’utilisation de cette lettre suffixe. Certaines de ces lettres suffixes ont été utilisés par plusieurs constructeurs en même temps.

  • A pour les constructeurs Aeromarine, Allied, Noorduyn, General Aviation, et Brewster notamment sur le chasseur Brewster F2A Buffalo.
  • B pour les constructeurs Aerorial et Budd notamment sur l’avion de transport Budd RB-1 Conestoga.
  • B pour le constructeur Beech notamment sur l’avion de liaison et de transport d’état-major Beech JB Traveller.
  • B pour le constructeur Boeing notamment sur l’avion de patrouille maritime Boeing PBB Flying Fortress.
  • C pour les constructeurs Culver, Curtiss notamment sur l’avion de transport RC Condor.
  • C pour le constructeur Cessna notamment sur l’avion utilitaire Cessna JRC Bobcat.
  • D pour les constructeurs Frankfort, Radioplane, et Douglas notamment sur l’avion d’attaque Douglas A2D SkyShark.
  • E pour les constructeurs Elias, Pratt Read, Gould, et Cessna notamment sur l’avion d’observation Cessna OE Bird Dog.
  • E pour les constructeurs Edo, Bellanca, et Piper notamment sur l’avion d’évacuation sanitaire Piper AE Cub.
  • E pour le constructeur Hiller notamment sur l’hélicoptère d’entrainement Hiller HTE Raven.
  • F pour les constructeurs Fokker America, Fairchild-Detroit, et Grumman notamment sur le chasseur Grumman F11F Tiger.
  • G pour les constructeurs Gallaudet, Eberhart, Great Lakes, et Goodyear notamment sur le chasseur Goodyear FG Corsair.
  • H pour les constructeurs Hall, Snead, Stearman, Howard, et Mc Donnell notamment sur le chasseur Mc Donnell F3H Demon.
  • J pour les constructeurs General Aviation, Berliner-Joyce, et North American notamment sur l’avion de patrouille maritime North American PBJ Mitchell.
  • K pour les constructeurs Kaiser, Nash, et Martin notamment sur l’avion de patrouille maritime Martin PBK Marauder.
  • K pour les constructeurs Kinner, Reisner, Keystone, et Fairchild notamment sur l’avion de liaison utilitaire Fairchild JK.
  • K pour le constructeur Kaman notamment sur l’hélicoptère HOK Huskies.
  • L pour les constructeurs Langley, Loening, Columbia, et Bell notamment sur l’hélicoptère d’entrainement Bell HTL Sioux.
  • M pour les constructeurs General Motors, et Martin notamment sur l’hydravion Martin P5M Marlin.
  •  N pour les constructeurs Naval Aircraft Factory, et Stinson notamment sur l’avion d’entrainement Naval Aircraft Factory N3N Canari.
  • N pour le constructeur Seversky notamment sur le chasseur Seversky FN.
  • O pour les constructeurs Viking, et Piper notamment sur l’avion d’observation Viking OO.
  • O pour le constructeur Lockheed notamment sur l’avion de transport léger Lockheed R2O.
  • P pour les constructeurs Pitcairn, Spartan, Piasecki, et Vertol notamment sur l’hélicoptère Vertol HRP Shawnee.
  • Q pour les constructeurs Stinson, Ward, et Fairchild notamment sur l’avion de transport Fairchild R4Q Provider.
  • Q pour le constructeur Bristol notamment sur le torpilleur volant Bristol TQ Beaufigther.
  • R pour les constructeurs American Brunswick, Aeronca, Interstate, et Ford notamment sur l’avion de transport Ford RR Goose.
  • R pour les constructeurs Ryan notamment sur l’avion d’entrainement Ryan NR.
  • S pour les constructeurs Stout, Aeromarine, Schweizer, et Sikorsky notamment sur l’hélicoptère d’assaut Sikorsky HR2S Mojave.
  • S pour le constructeur Stearman notamment sur l’avion d’entrainement Stearman N2S Kaydet.
  • S pour le constructeur Supermarine notamment sur le chasseur Supermarine FS Seafire.
  • T pour les constructeurs Thomas Morse, Temco, et Northrop notamment sur le chasseur Northrop F2T Black Widow.
  • T pour le constructeur Timm notamment sur l’avion d’entrainement Timm N2T Tutor.
  • T pour le constructeur British Taylorcraft notamment sur l’avion d’évacuation sanitaire British Taylorcraft HT Auster.
  • U pour les constructeurs Chance, et Vought notamment sur l’avion Vought F7U Cutlass.
  • V pour les constructeurs Vultee, et Lockheed notamment sur l’avion de patrouille maritime Lockheed P2V Neptune.
  • W pour les constructeurs Wright, Waco, et Canadian Car & Foundry notamment sur l’avion d’entrainement Waco NW.
  • Y pour le constructeur Stinson notamment sur l’avion d’observation Stinson OY Reliant.
  • Y pour les constructeurs Consolidated, et Convair notamment sur l’hydravion Consolidated PBY Catalina.

Les lettres I, X, et Z n’ont elles jamais été utilisés. On remarque les difficultés de compréhension, rien qu’à l’image du nombre d’avionneurs et d’hélicoptéristes.

Kaman HOK-1 en vol.
Kaman HOK-1 en vol.

Identification de la mission de l’appareil

Passons maintenant aux lettres préfixes où nous verrons que celles ci sont parfois uniques voire doubles et même triples, et ça aussi ça ne favorise pas la compréhension pour nous autres pauvres aérophiles… avec dans un premier temps les lettres simples puis dans un deuxième les doubles, et enfin pour terminer les triples. Eh oui c’était pas simple le Department of Navy à cette époque là.

  • A pour les avions d’attaque (en anglais Attack) comme par exemple le Douglas AD Skyraider.
  • A pour les avions de transport de blessés (en anglais Ambulance) comme par exemple le Piper AE Cub.
  • F pour les chasseurs (en anglais Fighter) comme par exemple le Grumman F6F Hellcat.
  • G pour les avions de transport léger (en anglais Utility Transport) comme par exemple le Piper GE Cub.
  • H pour les avions d’évacuation sanitaires (en anglais Rescue) comme par exemple le Piper HE Cub.
  • J pour les avions de liaison et de transport d’état major (en anglais Speed Liaison) comme par exemple le Beech JB Traveller.
  • M pour les avions d’utilisation divers (en anglais Miscelleanous) comme par exemple le Piper ME Cub.
  • N pour les avions d’entrainement (en anglais Trainer) comme par exemple le Timm N2T Tutor.
  • O pour les avions d’observation (en anglais Observation) comme par exemple le Stinson OY Reliant.
  • P pour les avions de patrouille maritime (en anglais Patrol) comme par exemple le Martin P4M Mercator.
  • R pour les avions de course (en anglais Racer) comme par exemple le Consolidated RY-1.
  • R pour les avions de transport (en anglais Transport) comme par exemple le Convair R4Y Samaritan.
  • S pour les avions d’observation armée (en anglais Scout) comme par exemple le Vought SU.
  • T pour les avions de lutte anti-sous-marine (en anglais Torpedo) comme par exemple le Douglas T2D.
  • W pour les avions de guerre électronique et de veille radar (en anglais Electronic Warfare) comme par exemple le Grumman W2F-1 Hawkeye.
  • Z pour les dirigeables et ballons captifs (en anglais Airships).
  • BF pour les avions de chasse bombardement (en anglais Bomber Fighter) comme par exemple le Curtiss BFC.
  • HC pour les hélicoptères de transport (en anglais Carry Helicopter) comme par exemple le Vertol HCP Shawnee.
  • HO pour les hélicoptères d’observation (en anglais Observation Helicopter) comme par exemple le Sikorsky HO2S Dragonfly.
  • HN pour les hélicoptères utilitaires (en anglais Utility Helicopter) comme par exemple le Sikorsky HNS Hoverfly.
  • HR pour les hélicoptères de transport (en anglais Transport Helicopter) comme par exemple le Sikorsky HRS Chikasaw.
  • HS pour les hélicoptères de lutte anti-sous-marine (en anglais ASW Helicopter) comme par exemple le Sikorsky HSS-2 Sea King.
  • HT pour les hélicoptères d’entrainement (en anglais Trainer Helicopter) comme par exemple le Bell HTL Sioux.
  • HU pour les hélicoptères de transport de troupes et d’utilisation générale (en anglais Universal Helicopter) comme par exemple le Bell HUL Iroquois.
  • JR pour les avions de transport utilitaire (en anglais Utility Transport) comme par exemple le Sikorsky JRS.
  • OS pour les avions de reconnaissance et d’observation armés (en anglais Observation Scout) comme par exemple le Vought OS2U.
  • PB pour les avions de patrouille anti-sous-marine et de bombardement aéronaval (en anglais Patrol Bomber) comme par exemple le Consolidated PB2Y Coronado.
  • SB pour les avions de bombardement en piqué (en anglais Scout Bomber) comme par exemple le Curtiss SB2C Helldiver.
  • SN pour les avions d’entrainement au combat (en anglais Scout Trainer) comme par exemple le North American SNJ Texan.
  • SO pour les avions de reconnaissance et d’observation au combat (en anglais Scout Observer) comme par exemple le Curtiss SOC Seagull.
  • TB pour les avions de bombardement et de torpillage (en anglais Torpedo Bomber) comme par exemple le Grumman TBF Avenger.
  • TD pour les avions cibles sans pilote (en anglais Target Drone) comme par exemple le Radioplane TD2D.
  • PTB pour les avions de patrouille maritime, de torpillage et de bombardement aéronaval (en anglais Patrol Torpedo Bomber) comme par exemple le Hall PTBH.
Grumman F7F-3 en vol.
Grumman F7F-3N en vol.

Il faut remarquer à quel point les marins américains ont apprécié les petits monomoteurs Cub. Certains avions se sont vus, dans le courant des années 50 attribués la lettre Q après le chiffre série. Ce Q signifiait que les avions avaient été modifiés en machines de guerre électronique active, et de brouillage des radars ennemis, ainsi on a vu arriver des Douglas A3D-4Q, mais aussi des Consolidated PB4Y-2Q (ouf !!! Ça c’est de la désignation) ou encore des Martin P4M-1Q.

De même, la lettre N fut utilisée pour désigner les chasseurs modifiés pour les vols de nuit, tandis que la lettre Z fut apposée sur les avions de transport et de liaisons destinés aux hautes autorités civiles et militaires. Encore une spécificité toute américaine faite pour nous convaincre que l’uniformisation de 1962 devenait des plus urgentes.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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