La Russie propose son Sukhoi Su-57 à la Chine

Quand l’information est tombée ce lundi 1er avril 2019 très honnêtement beaucoup ont cru voir frétiller un gros poisson. Finalement il semble bien qu’on avait globalement tort. Outre de nombreux médias locaux plusieurs hauts responsables russes annoncent désormais bel et bien que Moscou a proposé à Pékin l’achat de son chasseur furtif Sukhoi Su-57. Une proposition qui cependant se heurte aux programmes de développements chinois d’avions similaires, comme le Chengdu J-20 commandé l’an dernier à hauteur de soixante exemplaires. Mais la Chine pourrait permettre de débloquer le compteur des commandes de ce chasseur de supériorité aérienne.

Car même si le Sukhoi Su-57 est sans nul doute un des programmes aéronautiques russes les plus intéressants des vingt-cinq dernières années, force est de constater qu’il peine à trouver son envol. Son entrée en service opérationnel est sans cesse reporté, au point que cela en devienne risible. Il va finir dans ce domaine à faire de l’ombre au Lockheed-Martin F-35 Lightning II, c’est dire ! D’autant que le nombre d’exemplaires officiellement commandés est très faible. Trop selon l’avis de nombreux experts, y compris russes.

Mais la force aérienne chinoise a t-elle vraiment besoin de ce Sukhoi Su-57E, pour Eksportny c’est à dire export ?
En fait non pas vraiment, car son industrie aéronautique nationale s’est engagée depuis plusieurs années dans diverses études très similaires. Le biréacteur Chengdu J-20 est communément présenté comme au moins équivalent à l’avion russe, et sans doute capable de tenir la dragée haute au Lockheed-Martin F-22A Raptor américain. Pour mémoire cet avion américain est actuellement le seul chasseur furtif de supériorité aérienne à voler de manière opérationnelle. D’où l’intérêt pour les Chinois et les Russes de voir très vite entrer en service leurs avions respectifs.
Alors la Russie peut jouer sur le fait que son Su-57 est parfois encore présenté comme un avion multirôle. Mais là encore il rencontre un obstacle de taille en face de lui : le Shenyang J-31, présenté par Pékin comme une réponse asiatique au F-35A Lightning II et donc plus léger que le J-20. Mais tout en conservant des caractéristiques de furtivités très similaires.

Pour l’instant rien ne dit que la proposition russe concerne également une fabrication sous licence chinoise. Il faut se souvenir qu’un accord existe depuis les années 1990 entre Sukhoi et Shenyang et qu’il a débouché sur des avions aussi différends que le J-11 ou le J-15, tous deux issus de la famille Flanker. Mais le gouvernement russe est-il près à livrer l’une de ses technologies les plus sensibles à son allié militaire chinois ? Rien n’est moins sûr.

De ce fait la proposition de vendre un ou plusieurs lots de Sukhoi Su-57E à la Chine est à double tranchant. Certes cet achat légitimerait pleinement l’avion sur la scène internationale mais cela pourrait coûter cher dans un avenir plus ou moins proche à l’industrie aéronautique russe, notamment en matière de contrats à l’export.
Seul l’avenir nous le dira.

Photo © Keypublishing.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

11 réponses

  1. Avec ça, on n’a toujours pas vu les soutes du Su-57.
    Concernant le Su-57 je dois dire que je doute fortement de sa furtivité. En effet, à l’arrière les moteurs ne sont pas du tout « protégés » comme le sont le F-22, B-2, F-117, F-35 par exemple. On peut dire que c’est une solution temporaire, et je ne doute pas que le produit final sera plus affiné, mais tout de même c’est parlant. A l’avant les pales du moteurs sont clairement visibles. On parle , comme pour le Super Hornet, d’utiliser des « radar blockers ». Comme dit plus haut, on ne sait rien quant aux soutes de l’avion … pourtant c’est un point crucial pour sa furtivité. Les senseurs externes sont pas du tout aussi bien protégés que ceux du F-35.

    Je vais y aller un peu fort mais je pense que le Su-27 et le Su-57 c’est comme le F-15 et le Stealth Eagle.

    1. Non non vous n’y allez pas trop fort avec votre comparaison Su-27/Su-57 et Eagle/Silent Eagle !

  2. Son gros point noir reste la motorisation et l’incapacité de l’industrie russe a développer ce nouveau moteur indispensable. Pas sûr que la Chine ne les aide sur ce point, ils ont aussi du mal sur le sujet. Par contre, vu le développement de l’industrie électronique chinoise, une version équipée d’avionique chinoise serait peut-être supérieure a son équivalent russe. Pas facile néanmoins de connaître la vraie valeur opérationnelle de tout ça…

    1. Les Chinois sont toujours largement derrière les Russes côté motorisation puisqu’ils continuent d’acheter les moteurs à la Russie pour leurs chasseurs derniers cris (des moteurs de Flankler) : leurs copies indigènes restant largement inférieures aux originaux. Par contre le gouvernement chinois a en 2018 investi massivement dans la production d’un moteur digne de ce nom. On verra dans 10 ans ce qu’il vaut.

  3. Les russophiles ne vont pas aimer cet article, il est critique envers leur chasseur chouchou. Et en plus il y a un parallèle avec le F-35.

    1. Sans tomber dans une gue-guerre de clocher stérile, les russes ont encore quelques années de marge pour tomber aussi bas que le F-35.

    2. Non, cet article a raison, le F-35 et le Su-57 ont l’air de partager les mêmes erreur grossière. A voir ce que cela donnera.

  4. Honnêtement, vu l’avancée étonnamment exemplaire du programme J20 qui a largement damé le pion à son homologue russe (vu que lui est officiellement opérationnel en unité) et la présence du FC31 dans l’équation (futur J31), deux appareils originaux de conception locale, je serais assez surpris que la Chine s’associe à la Russie sur le programme SU57.

    Les Chinois, jadis hyper dépendants de leur voisin sur tous les plans en aéronautique (copie / production sous licence), ont depuis la fin des années 90 passé plusieurs vitesses et amplement rattrapé leur retard technologique, même s’ils continuaient tranquillement leur partenariat sino-russe en attendant leur heure avec les dérivés des Flankers -et les moteurs, leur bête noire on l’a dit. Je pense qu’à l’heure actuelle ils ont passé le cap de l’autonomie avec le chasseur réussi qu’est le J10. Là, vu l’avancée du J20, et comparativement au SU57, niveau transfert de technologie sensible je ne suis pas sûr que les Russes aient énormément d’arguments en réserve, et les Chinois beaucoup à apprendre.
    Bref, en vérité je ne pense pas que ces derniers aient grand-chose à gagner d’un achat du dernier-né russe, tant leur industrie semble aujourd’hui au niveau, et apte à subvenir à leurs besoins.
    Ce n’est que mon avis 😉 .

  5. Le j 20… Extrapolé d’un programme soviet de la guerre froide…. Pas de super cruise… Et aucune données opérationnelles… Idem pour le j31… Alors dire qu’ils ont comble leur techno gap….
    Ils ont un radar aesa équivalent à un Rbe2 de première génération… Et je n’ai pas cité elbit pour rien… Leur seule véritable création est le jh7 flounder…

  6. Mais vous n’avez pas vu la démonstration en vol du F-35 et de ses capacités de manœuvrabilité en plein vole? Les Russes et les chinois doivent encore travailler sur leurs appareils

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