L’Amérique commémore les 80 ans de l’attaque aérienne contre Pearl Harbor.

C’est un des faits les plus célèbres de la Seconde Guerre mondiale. Il y a 80 ans jour pour jour, le dimanche 7 décembre 1941 au matin, l’aéronavale de l’empire japonais frappait l’archipel d’Hawaï. Si l’attaque de Pearl Harbor fut indubitablement une grande victoire aérienne ce fut, rétrospectivement un échec stratégique cuisant : l’Amérique était désormais en guerre contre l’Axe. Et avec elle sa machine de guerre industrielle autant que la volonté de revanche de tout son peuple.

Les cuirassés USS Tennessee et USS West Virginia en feu au matin de l’attaque.

Psychologiquement l’attaque aérienne contre Pearl Harbor fut un choc sans commune mesure jusque là en Amérique. Pour la première fois de son histoire elle était directement confrontée à un ennemi qu’elle jugeait globalement comme inférieur militairement et qui pourtant lui avait asséné un coup quasi fatal. L’US Navy avait perdu près de 60% de ses capacités opérationnelles dans le Pacifique. L’US Army Air Force ne disposait plus de terrains et d’appareils disponibles sur l’archipel hawaïen. Le Japon avait réussi son pari.
Enfin à court terme.

Car la réaction du gouvernement fédéral des États-Unis fut immédiate : l’entrée en guerre des États-Unis contre l’empire nippon. Par le jeu des alliances au sein de l’Axe l’Amérique déclarait également la guerre à l’Allemagne nazie et à l’Italie fasciste. La guerre devenait réellement mondiale. Et tout était partie d’une attaque aérienne.
Désormais Washington DC n’avait plus à se cacher pour livrer des armes, des avions, des chars, des navires, des vivres aux forces du Commonwealth britannique et à l’Union Soviétique. La loi de prêt-bail allait marquer à jamais l’histoire aéronautique et militaire.

Le Japon espérait en détruisant la flotte de Pearl Harbor que l’Amérique se sentirait anéantie et cesserait toute assistance aux Alliés tout en relançant les livraisons de pétrole vers l’archipel nippon. C’est la situation inverse qui s’est produite. Le jeu en valait t-il la chandelle ? Nous ne le saurons jamais.
Aujourd’hui Américains et Japonais ont enterré la hache de guerre et sont devenus de précieux alliés les uns pour les autres. Pour autant depuis la fin de la guerre l’archipel nippon demeure sous présence militaire (occupation ?) américaine permanente.

Pearl Harbor est aussi entrée dans la légende grâce à Hollywood.
Des films devenus cultes comme «Tant qu’il y aura des hommes» de Fred Zinnemann avec Burt Lancaster, Montgomery Clift, ou encore Deborah Kerr ou bien «Première victoire» d’Otto Preminger avec John Wayne, Kirk Douglas, ou encore Patricia Neal. On ne peut pas parler de Pearl Harbor sans aborder le légendaire film de guerre américano-japonais «Tora ! Tora ! Tora !» de Richard Fleischer et Toshio Masuda ou encore le blockbuster «Pearl Harbor» de Michael Bay avec Josh Hartnett, Ben Affleck, ou encore Kate Beckinsale.
Plus anecdotiques l’excellent film de science-fiction «Nimitz, retour vers l’enfer» de Don Taylor avec Kirk Douglas, Martin Sheen, et Katharine Ross se déroule quelques heures seulement avant l’attaque ; l’hilarante comédie «1941» de Steven Spielberg a elle pour période les jours qui suivent Pearl Harbor. On y retrouve notamment Dan Aykroyd, Treat Williams, ou encore Nancy Allen. Ce dernier film est vraiment à voir à mon sens.

Restes d’un amphibie Consolidated PBY Catalina après l’explosion d’une bombe japonaise à Pearl Harbor.

Toujours est t-il qu’en ce 80e anniversaire il s’agit sans doute d’une des dernières commémorations avec des survivants. Toutes et tous sont désormais centenaires ou presque. Un moment de forte émotion, autant pour les Américains que les Japonais.
Rappelons qu’un futur porte-avions portera le nom d’un héros de Pearl Harbor.

Illustrations © US Naval Museum & US Library of Congress.

NDLR : L’illustration en couverture de l’article est une œuvre de l’artiste américain Charles Hubbell représentant des bombardiers-torpilleurs Nakajima B5N «Kate» fonçant au matin du 7 décembre 1941 sur Pearl Harbor. L’originale se trouve dans les réserves de la bibliothèque du Congrès à Washington.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

9 réponses

  1. L’attaque surprise fut certes un choc mais elle est finalement quelque peu raté. Le bilan humain est lourd avec 2400 morts mais l’US NAVY n’a perdu que 2 navires, datant de la première guerre mondiale. 16 autres ont été endommagés dont 11 ont été réparés et repris le service en moins d’un an. Les japonais ciblait surtout les 3 porte-avions qui devaient être au port à ce moment là. Mais par chance ils étaient éparpillés à plusieurs endroits du Pacifique.
    Grâce à cette attaque Roosevelt à pu faire entrer son pays en guerre, car avant ça l’opinion publique américaine ne voulait pas se mêler d’une nouvelle guerre européenne.

  2. Les communautés Japonaises aussi bien aux USA qu’en Nouvelle Calédonie s’ent souviennent encore ( mise en camps d’internement aux USA, extradradition et spoliation de terres agricoles en NC, ou camp, voir un petit tour au bagne pour apprendre à casser du nickel…, un documentaire à ce sujet fort juste sur la 3 : Destins brisés. Bref il est certain que cela a vraiment changé la donne et loin au dela de l’Europe.

  3. La semaine ou l’Axe a perdu la seconde guerre mondiale, en deux jours, tout a changé. Le 5 décembre Joukov lance une contre-offensive à Moscou avec les divisions sibériennes, mettant un point d’arrêt a l’invincibilité de l’armée nazie, le 7 le Japon fait entrer le géant US dans le camp allié. Il faudra cependant 3 ans aux allies pour finir de mettre l’Axe à terre.

  4. Les stratèges japonais ont toutefois été inspirés par la Royal Navy qui en novembre 1940 ont fait la même chose à nos amis italiens en rade de Tarente. Certes, pas à la même échelle puisque l’attaque anglaise se composait d’une vingtaine d’appareils seulement.

    1. Malheureusement Laurent la théorie de l’inspiration de Tarente a été souvent avancée mais jamais prouvée par le moindre historien.

      1. Bon ben j’ai perdu une occasion de me taire 🙂
        Bref, il faut quand même reconnaitre que pour des avions quasi-obsolètes en debut de guerre , les vieux Fairey Swordfish ont été fort utiles pour la Royal Navy.

        1. En fait c’est une théorie archi connue, reprise dans pas mal d’ouvrages mais étayée par aucune recherche historiographique.

  5. Bonjour,

    Je ne saurai que trop vous recommander la lecture d’une analyse technique de l’attaque de Pearl Harbour récente.
    Elle est bien loin de certains films documentaires ou ouvrages qui ont « un peu exagéré », dans un sens ou l’autre, comme encore sur France 2 cette semaine abordé la question sans évoquer de chiffres précis, malgré des belles images colorisées. Bon je passe aussi sur la séquence des « SBD » passant pour des avions japonais…. (sic).
    Les faits sont pourtant « têtus ». La lecture de cet ouvrage remet un peu les pendules à l’heure :

    « The Attack on Pearl Harbor: Strategy, Combat, Myths, Deceptions » by Alan D. Zimm.

    Très bon décryptage tactique et technique des évènements. et des moyens techniques utilisés par les japonais, de même que le réalité des frappes et leur « désorganisation ».

    Vassili

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