L’aviation embarquée, l’autre enjeu majeur du Rafale en Inde.

Beaucoup moins médiatisé et pourtant numériquement très important le programme MRCBF initié par l’Indian Navy pourrait bien tourner en faveur de l’avionneur clodoaldien. Depuis deux ans Dassault Aviation et son Rafale M sont en lice au sein du programme d’acquisition Multi Role Carrier Borne Fighter visant à fournir aux marins indiens un nouvel avion de combat afin de remplacer leurs décevants actuels Mikoyan MiG-29K russes. Malgré une présence très internationale c’est bel et bien avec l’avionneur Boeing et son F/A-18E/F Super Hornet que tout semble désormais se jouer. Il s’agit tout de même de fournir cinquante-sept avions.

Officiellement le remplacement des quarante-cinq Mikoyan MiG-29K de facture russe, dont neuf MiG-29KUB biplaces de transformation opérationnelle, est l’affaire des États-Unis, de la France, de la Russie, et de la Suède. Officieusement seuls ces deux premiers pays seraient encore réellement en compétition. La Suède (soutenue par le Royaume-Uni) et son SAAB JAS 39E/F Gripen auraient vite été balayé en raison des questions soulevées par la navalisation du chasseur monoréacteur ; quand à la Russie son idée de proposer des MiG-29K pour remplacer d’autres MiG-29K n’a semble t-il pas vraiment passionné les Indiens. On les comprend.

Alors il reste les Américains et les Français.
Là encore les amiraux indiens semblent avoir jouer la carte de l’écrémage. Le Lockheed-Martin F-35C Lightning II semble avoir pâti du fait qu’il n’est toujours pas pleinement opérationnel dans l’US Navy. Il n’a en effet toujours pas réalisé sa première croisière à bord d’un porte-avions. Même s’il était le seul avion furtif dans la compétition cela n’a pas suffit à le sauver. Comme quoi la signature radar, ça ne fait pas tout.
Il reste donc deux avions ayant fait leurs preuves sur porte-avions : le Boeing F/A-18E/F Super Hornet américain et le Dassault Aviation Rafale M français. C’est donc un duel de biréacteurs, tous deux largement combat proven.

Sur le papier donc, mais aussi dans la réalité, le Super Hornet est le pire piège pour l’avionneur français.
C’est un très bon avion de chasse, particulièrement efficace, rustique mais ultramoderne, totalement adapté aux opérations navales et disposant d’un vaste arsenal air-air et air-sol. Il pourrait être parfait s’il ne faisait pas d’ombre au Rafale M. Car à n’en pas douter on ne prend pas du tout ce programme MRCBF à la légère du côté de Saint-Cloud. Le Multi Role Carrier Borne Fighter est dans toutes les têtes chez Dassault Aviation. Réussir le doublé Indian Air Force et Indian Navy serait un véritable grand chelem pour les Français. L’Inde serait alors le seul pays avec la France à faire voler ses Rafale à la fois depuis des bases aériennes et depuis un pont d’envol. Surtout Dassault n’a plus exporté d’avion de chasse embarqué depuis les Super Étendard vendus à l’Argentine au début des années 1980. Ce serait une magnifique victoire.

Le Rafale M est t-il objectivement un avion à la portée des Indiens ? Indubitablement et hors de toute forme de chauvinisme bien français : oui ! D’abord parce qu’avec le MiG-29K les marins indiens ont eu l’expérience d’un chasseur embarqué contemporain, ils peuvent désormais passer à un avion de qualité aux technologies derniers cris. Et surtout parce qu’avec l’avion russe ils se sont formés aux doctrines d’emploi de l’aviation embarquée des années 1990-2000. Si l’Inde veut impacter le domaine maritime mondial, le Rafale M est sans aucun doute son meilleur atout. Encore faut t-il que les Indiens éliminent une bonne fois pour toute cet encombrant et dangereux F/A-18E/F Super Hornet. Plus facile à dire qu’à faire car Boeing s’accroche comme un bernicle à son rocher ! D’autant que l’avionneur de Seattle fournit déjà à l’Indian Navy l’avion de patrouille maritime P-8I Poseidon dont on dit que les Indiens apprécient les qualités de polyvalence et de modernité.

Au final il est clair que Dassault Aviation a toutes les cartes en main pour remporter la victoire en Inde avec son Rafale M. Peut-être que les marins indiens se laisseront convaincre par leurs collègues aviateurs qui eux aussi veulent (de nouveau) du Rafale !!! Affaire donc à suivre.

Photo © Keypublishing.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

16 réponses

  1. Cherchez le lanceur et vous aurez le vainqueur : qui peut aider les Indiens à mettre au point les catapultes pour leur(s) futur(s) porte-avions ? Qui peut proposer de la formation sur 10 porte-avions ? J’ai bien peur que la messe soit dîtes !

    Une question en passant : le Super Hornet n’ai t’il pas plus lourd et donc trop lourd pour décoller du Charles de Gaulle ?

    1. C’est étonnant ce défaitisme de votre part car de l’avis même des Indiens l’avion français a encore toutes ses chances.

      1. Non non pas de défaitisme. J’admire ce que Dassault arrive à faire. Je soulève simplement le fait qu’actuellement les Indiens n’ont pas de quoi faire apponter un Rafale M. Les seuls à maîtriser la construction de catapultes sont les Américains et nous aurons le même problème si nous décidons de construire un successeur au Charles de Gaulle: en passer par le bon vouloir US. Donc je trouve le débat un peu prématuré, mais c’est vrai que comme vous le disiez tout va très lentement pour les décisions en Inde.

    2. Catapultes vs vente d’avions de combat? Les USA savent qu’ils n’ont pas intérêt à trop « fâcher » les indiens car il y a d’autres produits qu’ils aimeraient vendre à l’Inde qui n’est aligné à aucun camp (Est Ouest).

  2. La messe est loin d’être dite (très loin même, avec les contrats indiens il faut se montrer humble et très patient).
    Les avantages du Rafale sont : le choix déjà fait par l’armée de l’air indienne, les gains en maintenance qui en découleraient, voire la formation combinée des pilotes des deux armes, le poids de l’appareil (qui en ferait un bon appareil pour PA STOBAR en attendant la mise au point d’un PA avec catapultes), des qualités dynamiques meilleures que le super-hornet, ainsi que l’armement (meteor par exemple et AASM plus performants que les JDAM ou Paveway).
    Le Meteor sera un «game changer» pour l’armée de l’air indienne en ouvrant des perspectives jusque là inconnues (même pour nos forces aériennes) surtout dans leur confrontation avec l’armée de l’air chinoise.

  3. Bonjour a tous ,

    Est ce que quelqu’un pourrait m’éclairer sur le fait que les indiens trouve décevant le mig-29k ?

    1. Le MiG-29K est un avion navalisé passablement raté puisqu’il n’est pas tous-temps ni multirôle. Et ça les Indiens s’en sont rendus compte à l’usage.

      1. Ah oui d’accord je vois

        Effectivement cela est embêtant pour un pays qui a la volonté de s’affirmer dans ce domaine( a ce que j’ai cru comprendre )

  4. Du tout d’ailleurs atterrir sur le Charles fais partie du test final pour devenir pilote dans l’US Navy, malheureusement c’est pas trop cool pour nous puisque que leur Super Hornet sans VTOL bousillé nos catapulte avec leur Post-Conbustion, expérience de terrain !

  5. Alors : la PC des super Hornet bousille les catapultes, je suppose qu’elle ‘grillait’ un peu trop ?
    Les F-35B eux grillent le pont d’envol, comme les v22 Osprey
    C’est pas des portes-avions qu’il faut c’est des cuirassés !!

  6. Nous rappeller le temps ou l’Argentine se fournissait en Super Etendard et en Exocets nous rapellent les heures sombres de l’industrie de l’armement française. Eh oui les Francais ont permis la destruction de 2 batiments anglais et la perte considérable de vies humaines alliées durant le conflit des malouines. Le vendre à tout prix sans aucune éthique ne serait plus possible aujourd’hui. Quoique les ventes d’armes a l’Arabie Saoudite interrogent en ce moment! Un pays n’a pas d’amis mais que des intérêts, mais côté outre manche personne n’a oublié cet épisode lointain des malouines !

    1. Vendre des armes avec une éthique?? Une vaste blague. Dans le cadre de la guerre des Malouines, la France n’a fait que vendre des armes, comment savoir l’évolution d’un pays à moyen et long terme? Il n’y a pas d’heures sombres, et les Anglais mitraillant la statue de Napoléon à Boulogne pendant la deuxième guerre mondiale? Les Boulonnais n’ont pas oubliés non plus…….
      On vend des armes, on fait tourner nos industries (peut être la dernière du pays….) and so what! Les Anglais fournissent quels pays en ce moments?

      1. Bien sûr qu’il faut avoir une éthique dans la vente de matériels de défense, on ne vend pas à n’importe qui car nous sommes un état de droit. Les ventes d’armes aujourd’hui ne sont plus celles qu’elles étaient sous De Gaulle ou sous Mitterrand c’est évident que sans éthique on perdrait en crédibilité et on se retrouverait comme les Chinois ou les Russes à vendre à n’importe qui pourvu qu’ils payent. Les pays européens comme la France se refusent et c’est logique à vendre à n’importe qui.

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