L’Armée de l’Air et de l’Espace achève bien ses Transall.

C’est sans doute un des plus mythiques avions ayant porté la cocarde tricolore au cours des 50 dernières années et un élément essentiel de l’amitié franco-allemande. Un an après leur retrait du service dans l’Armée de l’Air et de l’Espace les anciens C.160 Transall de la Base Aérienne 105 d’Évreux ont entamé leur voyage vers leur dernière demeure. Un trajet par la route et non par les airs qui les conduit de leur chère Normandie vers une Auvergne-Rhône-Alpes bien moins chatoyante pour eux. Un périple de cinq jours en raison des obligations de circulations des convois exceptionnels sur nos routes.

Comme l’a si bien chanté l’excellent Charlélie Couture ces Transall sont désormais des  «avions sans aile». Du coup les grues louées par l’Armée de l’Air et de l’Espace peuvent plus facilement les fixer sur les plateaux remorques des poids lourds, ce que l’on appelle encore parfois des porte-chars. Interdiction évidemment pour ces convois exceptionnels de passer par le système autoroutier français, ses ponts n’apprécieraient sans doute pas qu’un Transall passe dessous. Il faut donc que les dits convex empruntent le réseau secondaire, celui des routes nationales et départementales. Et le tout sans trop forcer sur le champignon, sans avoir de semelles plombées. On comprend donc mieux qu’il faille cinq jours aux chauffeurs routiers pour rallier l’Eure à l’Ain.

Une fois arrivés sur place les fuselages et les postes de pilotage de ces vénérables avions de transport tactique ne seront pas jetés à la ferraille. On n’est plus au 20e siècle. Au 21e  la cause environnementale, l’écologie comme on l’appelle communément, est passée par là. Et c’est tant mieux. Les techniciens vont devoir désosser les Transall et tenter de recycler ce qui peut l’être. Ferrailles, plastiques, composites, verrerie, câblages, garniture, tout doit être déposé avant une totale dépollution des différents éléments. Selon les normes actuellement en vigueur dans l’Union Européenne un peu moins de 10% du Transall ne pourra pas être recyclé et finira donc à la décharge. Le reste aura droit à une seconde vie. Bien évidemment les équipements les plus sensibles comme l’avionique ou les systèmes de communication ont déjà été déposés sous contrôle du ministère des Armées.

Les Transall voués à cette déconstruction sont ceux qui n’ont pas trouvé preneur dans les musées aéronautique de France et d’Europe. Triste ironie qu’il faille des camions terrestres pour transporter les anciens camions volants. Des convois exceptionnels aux forts faux airs de convois funéraires.

Photos © Armée de l’Air et de l’Espace.

NDLR : Afin de respecter les textes en vigueur en Europe nous avons décidé de masquer les plaques d’immatriculations des camions et remorques visibles dans l’article. Des rectangles noirs apparaissent en lieu et place.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

14 réponses

  1. Quel tristesse c’était un belle avion
    Justement mon père était basés à Évreux dans les années 80 et à fait quelques saut en parachute depuis les c160 d’Évreux
    Peut être sur cette photo c’est l’un des c160 qu’il a prix c’est encore plus triste pour moi du coup

    1. Par contre visiblement votre père n’a pas insisté sur votre apprentissage de l’orthographe et de la grammaire. Et ça c’est encore plus triste.

      1. Vous savez Dimitri il y a de fortes chances que Batiste et Jaques ne soient qu’une seule et même personne, avec la même orthographe approximative.

        1. Si sur le fond je suis d’accord avec vous je vous rappelle juste que sur la forme le mot dieu ne prend pas de majuscule en français. C’est depuis 1905 un nom commun.

        2. Pour une fois que Batiste ne soit pas énervé parce que les C-160 sont recyclés et pas feraillés

  2. Par les temps qui court et le manque chronique d’avions de transport en France, pourquoi ne pas les avoir garder sous cocon?…au cas ou…

    1. Parce qu’ils sont usés jusqu’à la moelle, et parce qu’il n’y a plus de pièces détachées disponibles. C’est la principale raison de leur retrait, outre leur obsolescence évidente. Et les mettre sous cocon ? Pour les stocker où ? Autant un 2000 c’est concevable, mais un Transall, ça prend de la place. Je rapelle que Châteaudun a fermé et plus aucun appareil n’y est stocké. Et on a pas de désert à disposition pour les laisser dormir au soleil comme nos amis Américains…

  3. Passant par la Commune de Nesploy (45) ce mardi pour un rendez-vous professionnel, j’ai croisé 2 de ses transall sur le bord de la route. Je n’ai pas pu m’empêcher de faire demi-tour pour les admirer une dernière fois et prendre quelques clichés. En revanche ils portaient le numéro de la 61eme escadre. Cette dernière n’était-elle pas rattachée à la BA 123 d’Orleans-Bricy ?

  4. Merci Arnaud pour cet article.
    Sans votre reportage, personne ne parle de la fin de vie de ces Transall.

    Au moins, grâce à vous, on connaît leurs destinations finales. Les photos sur les porte-chars sont impressionnantes !!!

    Savez-vous s’ils y aura d’autres convois comme celui-là et combien il reste de Transall à de construire à Évreux ?

    D’avance merci.

  5. Et comment recycler une part immatérielle que contiennent ces fuselages ? La trouille de tous les paras qui en sont sortis en plein vol. Pour nous cet avion restera mythique…

  6. J’ai eu l’immense bonheur de voler et travailler sur cet extraordinaire avion
    C’est un crève-cœur de le voir finir comme ça

  7. Je suis bien triste également de voir ça, mais pas le choix .
    En 1995 et même un peu avant on n évitait de sauter à partir de la tranche arrière de nos transall puis ça a été totalement interdit.
    Ils étaient déjà bien fragiles.
    On réservait ça aux C130 hercules beaucoup plus récents. J’ai contrôlé sur mon carnet de saut…
    Je n ai pas eu l honneur de jumper de cet appareil ci.
    RiP !

  8. Bonjour
    Je voudrais que l’on se rappelle que la vraie appellation de ce magnifique destrier est TRANSALL C 160, Transall étant le nom du consortium qui l’a fabriqué.
    Contrairement à ses voisins de parking d’Orléans l’Airbus A400M « Atlas » et le Lockheed Martin C-130-H « Hercules », il n’ a pas de nom…
    Et pour le prouver, il n’y a qu’à regarder sa dérive : c’est inscrit dessus comme le port-salut…

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