Les discrets (et précieux) auxiliaires des missions de réassurance de l’OTAN.

La décision du dictateur russe Vladimir Poutine d’attaquer et de tenter d’envahir l’Ukraine souveraine au matin du 24 février 2022 n’a sans doute pas eu l’effet qu’il escomptait pour l’alliance Atlantique. En effet au lieu de se recroqueviller elle s’est déployée aux frontières mêmes de l’état agressé afin de protéger ses pays membres de la folie du maître du Kremlin. C’est ainsi que les missions de réassurance se sont généralisées et avec elle le déploiement massif d’avions de chasse mais aussi de ravitailleurs en vol. Et ces derniers n’ont, depuis onze mois, pas franchement été mis sous les feux des projecteurs.

D’ailleurs nous plaidons coupables nous aussi. Nous avons largement préféré nous focaliser sur les Dassault Aviation Rafale F3-R de l’Armée de l’Air et de l’Espace, sur les Eurofighter EF-2000 Typhoon de l’Ejercito del Aire et de la Royal Air Force, ou encore sur les Lockheed-Martin F-35A Lightning II de l’US Air Force pour ne citer qu’eux. En gros sur ce qu’il y a de plus facile et de plus visible dans les missions de réassurance de l’OTAN : les avions de chasse.

Sauf que devant l’immensité des espaces aériens baltes, de celui de la Pologne, ou encore de la Roumanie les chasseurs sont vite limités en terme d’autonomie et de rayon d’action. Surtout s’ils doivent brûler du carburant en post-combustion afin de rejoindre un ou plusieurs intrus. Dans le même temps tous les pays n’ont pas la possibilité, ou pas la volonté, de déployer leurs avions de combat dans les pays menacés par la Russie contemporaine.
Les Rafale F3-R français par exemple survolent régulièrement les territoires polonais ou roumains depuis leurs nids respectifs de Mont-de-Marsan ou de Saint-Dizier. Ça fait une trotte, rien que pour y aller et en revenir. Il peut en être de même pour les Typhoon FGR4 du N°12 Squadron britannique qui décollent de leur base de RAF Coningsby dans l’est de l’Angleterre.

Comme pour toute opération de grande ampleur donc les planificateurs ont prévu d’adjoindre aux pilotes de chasse des équipages de ravitailleurs en vol. La réassurance de l’OTAN est devenu au fil des mois le pré carré de l’Airbus DS A330 MRTT. Sous les couleurs de l’Escadron de Ravitaillement en Vol et de Transport Stratégique 1/31 Bretagne français, des N°10 et N°101 Squadrons britanniques, ou encore du NATO MRTT Squadron international ce gros biréacteur a su se tailler la part du lion. Pour le coup les Boeing KC-135R / C-135FR américains et français ou encore les Boeing KC-46A /KC-767 américains et italiens sont à la peine pour exister. Pourtant à bord de chacun d’entre eux des femmes et des hommes ne comptent pas leurs heures et prennent tous les risques pour remplir leur mission : allonger l’autonomie des chasseurs alliés.

Un A330 MRTT Phénix français opérant au profit de Rafale français et de Typhoon allemands. C’est aussi ça la coopération atlantiste.

Car oui malgré une chasse russe moribonde depuis plusieurs mois ce n’est pas sans risque de maintenir des tankers à quelques dizaines de kilomètres de l’une des armées les plus belliqueuses de la planète. Les ravitailleurs en vol pourraient représenter des cibles de choix pour les missiles air-air et sol-air tirés par les forces adverses.
Fort heureusement jusque là aucun incident n’a été enregistré.
De jour comme de nuit les équipages alliés ravitaillent des avions souvent de pays différents du leur. C’est aussi ça les opérations internationales, les avions coopèrent les uns avec les autres. Et c’est là la grosse différence entre l’OTAN et la Russie : cette dernière est seule ! Aucun de ses alliés n’a les moyens, ou la volonté, de l’aider dans son agression de l’Ukraine.

Au travers de ce court focus je voulais rendre hommage à ces militaires qui quotidiennement agissent depuis leurs tankers dans l’ombre des pilotes de chasse. Eux aussi protègent l’Europe de la folie d’un seul homme.

Photos © OTAN.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

2 réponses

  1. Les tankers ont effectivement peu de visibilité médiatique. Ils sont pourtant essentiels tout comme les hommes et femmes qui les font voler : on pense aux pilotes bien sûr, mais aussi aux techniciens et aux pistards sans qui cette organisation n’aurait qu’une existence théorique.

  2. Bonjour,

    Bel hommage effectivement rendu à ces militaires et aviateurs dont on parle beaucoup moins.

    pas de KC-10 actuellement déployés dans le cadre de ce récent deploiement massif ?

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