Le Roi des mers détrôné par le Cyclone

On peut parfois se demander si de dignes successeurs seront en mesure de prendre la relève d’aéronefs légendaires ayant marqué l’histoire de l’aviation. Cette question se pose actuellement au Canada alors que les vénérables hélicoptères CH-124 Sea King ne seront plus qu’un souvenir d’ici la fin de 2018. Entré en service en 1963 dans les rangs de la Marine royale canadienne comme aéronef de lutte anti-sous-marine (LASM), le Sea King a régné pendant 55 ans au sein de l’aéronavale canadienne. Sa phénoménale longévité est certes attribuable à une génétique remarquable, mais aussi aux mises à niveau de ses systèmes d’avionique et de mission.

Sea King sur le pont du porte-avions NCSM Bonaventure en 1968

Tous les Sea King sous cocarde canadienne seront retirés du service avant la fin de l’année lorsque la livraison de l’ensemble des hélicoptères Sikorsky CH-148 Cyclone sera enfin complétée. Retenu en 2004 comme successeur du Sea King, rappelons que la gestation du Cyclone fut plutôt laborieuse au point où le Canada a même songé pour un temps à trouver une alternative. Déjà, les CH-124 Sea King ont cessé d’exécuter des opérations sur la côte Atlantique du Canada, seuls quelques appareils étant encore utilisés du côté du Pacifique.

Le 18 juillet 2018, la frégate canadienne Ville de Québec quittait son port d’attache d’Halifax, en vue de participer à l’Opération Réassurance en mer Méditerranée. Cette mission constitue le premier déploiement opérationnel du CH-148 Cyclone. Le navire se joindra au 2e Groupe de la Force navale permanente de réaction de l’OTAN dans le cadre de l’appui du Canada aux mesures d’assurance et de dissuasion de l’OTAN en Europe centrale et de l’Est. Il est pour le moins paradoxal et désolant que ce nouvel hélicoptère soit contraint de faire la traque des sous-marins russes, rappelant l’époque tendue de l’affrontement larvé entre l’OTAN et l’URSS durant laquelle le Sea King jouait le même rôle.

CH-148 Cyclone appontant sur le NCSM Ville de Québec

Pour honorer comme il se doit ces vétérans de la Guerre froide, deux appareils CH-124 Sea King récemment repeints par les techniciens de l’Aviation royale canadienne arborent les couleurs originales lors de leur entrée en service dans la Marine royale canadienne. Un de ces appareils est destiné au Shearwater Aviation Museum en Nouvelle-Écosse où il rejoindra mon pote Seb. Il est prévu que l’autre appareil soit exposé comme garde-barrière à la base de Patricia Bay sur la côte du Pacifique. Avant de rejoindre leur demeure définitive, ces Sea King feront la joie des amateurs de spectacles aériens et marqueront les festivités marquant une retraite bien méritée.

CH-124 Sea King récemment repeint aux couleurs de sa jeunesse

Espérons que le dauphin du CH-124 Sea King sera à la hauteur de son illustre prédécesseur. Seul l’avenir dira si le CH-148 Cyclone saura répondre aux attentes. Parions que Sikorsky aimerait bien que ce soit le cas afin d’inciter d’autres pays à adopter cet hélicoptère qui lui a causé tant de soucis et d’investissements.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Marcel
Marcel
Fils d’un aviateur militaire (il est tombé dedans quand il était petit…) et biologiste qui adore voler en avion de brousse, ce rédacteur du Québec apprécie partager sa passion de l'aéronautique avec la fraternité francophone d’Avions Légendaires.
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Commentaires

3 réponses

  1. Avec ses états de service dans notre marine, les Sea King canadiens méritent amplement le titre de « très honorable » titre honorifiques réservé à certaines personnes occupant certaines fonctions officielles au Canada. J’espère que l’un des exemplaires sera conservé au Musée de l’aviation et de l’espace du Canada. Pour nos cousins français, je vous invite à visiter la boutique en ligne du musée https://ingeniumcanada.org/boutique/fr/4-musee-de-l-aviation-et-de-l-espace-du-canada?id_category=4&n=174 « 

  2. Ce nouvel hélicoptère ne peut faire la traque des sous-marins russes, le sonar HELRAS a été démonté en attendant qu’il soit modifié car il y avait un risque de l’endommager lors de l’appontage sur les bateaux, un des nombreux défauts de conception qu’a subit le CH-148 Cyclone entrainant d’ importants retards du programme (commande en 2004 pour une mise en service prévue en 2008).

  3. C’est probablement un bon appareil, mais vous en connaissez des pays membres de l’OTAN qui souhaitent acquérir des aéronefs russes pour des missions de défense aussi délicates ? Même les membres de l’ex bloc soviétique souhaitent se départir de leurs vieux aéronefs russes. L’alternative au Cyclone serait donc plutôt venu du côté de l’Europe,

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