L’OTAN envisage de retirer du service ses Boeing E-3A Sentry.

Ce sont des avions symboliques de l’organisation atlantiste. La direction de l’OTAN a annoncé ce lundi 17 juin 2019 réfléchir à l’acquisition d’un nouveau système de détection aéroporté afin de remplacer ses seize actuels Boeing E-3A Sentry par des Boeing E-7A Wedgetail. Pour mémoire ces quadriréacteurs assurent depuis le début des années 1980 la couverture radar des états membres ne disposant pas de leurs propres moyens. Sauf qu’entre cette époque et aujourd’hui l’organisation s’est agrandie, absorbant au passage plusieurs pays jadis sous le joug soviétique.

Il n’a pas été très difficile pour l’OTAN de définir l’avion idéal afin de remplacer les désormais vénérables Boeing E-3A Sentry. La possibilité de remplaçant n’est pas très importante. Chez Boeing d’abord l’E-767 n’est plus produit actuellement, seul le Japon l’ayant acheté. Il ne reste donc plus que l’E-7 Wedgetail dérivé de l’avion de ligne à succès 737-700. De tels avions servent déjà en Australie, en Corée du sud, et en Turquie. Ce dernier pays est d’ailleurs membre de l’organisation tout comme le Royaume-Uni qui a annoncé son intention d’en acheter cinq exemplaires pour les besoins de la RAF.
Les autres compétiteurs sont quasiment hors concours. L’Embraer E-99 est produit par un pays étranger à l’OTAN et le Gulfstream G550CAEW jugé trop léger et inadapté. Et Airbus Defense & Space dans tout ça ? Bah rien, l’avionneur européen ne propose pas le moindre AWACS.
Évidemment la Chine et la Russie en sont naturellement exclues !

Il est bon de rappeler que les E-3A Sentry en service dans les rangs de l’OTAN n’ont plus grand chose à voir avec les E-3F utilisés par l’Armée de l’Air ou la Royal Air Force. Ils sont bien moins modernes, et n’ont jamais été améliorés. Cela se voit dès le premier coup d’œil avec les réacteurs TF33 d’ancienne génération bien plus bruyants et polluants que les CFM56 utilisés sur les avions britanniques et français. Le cœur de l’avion n’est pas l’AN/APY-2 comme sur les avions de ces deux pays et des États-Unis mais un AN/APY-1 de plus ancienne génération, disposant d’une capacité moins large de détection. En outre ils ne peuvent agir qu’en mode air-air uniquement.
Il est à noter que les E-3A Sentry de l’OTAN ne volent pas sous code tactique mais avec une immatriculation civile luxembourgeoise.

Bien que disposant d’un rayon d’action légèrement moins étendu les Boeing E-7 Wedgetail demeurent les plus corrects remplaçants possibles pour celui qui demeure le meilleur avion-radar de tous les temps. En filigrane se dessine la succession à venir dans l’Armée de l’Air et l’US Air Force, à moins que la première attende qu’Airbus soit capable d’y répondre. Autant dire que cela renvoie aux calendes grecques.
La décision finale de l’OTAN est attendue pour la fin de cette année et une commande passée dans les semaines suivantes. On peut envisager de voir voler les premiers E-7A Wedgetail atlantistes pour 2024-2025. D’ici là les Sentry devront tenir coûte que coûte.

Photo © OTAN.

 

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

5 réponses

  1. Le marché est trop petit pour qu’Airbus ne s’y intéresse. Cela ne peut être qu’une commande d’état conduite par Thalès pour garder notre indépendance.

      1. Il n’existe pas d’autre module disponible … et qui fasse le job (comme soutenir un raid nucléaire).
        Donc ce sera certainement du E-7 ou dérivé amélioré.
        La formule a aussi des avantages en termes de coûts d’exploitation.

  2. Malheureusement je vous rejoins, actuellement au niveau européen il n’existe rien sur étagère de similaire à l’E-7.

    Et c’est dommage, car nous avons pourtant un bon radar sur notre continent, l’Erieye de SAAB (qui a eu pas mal de succès à l’international sur différentes plateformes, plus petites cependant). Après tout, ses caractéristiques (radar fixe à antenne électronique active) et ses capacités (détection d’aéronefs ~450km) sont peu ou prou similaires à celles du radar de l’E-7. Si Airbus s’en donnait la peine, monter ce radar ou un dérivé amélioré sur un liner moyen-courrier (à l’instar de ce qui se fait ailleurs) pourrait en théorie tout à fait convenir comme avion AEW-C. En théorie, car l’avionneur ne semble jamais s’être intéressé à ce segment du marché, trop petit sans doute, et largement trusté par les américains (E-2, E-3, E-7…). Bref l’Europe a le matériel et les savoirs-faire, mais il y aurait pas mal de R&D, et personne n’a le temps ni l’envie de s’y consacrer vu que les appareils américains sont déjà là et satisfont.

    Comme on le commentait lors du récent choix britannique, c’est parce que le Wedgetail est d’une part éprouvé et d’autre part disponible sur étagère, que très sûrement l’OTAN ainsi que d’autres pays -nous compris ?- opteront pour ce choix pragmatique d’un appareil unique -pour une flotte interopérable, à l’instar de ce que fut le programme E-3 au sein de l’OTAN et ses pays membres.

  3. Pourquoi pas des e2d adv. Hawkeye???
    Son système de détection est tres complet et au moins aussi performant que l’e3f de plus la plate-forme est économique et endurante, ce qui permet d’en acheter 1 ou 2 de plus…
    L’inter-operabilite est de facto optimum, le seul bémol est le comfort de l’équipage, mais des pays comme le Japon ont fait ce choix.

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