Fin de carrière en vue pour les actuels Hawkeye de la Flottille 4F.

C’est la ministre des armées, madame Florence Parly elle-même, qui a fait l’annonce. La Flottille 4F de la Marine Nationale se prépare à voir partir à la retraite ses trois actuels Grumman E-2C Hawkeye, les avions qui assurent le guet aérien depuis le pont d’envol du porte-avions Charles de Gaulle. Des avions qui seront remplacés immédiatement par un nombre identique d’Advanced Hawkeye beaucoup plus modernes. La commande aura lieu l’année prochaine.

C’est aux alentours de la mi-2022 que la translation entre les Grumman E-2C Hawkeye et Northrop-Grumman E-2D Advanced Hawkeye devrait avoir lieu. À cette époque les trois avions en cours de retrait afficheront vingt-deux ans de service, un temps qui peut paraître assez faible mais qu’il faut savoir relativiser.

En effet ces Grumman E-2C Hawkeye sont, rappelons-le, entrés en service au sein de la Flottille 4F en mars 2000. Ceux-ci ont d’ailleurs permis sa réactivation, sa mise en sommeil ayant été ordonnée trois ans plus tôt lors du départ à la retraite des derniers Breguet Br.1050 Alizé. Le choc technologique entre les deux machines devait être terrible pour les équipages autant que pour les mécanos. Et ce malgré la formation que beaucoup reçurent aux États-Unis.
Et donc au cours de ces vingt dernières années de service on a beaucoup vu voler ces E-2C Hawkeye frappés du hameçon. Que ce soit lors de raids aériens contre les talibans en Afghanistan autant que face à la Libye du dictateur Khadafi les avions-radars français étaient présents. Pour mémoire la Marine Nationale est la seule force navale au monde avec l’US Navy à utiliser ce type d’aéronef depuis un porte-avions. Tous les autres pays ont recours à des hélicoptères comme le Kamov Ka-31 ou le Westland Sea King AEW.

Autant donc tout de suite le dire, et ce malgré les soins énormes que leur apportent leurs mécaniciens : les trois Hawkeye français sont à la limite de l’extrême usure. La corrosion du sel marin ne fait jamais de bien aux avions, et ce indépendamment de tous les nettoyages que les équipes au sol ou dans les hangars du Charles de Gaulle peuvent faire sur ces avions.

Donc il fallait décider que faire pour l’avenir. Deux options s’offraient aux amiraux et décideurs politiques. La première consistait à maintenir ces avions tout en éventuellement en acheter un autre qui servirait prioritairement. Une solution forcément envisageable pour la courte ou moyenne durée. La seconde consistait à retirer du service les avions dans un avenir très très proche et à les remplacer par plus moderne. Et c’est celle-ci qui a finalement été retenue.

Restait à trouver l’avion éligible.
Et là pas trente-six solutions à chercher, l’E-2C Hawkeye sera remplacé par l’E-2D Advanced Hawkeye. Il n’existe qu’un seul modèle d’AWACS embarqué, il est américain. Aucun avionneur européen ne se hasarderait sur un marché aussi marginal, et jamais la Marine Nationale n’irait actuellement tenter la navalisation d’un modèle terrestre existant. Elle est donc allée au plus simple et certainement à la meilleure solution.

Afin de respecter l’actuelle loi de programmation militaire la commande de ces trois nouveaux avions américains sera passée dans le courant 2020. L’E-2D Advanced Hawkeye étant actuellement en cours d’assemblage chez Northrop-Grumman pour les besoins de l’US Navy il ne sera pas utile de lancer une chaîne d’assemblage spécifique pour la Marine Nationale. Les futurs avions français seront donc assez identiques à leurs équivalents américains, avec sans aucun doute la fameuse perche de ravitaillement en vol récemment ajoutée.
Les deux premiers exemplaires sont attendus au début de l’été 2022.

On ignore ce qu’il adviendra alors des E-2C Hawkeye fraîchement retirés du service : revente sur le marché de seconde main ou bien envoi direct à la casse ? L’avenir nous le dira. Dans le cas de la seconde hypothèse il serait peut-être bon d’en conserver un, en l’expédiant en Seine-Saint-Denis au musée de l’air et de l’espace du Bourget.

Photo © Marine Nationale.

 

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

11 réponses

  1. Très bonne solution, avec enfin une ministre des armées pragmatique. On va à l’essentiel, rapidement, sans faire des bricolages. Très bon article Arnaud, réaliste que vous resumez très bien. Bravo.

    1. Le pragmatisme est en fait la marque de fabrique de ce ministère depuis l’époque Jean-Yves Le Drian. C’est lui qui avait initié, sous la présidence François Hollande, cette méthode notamment quand il a décidé d’acheter les Lockheed-Martin C-130J-30 et KC-130J ou bien encore les Airbus DS A330MRTT Phénix pour l’Armée de l’Air.

        1. Sauf que tous les ministres de la défense avant lui avaient reporté cette décision, souvent aux calendes grecques. Lui a eu le pragmatisme de voir que c’était le bon moment pour acheter ce nouvel avion bien plus polyvalent qu’un simple C-135FR.

  2. Oui, j’avais oublié effectivement Jean Yves Le Drian, qui fut aussi un très bon négociateur et qui a reussi à vendre des Rafales, là où ses prédécesseurs ont tous échoués.

  3. Hawkeye de la flottille 4F sont déjà usés au bout de 20 ans ! Mais alors dans quel état sont les Rafales M qui sont arrivés en même temps que les Hawkeye. Va-t’il falloir aussi les renouveler ?

    Les Hawkeyes n’étaient pas prévus à l’origine pour le porte-avion Charles-de-Gaulle (le Clemenceau et le Foch n’en avaient pas). Mais c’est à cause des Hawkeyes, qu’il avait fallu allonger la piste du Charles-de-Gaulle de quelques mètres, ce qui avait fait jaser à l’époque ..

    A voir avec les besoins de la Marine et de leur état d’usure, mais peut-être que les Hawkeyes E-2C pourraient continuer à être utiliser dans un usage non embarqué, en complément des Breguet Atlantic et Dassault Falcon ??

    1. Ils ont été reçus en 1998, 1999 et 2004 c’est sûr que 20/25 ans ça parait court pour des avions aussi onéreux qu’eux. Surtout que leurs radars sont encore largement performants. Pourrait-on revendre ces avions à des pays étranger qui n’ont pas les moyens de se fournir en matériel dernier cri, ou alors les reverser à l’armée de l’air pour soulager les E3f awacs ?

      1. Ça peut être une piste effectivement pour soulager nos Awacs.
        Après, comme je l’ai dit précédemment, il faut voir le coût d’entretien d’une micro-flotte, ce qui n’est pas trop dans l’air du temps.
        Regardez les Super Hercules, on va les regrouper avec les Allemands à Évreux, pour justement limiter les coûts d’entretien et de formation.

        Une flotte de 4 super Hercules c’est petit. A 10 appareils, on peut négocier le prix des rechanges.

        Mais bon, c’est vrai qu’ils peuvent encore servir dans l’armée de l’air, si cette option convient à tout le monde.

  4. Oui, pourquoi pas. Mais entretenir 2 micro-flottes avec 2 standards différents risque de coûter cher. De plus se posera le problème des pièces détachées. Les Américains pourront-ils nous fournir encore des rechanges dans les 10 années à venir? Et à quel prix ?

  5. Il me semble que l’avance de la commande est lié à une opportunité technico-commercial : Grumman proposait en effet une rabais pour une commande plus rapide afin de mieux gérer leur plan de charge au niveau des créneaux de production. Une économie intéressante pour la France.
    (À l’origine le remplacement des E2C était prévu bien plus tard).

  6. Ne pas oublier que c’est seulement 3 avions qui composent cette flottille…Ou plutôt 2 de dispo ops car a coup sur 1 en visite d’entretien…Donc, leur potentiel doit être bien entamé…On rajoute l’argumentaire de steph et on a un début de réponse…

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