La (lente) modernisation du ravitaillement en vol dans l’Armée de l’Air et de l’Espace.

En ce 10 mai 2021 sur le papier notre Armée de l’Air et de l’Espace aligne vingt ravitailleurs en vol, c’est plus qu’en a jamais posséder ! Pour autant ce chiffre révèle aussi une fragilité organisationnelle et logistique puisqu’il s’articule autour de trois modèles différents d’avions, de deux générations différentes. Alors qu’elle vient de recevoir son quatrième Airbus DS A330 MRTT Phénix notre aviation militaire dispose encore de quatorze vieux Boeing C-135FR / KC-135R usés jusqu’à la corde. Ce rajeunissement de flotte est donc plus que nécessaire : il est indispensable si on veut maintenir un tel niveau de disponibilité.

Sur ces vingt tankers tous ne sont pas à même de soutenir nos Dassault Aviation Mirage 2000D engagés dans l’opération Barkhane dans le Sahel ou nos Dassault Aviation Rafale qui participent à l’opération Chammal en zone irako-syrienne. Les deux récents Lockheed-Martin KC-130J Super Hercules n’ont pas été acquis dans ce sens mais dans celui d’un soutien aux opérations spéciales, en l’objet le ravitaillement des hélicoptères biturbines Eurocopter EC725 Caracal. Il ne reste alors plus que dix-huit avions sur les vingt inscrits sur les cadres de l’Armée de l’Air et de l’Espace.

Le gros de la flotte de ravitaillement en vol reste donc en ce printemps 2021 formé par les antédiluviens Boeing C-135FR / KC-135R dont les plus vieux remontent au début des années 1960. Des avions qui bien que modernisés dans les années 1980 sont aujourd’hui à la limite de l’obsolescence la plus totale. Et pourtant ils servent toujours au-dessus du territoire métropolitain autant qu’au sein de l’opération Barkhane, permettant ainsi à nos pilotes de chasse de pouvoir frapper les positions djihadistes même au plus loin de leurs bases.

Enfin ce vendredi 7 mai 2021 l’Armée de l’Air et de l’Espace a réceptionné son quatrième Airbus Defence & Space A330 MRTT Phénix. Il s’agit là de l’avion le plus moderne au monde dans sa catégorie, devant le Boeing KC-46 Pegasus américain ou encore l’Ilyushin Il-78 Midas ex-soviétique et désormais russe. Malgré une surmédiatisation l’an dernier dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 le Phénix demeure minoritaire dans notre aviation militaire, et devrait le rester encore quelques années. Un cinquième avion est d’ailleurs attendu sur la Base Aérienne 125 d’Istres le Tubé en juillet prochain.

Rappelons que les tankers ne font pas que soutenir l’action de nos avions en opérations extérieures ou en mission de police du ciel, il assure aussi une permanence auprès de la force de dissuasion nucléaire. Un ou plusieurs ravitailleurs en vol peuvent être appelés à décoller en alerte afin de soutenir le ou les Rafale B qui porteurs d’un missile ASMP-A viendraient atomiser une cible décidée par le pouvoir exécutif. C’est d’ailleurs l’essence même du ravitaillement à la française, l’aviation stratégique.

Ce petit constat sur l’état de notre flotte française de ravitaillement en vol n’a pas pour vocation à critiquer le processus en cours. Il rappelle juste la lenteur finalement de son exécution. Une faible vitesse qui peut surprendre les néophytes et béotiens mais qui s’explique par le fait qu’Airbus DS n’a pas que l’Armée de l’Air et de l’Espace comme client pour son A330 MRTT, loin de là d’ailleurs. L’avionneur doit aussi livrer les avions destinés aux autres forces aériennes.
Il faudra attendre la fin de la décennie pour enfin posséder une flotte complète d’A330 de ravitaillement en vol.

Photo © Armée de l’Air et de l’Espace.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

7 Responses

  1. La montée en puissance continue. Il nous reste 3 Transall NG pour ravitailler les deux C-160G Gabriel, 2 C-135FR sont à la retraite, les 2 KC-130J sont opérationnels et le A-400M commence à ravitailler les Caracal. Qui va piano va sano !

    1. Les Transall C.160NG sont encore plus mal en point structurellement parlant que les C-135FR. Quand à l’A400M il n’y est apte qu’à titre expérimental.

  2. Certes c’est lent.
    Et c’est la procédure accélérée lors de la réactualisation de la LPM.
    Il me semble (si je ne dis pas d’âneries) que la France a aussi prévu 25 kits de ravitaillement en vol pour les A400M, aptes au ravitaillement d’avions de combat (ça a été validé par les F-18 espagnol).
    À terme, la France disposerait de 15 MRTT, 2 KC-130j et 25 A400M possiblement gréé-ables en ravitailleurs.
    Potentiellement, on se retrouverait avec un maxi théorique de 42 ravitailleurs en vol.

    1. J’aimerais Steph être aussi optimiste que vous sur le dossier des A400M Atlas utilisés comme ravitailleurs d’appoint. Mais bon qui vivra verra. 😉

      1. J’ai tendance à voir le réservoir à moitié plein 😉
        C’est vrai que c’est certainement optimiste et théorique..

  3. J’ai lu qu’un A330 serait loué à l’Inde, je ne me trompe pas ?
    Donc un de moins pendant quelques mois …
    BJ

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