La votation suisse donne le feu vert au remplacement des F/A-18C/D Hornet.

En sciences politiques on appelle cela une victoire sur le fil du rasoir, mais la démocratie a parlé. La votation organisée dans la Confédération Helvétique ce dimanche 27 septembre 2020 a permis au corps électoral de donner son aval au programme Air 2030. Dorénavant le gouvernement suisse a toutes latitudes pour sélectionner un futur avion de combat même si un consensus s’est dessiné contre le F-35A Lightning II américain. C’est en juin prochain que le futur avion de combat suisse sera connu, ainsi qu’un nouveau système de défense anti-aérienne.

En Suisse c’est autant le clivage très classique gauche-droite que celui de cantons alémaniques contre cantons romans qui a joué dans cette votation citoyenne. Il serait cependant trop facile, et pour le moins erroné de penser que la droite était pour l’armement et la gauche contre comme les Suisses alémaniques le seraient contre les Suisses romans ne le seraient pas. En fait droite et gauche suisses sont d’accord sur le principe d’un nouveau système de DCA, c’est la partie de l’avion de combat qui crée un fossé entre les deux.

Entourée de pays avec qui elle a de très bons rapports diplomatiques (Allemagne, Autriche, France, Liechtenstein, et Italie) la Suisse ne craint pas d’agression aérienne directe. C’est l’axe sur lequel les anti-avions de combat ont axé leur campagne, arguant que les trente actuelles McDonnell-Douglas F/A-18C/D Hornet pouvaient parfaitement convenir dans ce rôle. Le pays ne participant à aucune mission extérieure avec ses avions de combat la fonction d’attaque au sol y est quasi inexistante. Hormis quand les avions en exercice lâchent ça et là une ou deux bombes sur un champ de manœuvres.
Le camp de celles et ceux qui étaient favorable à un renouvellement de la flotte d’avions de combat argue de son côté que la Suisse doit se maintenir à un haut niveau de technologie face à l’apparition chez ses voisins de chasseurs de générations 4.5 et 5. Surtout il met en avant le vieillissement accéléré de la flotte de combat, ce qui est clairement très visible sur la trentaine de Northrop F-5E/F Tiger II encore en dotation.

C’est bien le remplacement des chasseurs Hornet et Tiger II, et non l’existence d’une flotte d’avions de combat qui était au cœur de cette votation. Et en filigrane se dessinait la maladresse des dirigeants suisses qui il y a six ans avaient mis les électeurs devant le fait accompli en leur demandant s’ils étaient ou non favorable à l’achat des Saab JAS 39C/D Gripen. Et là le résultat avait été non ! Selon de nombreux experts européens la question avait alors été trop pointue et technique pour les citoyens.

Et ce dimanche 27 septembre 2020 le camp du oui au remplacement des Hornet et Tiger II l’a emporté d’une très courte tête : 50.14% contre 49.84%. Ce n’est donc absolument pas un plébiscite mais pour autant c’est une victoire. La différence se joue sur 8670 bulletins de vote d’écart. Le tout avec un taux de participation assez élevé puisque atteignant 59.41%. Ces chiffres sont ceux de la chancellerie fédérale suisse.

Les déclarations à la presse des différents responsables politiques locaux et nationaux suisses laissent pourtant clairement entrevoir un schéma se dessiner : le refus d’acquérir un avion de combat trop onéreux. Et le premier des quatre candidats en lice a en faire les frais est l’avion furtif Lockheed-Martin F-35A Lightning II. Ce ne sont pas tant ses retards endémiques ou encore ses bugs à répétition que les Suisses rejettent mais bien ses coûts d’achat et d’exploitation. Même dans le camp du oui des voix se sont faites entendre, moins clairement cependant que dans le camp du non, pour dénoncer cette machine.

Y voir un refus américain et une volonté européenne de la part des Suisses serait là aussi une grave erreur. Car si les Airbus DS Typhoon et Dassault Aviation Rafale sont bel et bien toujours en compétition il en est clairement de même du Boeing F/A-18E/F Super Hornet. À la différence de l’avion de Lockheed-Martin il n’a pas d’assez grosses casseroles pour être refusé par le gouvernement suisse. Donc désormais la compétition est totalement relancé, sauf pour ce pauvre F-35A Lightning II qui voit désormais ses chances d’achat suisse fondre comme neige au soleil.

Désormais donc il faudra attendre le mois de juin 2021 pour savoir lequel de ces avions de combat aura totalement remplacé les Hornet et Tiger II en 2030 et volera avec la fameuse cocarde rouge à croix blanche. Que le meilleur gagne !

Photo © US Department of Defense.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

5 réponses

  1. Pas de chance pour les pilotes militaires qui partiront en retraite d’ici 10 ans. Ils resteront sur leur machine actuelle. L’eurofighter ou le F/A-18E ce sera pour les jeunes.

  2. Bonjour,
    En toute logique selon moi, le Super Hornet devrait être retenu, la continuité dans le modernisme.

  3. Ça laisse 33% de chance à notre rafale. Bon on verra bien.
    C’est vrai que le « cousinage » entre la F/A 18 et le Super Hornet risque de faire pencher la balance en sa faveur. A suivre.

    1. Ils avaient aussi des mirages IIIS, DS, RS et BS qui ont servis longtemps et qui ont été très appréciés. Peut-être que les suisses ont la nostalgie de Dassault et aimeraient voler sur leur descendant.

  4. Nous sommes romands en non pas romans. Notre région est la Romandie d’où le d.

    A part ça, je verrais d’un très bon œil le retour de Dassault dans nos cieux avec le Rafale qui bien piloté met la pattée au F-22. Le Super Hornet m’apparaît comme une resucée d’un appareil des années ’70.

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