L’Armée de l’Air met à la retraite son valeureux TB.30 Epsilon.

C’est sûr c’est un avion qui n’a jamais eu l’aura d’un Jaguar ou d’un Mirage 2000N. Ce mardi 24 septembre 2019 le monomoteur d’entraînement SOCATA TB.30 Epsilon a réalisé son dernier vol opérationnel dans l’Armée de l’Air depuis la Base Aérienne 709 de Cognac. C’est le départ à la retraite d’un avion majeur de notre défense au cours des trente-cinq dernières années, et sans doute un gros pincement au cœur pour des milliers de militaires français. Il est désormais en partie remplacé par le Pilatus PC-21 suisse bien plus moderne.

Avion d’une très grande modernité lorsqu’il entra en service en septembre 1984 le SOCATA TB.30 Epsilon permit avant-tout aux aviateurs de former leurs élèves-pilotes sur une machine de facture française. Sans quoi ils auraient sans doute du faire appel à un import d’avion américain ou britannique. Et sa formule biplace en tandem permettait aux jeunes pilotes de tout de suite se sentir «dans le grand bain». Pendant ses trente-cinq ans de service ce petit monomoteur n’a jamais démérité.

Et les chiffres jouent pour lui. Durant cette période la flotte a accumulé 645 000 heures de vol, assurant la formation de 3740 élèves-pilotes auxquels il faut ajouter 80 élèves-navigateurs. Autant dire que peu de pilotes de l’Armée de l’Air n’a actuellement pas volé sur Epsilon. Et chacun louera sans doute ses qualités de stabilité et de maniement. Un avion fiable, assez économique, et finalement bien dans l’air du temps.

Pourtant tout a une fin.
Déjà il y a trois ans le Cartouche Doré faisait ses adieux, remisant ses trois exemplaires. Cette patrouille aérienne permit entre autre au grand public de découvrir cet étonnant petit avion d’entraînement. Dans les meetings aériens beaucoup de néophytes lui trouvaient de faux-airs d’avion de la Seconde Guerre mondiale. Le Cartouche Doré était devenu un des ambassadeurs français au même titre que la Patrouille de France, et la prestation de ses Epsilon enchantait toujours petits et grands.

Le TB.30 Epsilon sur son 31 pour son départ en retraite.

Déjà il y a quelques semaines, le dimanche 14 juillet 2019 l’Epsilon faisait ses adieux auprès des Français. Il survolait pour la dernière fois Paris et son avenue des Champs-Élysées. On remarquera que pour ce dernier vol du mardi 24 septembre 2019 l’Armée de l’Air avait eu l’idée de faire appel au très talentueux Régis Rocca afin que ce dernier ne dessine l’ultime livrée de ce fidèle serviteur. Une fois encore l’artiste s’est surpassé comme vous pouvez vous en rendre compte ci-dessus.
Pour autant quelques exemplaires volent encore au Portugal mais également au Sénégal et au Togo. Espérons que le Musée de l’Air et de l’Espace aura la bonne idée d’acquérir un exemplaire de cette machine française désormais retraitée.

Photos de couverture : © Jean-Sébastien Seytre
Autres : © Armée de l’Air.

 

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

8 réponses

  1. Que de souvenirs pour ces Zebulons comme on les appelaient . Je les ai vu arriver en 1985 à Cognac, tout blanc, puis changer de couleur quelque années après.
    J’en ai encore vu un, mercredi dernier, passer au-dessus du phare de la Coubre,endroit qu’ils fréquentaient souvent ainsi qu’au dessus de l’île d’Oleron.
    Quand j’habitais à Cognac, nous étions plusieurs à les observer depuis l’aero-club du Parveau, avec nos jumelles et nos petits postes récepteurs de la bande Aviation . Sur 121,5 nous ecoutions les Rafiot , les Cartouches, les Moloch, leurs indicatifs radio.

    Et parfois, nous entendions la tour de contrôle de Cognac, annoncer l’arrivée « d’une patrouille réacteurs  » aux Epsilon en vol. Quelle joie cela nous procurait. Bien sûr les chasseurs ont ne les entendaient jamais à la radio, car ils utilisaient l’UHF et nous on ne recevait que la VHF. Mais nos oreilles oui.
    Donc c’est fini. Plus de Zebulons dans le ciel de Cognac .

  2. Il faut l’espérer. Il doit y en avoir pas mal de stockés à Chateaudun. Il y en avait encore une trentaine en service à Cognac, il y 2 ou 3 ans.
    Apache Aviation à Dijon en a racheté 6, qui ont été démilitarisé.

    Il reste peut-être encore des Epsilon de la patrouille Cartouches Dorées avec leur livrée spéciale que j’avais la chance de voir s’entraîner, soit le jeudi midi ou le vendredi midi au dessus de la BASE 709 de Cognac. . Ils sont peut-être stockés à Chateaudun aussi.

    Il se peut aussi que des particuliers en achète comme collectionneurs, si l’Armée de l’air décidé d’en vendre. Mais là c’est une autre histoire.

  3. Je crois que c’est un TB.30 Epsilon qui est suspendu dans le hall de l’aéroport Tarbes Lourdes Pyrénées.

  4. Merci pour ce bel article autour d’un avion certes “discret” mais si fondamental ces 3 dernières décennies.
    Je suis heureux que la livrée vous plaise à nouveau, il était important pour moi de lui donner au moins autant d’aura pour ce moment spécial qu’un 2000N et autres pointus…

    1. À titre très personnel je pense que vous avez largement réussi. Cet Epsilon « dernier vol » est juste superbe et très élégant. Vous ne pourriez pas faire un truc similaire l’an prochain pour la Marine Nationale avec ses hélicoptères Lynx ?

  5. Merci Monsieur Rocca pour vos très belles peintures que vous savez admirablement réaliser sur nos aéronefs.

    J’espère seulement que ce bel Epsilon ne finira pas ses jours chez le ferrailleur.

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