Et si pour remplacer ses vieux jets la Serbie tournait le dos à la Russie au profit des États-Unis ?

C’est un drôle de schéma qui est en train de se dessiner à Belgrade. Cette semaine l’état-major serbe a officiellement annoncé qu’il s’intéressait à l’avion américain de nouvelle génération Boeing T-7A Red Hawk développé conjointement avec Saab. Pour cette force aérienne il s’agirait donc de rejeter la proposition russe autour du Yakovlev Yak-130 et de se tourner vers un pays qui n’est pas vraiment un de ses fournisseurs habituels. Les cartes sont t-elles en train d’être doucement rebattues dans la région ?

Car sur le papier Américains et Serbes n’ont jamais beaucoup commercé sur l’armement et le matériel militaire. Deux ou trois radars de défense aérienne datés de plus de 30 ans, quelques armes automatiques, des fusils à pompes, mais rien de plus. Belgrade achète bien plus à Paris qu’à Washington, c’est dire ! Même pas de Humvee ou d’UH-1H Iroquois de seconde main dans l’arsenal serbe.

Alors à quoi pourraient bien servir un lot de vingt jets d’entraînement dernier cri made-in USA ? Officiellement à remplacer les derniers Soko G-4 Super Galeb d’entraînement avancé et J-22 Orao d’appui tactique et d’attaque au sol. Car à Belgrade on croit dur comme fer les promesses de Boeing et de Saab sur un avenir du T-7A Red Hawk comme avion d’armes. Sans doute les Serbes ont t-ils raison sur ce coup là. Sauf qu’ils ne figurent absolument pas dans la sphère d’influence américaine.

Jusque là tout le monde aurait misé sur Yakovlev et son fameux Yak-130 qui a déjà fait ses preuves. Mais ça c’était avant. Avant la crise du coronavirus et ses répercussions sur l’industrie aéronautique mondiale. Si les avionneurs américains et européens ont morflé ce n’est rien en comparaison de ce qui se passe en Russie. Plusieurs experts internationaux envisagent désormais la disparition sous quelques mois d’avionneurs aussi légendaires qu’Ilyushin ou Yakovlev. Dans cette situation une commande serbe de Yak-130 aurait le risque de ne jamais être respectée. L’avionneur encaisserait les millions mais ne livrerait rien.

On peut aussi voir dans cette annonce serbe concernant les vingt Boeing T-7A Red Hawk une manière de peser justement face à la Russie. Belgrade pourrait demander un rabais du Yak-130 pour ainsi justifier son achat. Sauf que l’avion russe est bien moins cher que son homologue américain. Même si Boeing et Saab ne communiquent pas directement dessus il semble que 48 à 50 millions d’euros la pièce soit un prix raisonnable pour cet avion de nouvelle génération. Le Yak-130 de son côté n’excède jamais les 15 millions d’euros.
Au-delà il ne sera pas compétitif pour des pays comme l’Algérie, la Syrie, ou le Vietnam.

Coup de bluff alors ou réelle volonté de réorienter les acquisitions d’armement vers l’Occident ? La livraison récente des premiers Airbus Helicopters H145M plaiderait plutôt pour cette seconde hypothèse. Gardons-nous cependant de tirer des plans sur la comète.
Affaire donc à suivre.

Photo © ministère serbe de la défense.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

Une réponse

  1. Si la Serbie fait effectivement cet acquisition américaine, elle devra payer son gaz bien plus cher a l’avenir.

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