La Russie menace Finnair et l’Estonie

On apprenait récemment que le transporteur finlandais Finnair est contraint de suspendre jusqu’au 31 mai ses vols vers Tartu en Estonie. Désignée capitale européenne de la culture en 2024, cette ville accueillera plus de 300 événements tout au long de l’année. Finnair venait de lancer une liaison régulière d’Helsinki vers Tartu avec deux vols quotidiens, six jours par semaine. Pour cette nouvelle liaison régionale, Finnair utilisait des appareils ATR-72.

Prise à contre-coeur, cette décision est justifiée par des perturbations des signaux GPS affectant l’approche de l’aéroport de Tartu. Finnair fut même contraint de détourner dernièrement deux vols qui s’apprêtaient à s’y poser. La Russie est clairement responsable du brouillage des signaux GPS qui ont augmenté au cours des deux dernières années, notamment près de l’enclave de Kaliningrad, de la mer Noire, de la mer Caspienne et de la Méditerranée orientale. Le ministre estonien des Affaires étrangères, Margus Tsahkna, a déclaré que les brouillages effectués par la Russie sont si dangereux qu’ils provoqueront tôt ou tard un crash.

Cette affirmation n’est pas exagérée, sachant que les militaires russes font peu de cas de la vie des innocents comme le démontre les sauvages bombardements de cibles civiles en Ukraine. Aussi, rappelons que la Russie a déjà causé la perte de centaines de passagers civils du vol KE007 de la Korean Airlines et du vol MH-17 de la Malaysia Airlines. Rappelons également la propension des aéronefs militaires russes à voler avec leurs transpondeurs désactivés, une contravention flagrante des règles internationales de sécurité aérienne.

La plupart des aéroports utilisent des méthodes d’approche alternatives, mais certains aéroports, comme celui de Tartu, sont totalement dépendants du système GPS. Pendant la suspension des vols de Finnair, des solutions alternatives seront implantées à l’aéroport de Tartu pour garantir des opérations sûres qui ne dépendront plus uniquement des signaux GPS. Cela permettra  de se prémunir contre les interventions malveillantes de la Russie.

Poutine n’ayant jamais digéré l’indépendance des États baltes et fustigé l’adhésion récente de la Finlande à l’OTAN, cherche-t-il à se venger ? Cela va sans doute rappeler de biens mauvais souvenirs aux Finlandais et aux Estoniens. Suite à l’agression de l’URSS en 1939-1940, la Finlande fut dépossédée d’une grande partie de son territoire.  Quant à elle, l’Estonie fut envahie par les hordes de Staline. Plutôt qu’intimider ses voisins, le petit Tsar ne fait que renforcer leur détermination à se défendre face aux grognements et à la posture agressive de l’ours russe. Qu’on le veuille ou non, tous les pays membres de l’OTAN sont de facto engagés dans une guerre hybride avec la Russie comme le prouve à nouveau ce nouvel épisode.