Le Dassault Aviation Rafale refait parler de lui au Brésil.

Et si cette fois c’était la bonne ? En mars dernier une petite phrase prononcée par Emmanuel Macron mettait le feu aux poudres sur le dossier du remplacement des AMX A-1M et des Northrop F-5EM/FM Tiger II de la Força Aérea Brasileira. À l’approche du sommet du G20 à Rio de Janeiro dans trois semaine le dossier revient sur la table avec cette fois un chiffre : il serait question de vingt-quatre Dassault Aviation Rafale F4. Et puis aussi d’hélicoptères légers, de sous-marins, ou encore de véhicules terrestres.

En fait le Rafale F4 revient dans le jeu brésilien au meilleur moment pour lui. D’abord le rythme des livraisons de Saab JAS 39E/F Gripen est toujours aussi lent, trop même si on en croit les médias brésiliens. Et ensuite la flotte de chasseurs F-5EM/FM Tiger II est immobilisée pour une durée indéterminée. De ce fait la Força Aérea Brasileira fait ici l’expérience de voler avec seulement quelques avions d’attaque au sol A-1M totalement inadaptés à la défense aérienne et avec moins d’une quinzaine de chasseurs multi-rôles F-39E/F Gripen. Rappelons que le Brésil en terme de superficie c’est 17 fois la France, ce n’est donc pas exactement un petit pays.

Même si Dassault Aviation livre encore ses Rafale à un rythme jugé parfois lent c’est un avionneur qui n’a jamais souffert de retards considérables. Sauf peut-être durant la période de confinement du Covid-19, mais là tous les constructeurs étaient logés à la même enseigne ! Aussi cela se sait que l’industriel français est fiable à bien des égards, bien plus que son concurrent suédois. Et ça aux yeux des Brésiliens c’est forcément un argument massue. En outre ils peuvent compter sur leurs partenaires indiens, au sein de l’organisation BRICS, pour leur confirmer les qualités intrinsèques du jet clodoaldien. Enfin le Rafale a le vent en poupe au niveau continental, Colombiens et Péruviens l’ayant largement dans leurs collimateurs respectifs. Si les Brésiliens veulent continuer d’avoir la puissance dominante dans les cieux sud-américains ils doivent donc eux aussi faire l’acquisition d’exemplaires. Car sinon leurs Saab F-39E/F Gripen risquent bien d’avoir l’air miséreux en exercices internationaux face à des Dassault Aviation Rafale colombiens et/ou péruviens.

Inutile de demander le montant du chèque à signer, ni l’Élysée ni l’avionneur ne communique dessus. Et pour cause c’est plutôt un «package» que la France propose au Brésil. Il est question d’un cinquième sous-marin de classe Scorpène, localement connue comme classe Riachuelo, avec ouverture à la technologie nucléaire. On parle aussi d’obusiers automoteurs Caesar et de blindés Griffon. Et puis d’hélicoptères…

Il est ici question de cinquante Airbus Helicopters H145/H145M destinés aussi bien à la Força Aérea Brasileira, qu’à la Marinha do Brasil, ou encore à l’Exercito do Brasil. Pour la première il s’agirait de remplacer les deux Eurocopter EC-135 utilisés pour le transport urbain des hautes personnalités tandis que pour la seconde il s’agirait de trouver un successeur aux Aérospatiale AS.355 Écureuil 2 de soutien logistique retirés du service sans réel remplaçant en 2022. Ces deux cas de figure concerne le H145. Pour le H145M c’est donc la troisième armée, l’armée de terre. Et là c’est le gros morceau car ces H145M seront forcément, au moins en partie, dotés du système HForce. Ils devront en effet remplacer les actuels Aérospatiale AS.550 Fennec à bout de souffle dans les missions de reconnaissance armée et de liaisons. En outre on sait que l’Exercito do Brasil lorgne depuis plusieurs années maintenant sur l’EC-145 puis aujourd’hui sur le H145 comme hélicoptère d’évacuation sanitaire.

Même si le Rafale F4 sera la vitrine de ce super contrat qui semble se dessiner entre Macron et Lula il ne faut pas oublier que c’est aussi un travail de fond rendu possible par les failles de l’avionneur suédois Saab. Si l’avion français venait à être commandé ce serait une belle revanche…

Affaire (forcément) à suivre.

Photo © Armée de l’Air et de l’Espace


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

17 Responses

  1. Je regarde cette proposition avec circonception.
    Le Brésil n’est pas un client naturel pour la France car il n’est pas très solide économiquement, est secoué de violentes crises politiques, et un pays ne voye pas pour un fort en thème comme un Jair Bolsonaro sans gros problèmes internes.
    Et m. Lula ne m’inspire guère confiance, certes, il est plus modéré mais il existe une petite brouille entre ses amitiés par convergence entre lui et M. Macron, tous les deux critiques envers les méthodes Israéliennes et ses militaires. Les seconds veulent l’ATMOS Israélien quand le président veut couper les ponts avec le fournisseur de multiples solutions sur étagère.
    Bref, c’est compliqué.
    Et l’entrisme US ne devrait pas être moins violent en 2024 qu’en 2015.
    C’est d’ailleurs les manœuvres en sous main de la diplomatie US qui a amené les Brésiliens a choisir un avion sur plans: le Grippen E.
    Je suis bien aise de les savoir dans l’attente de la dotation complète alors qu’en 2015, Dassault pouvait fournir sans effort.
    Mais je ne suis pas une personne charitable.

    1. Qui êtes vous et qu’avez vous fait de notre Fabien ? Sans rire le Brésil est le super client de la France. 85% de leurs hélicos sont estampillés Eurocopter ou Airbus Helicopters. Sans compter que la FAB a volé longtemps sur Dassault avec le Mirage III (localement connu comme F-103) et pendant quelques années sur Mirage 2000C.

      1. Comme l’avait dit Eric Trappier en 2023, nous sommes dans un ‘moment Rafale’. Les Brésiliens seront comme les Marocains, Bangladeshis, Péruviens, Colombiens, Saoudiens, Oman et d’autres vont prendre du Rafale car c’est l’appareil le plus adapté et polyvalent pour beaucoup de forces aériennes. Il a tout ce qu’il faut et dispose d’une évolutivité exceptionnelle avec le standard F4 et le lancement du super Rafale F5. Comme l’avait dit Marcel Dassault, « le Rafale ne sera pas Européen, il sera mondial »

        1. Oui on dirait aujourd’hui une « punchline » devenue légendaire, prononcée il y a 38 ans (j’étais devant le JT) avec un tel regard malicieux. Marcel Dassault et son fils Serge avaient la certitude chevillée au corps des qualités époustouflantes de leur nouvel avion! Et une conviction absolue, sans faille, pour Serge Dassault quant à l’avenir promis à ce chef-d’oeuvre, en particulier durant les 15 années hallucinants de « Rafale bashing » franco-français.
          Heureusement que j’étais assis quand j’ai vu cet article d’Arnaud, la question brésilienne étant pour moi résolue depuis longtemps… Je n’ai pu réfréner un authentique « Ça alors! »

  2. Une partie de la commande des Saab Gripen n’est elle pas assemblés au Brésil ? Le problèmes de livraisons ne viendrait il pas de là ? Parce que la chaine de montage du Gripen en suède ne doit pas être surchargée, il me semble!

  3. N´oubliez pas que le dernier grand contrat de 50 H225M pour les 3 armées brésiliennes a été fait sous un gouvernement Lula, á l’époque de Sarkosy. Même s’il y a eu des difficultés pour suivre le calendrier initial de remise des appareils pour des questions financières discutées par les gouvernements successifs, le projet a été mené à bien sans faille du fabricant AH. Je dirai donc que cela compte pour le futur.
    Concernant le Rafale qui à l’époque faisait partie des choix possibles, la grosse difficulté et le blocage fut pour les accords sur le transfert de technologie, Dassault Aviation n’a pas réussi à trouver le bon accord, alors qu’Airbus Hélicopters l´a fait sur ses contrats offset. Ici, quasiment tous les grands contrats industriels et autres, la majorité se font s´il a des accords de fabrications d´éléments au Brésil (et/ou activités diverses), par des entreprises brésiliennes qualifiées.
    Au sein des Forces, la FAB est toute puissante. Il faut donc compter avec eux.
    Arnaud, la flotte Airbus Helico est important, oui, mais loin de 85%. Y compris elle a beaucoup perdu au cours des 10 dernières années. La concurrence est présente et gagne plusieurs marchés.

      1. Arnaud, ok. Ma réponse était globale, et non pas seulement les militaires et parapubliques, c´est pour cela que j’ai écrit la flotte AH. D’où la divergence de valeur. Coté militaire, le pourcentage a peu changé au cours de 15 dernières années. Pour exemple sans rentrer dans les détails : La gamme hélico Super Puma, une grande majorité est passée sur H725M, les fennecs ont été modernisés même si certains n’ont pas été reconstruits – Une partie des écureuils – Pour les dauphins AS365K, ceux qui étaient en service (34) ont été retrofités en AS365K2. Concernant le marché parapublique (qui est un grand marché avec la grande variété de police – pompiers – ect …), si certains continuent avec l’avionneur Airbus, évitant ainsi le mélange de type de constructeurs dans leur flotte, plusieurs ex-clients Airbus sont passés chez Leonard et Bell.

  4. Quand je vois cela je me dit il faut absolument arréter les délires de nos ********* de traites de dirigeants et développez français. Les projet de scaf et de char franco allemand ces encore une trahison. L’Europe ces une trahison de plus. Sortons de l’Europe et de l’Otan. La France est un grand pays nous avions nos colonies est à cause de ces gros ** de socialiste on à tout perdue. Mitterrand et Hollande voulait pas du Rafale ils l’aimaient pas ces antifrançais il l’on dans le *** !!!

    1. Premier et dernier avertissement : évitez les insultes, invectives, et vulgarité. Ça m’évitera le recours aux astérisques. Vous n’auriez pas abusé des friandises d’Halloween vous par hasard? Trop de sucre c’est mauvais pour la santé, c’est l’Europe qui le dit.

      1. Oui et surtout le sucre cela fermente et on voit la, le résultat de l’abus de sucre fermenté….
        Je suis quand même surpris que Saab n’arrive pas à fournir, si quelqu’un a des explications?

        1. C’est peu être plus l’assemblage sur place au Brésil qui est compliqué avec une ligne de production créee de toute pièce pour eux. C’est pas forcément simple d’assembler pour la première fois un avion de combat de ce niveau.

      2. Bonjour Arnaud, concernant le commentaire en question, pour une fois nous n’avons pas eu le fameux « vous allez voir en 2027, on va vous virer » ! Un coup de fatigue sans doute de son auteur. En attendant, je lis toujours avec beaucoup de plaisir vos articles mais aussi les commentaires qui sont souvent très intéressants et même pour certains complémentaires à ce que vous avez écrit. Votre site est une mine de savoir et d’informations, bravo!

    2. Mitterrand et Hollande ne voulaient pas du Rafale ? Tu as des preuves ? Parce que c’est tout de même Mitterrand qui a lancé le programme et Hollande qui a vendu les premiers exemplaires à l’étranger, en Egypte et en Inde si je ne me trompe. Et franchement les colonies françaises qui y pense encore hormis toi ?

      1. C’est assez confus.
        Mr Mitterrand était pacifiste, mais voulait poursuivre la vision Gaulliste de la France indépendante.
        Mais l’Histoire se moque des hommes, grands ou petits.
        En 1984, il fait passer à R. Reagan une liste d’espions et gagne sa confiance.
        Dans le même temps, il se déchire avec son gouvernement sur les budgets sociaux et militaires.
        C’est en 86 qu’arrive J. Chirac.
        C’est lui qui annoncera le trio Charles De Gaulle Rafale et char Leclerc.
        Avait il la main sur la question ? Le demander en dit long sur mon ignorance. Reste qu’en 2024 e sont des prototypes des années 80 qui représente notre dissuasion (classique et nucléaire).
        Pour F. Hollande, il est au budget quand un amiral s’indigne du coût du programme Rafale : il veut des F18 d’occasion disponibles de suite.
        Super Marcel (Dassault) monté au créneau et c’est M. Hollande qui tranche en assurant que le Rafale peut et doit équiper le « grand Charles ».
        La source est dans un hors série du fana de l’aviation.

  5. Les brésiliens ont toujours opéré 2 types d’avions pour des raisons doctrinale. La question du rafale n’est donc pas si hors sujet même si c’est un candidat parmi d’autres. Le problème pour Dassault et la team rafale ce sont les contreparties industrielles mais aussi le côté problématique des contrats avec les brésiliens. Regardez Saab. Si vous êtes Dassault, avec une activité jet d’affaires, Dassault electronic, Dassault system, tous très présents aux États-Unis. Je ne suis pas sûr qu’ils aient très envie d’y aller à tout prix pour se retrouver avec procès pour corruption.

  6. Bonjour Arnaud et les passionné(e)s.
    Encore une fois merci des informations quasiment en live que nous offre Arnaud et la qualité des échanges des contributeurs.
    Je ne sais pas si l’on arrivera à vendre le rafale auprès des Brésiliens mais apparemment il s’agirait, selon le site méta-défense, d’une belle offensive (offre) industrielle française afin de relancer et pérenniser un marché local très dynamique et pour lequel la concurrence fait feux de tout bois.
    Croisons les doigts.

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