Le futur Dassault Aviation Albatros aura un concurrent chez Cessna.

En industrie la concurrence crée l’émulation, c’est un principe bien connu, et l’aéronautique n’y fait nullement exception. Or cette semaine au salon de Farnborough en Grande Bretagne le célèbre avionneur américain Cessna a officialisé sa volonté de donner naissance à un nouveau jet de patrouille maritime. Celui-ci sera basé sur le récent Citation Longitude, actuellement plus redoutable concurrent du Dassault Aviation Falcon 2000S/LXS français. Autant dire que les deux constructeurs vont devoir s’affronter également sur le marché de la défense autour de ces deux avions.

Car la décision de Cessna de développer celui qu’on appelle sans doute temporairement Citation Longitude MPA (pour Maritime Patrol Aircraft) intervient juste au bon moment dans le développement du très prometteur Dassault Aviation Albatros. L’avion français est déjà une réalité palpable puisqu’il a été commandé à sept exemplaires par le ministère des Armées voici un peu moins d’un an et demi. Un marché qui devrait finalement tourner autour de douze avions d’ici 2025. Sauf qu’il est bien évident qu’un tel avion n’est en rien destiné à la seule Marine Nationale.
L’avionneur clodoaldien a forcément envie de ne pas reproduire l’échec du superbe et très polyvalent Gardian impossible à exporter car bien trop franco-français dans sa conception autant que dans sa réalisation. Dans le même temps son proche cousin franco-américain HU-25 Guardian aujourd’hui retiré du service est sans doute aussi dans un coin de tête des décideurs de Dassault Aviation.

C’est donc un secret de Polichinelle que le fait que Dassault Aviation essayera, une fois la Marine Nationale en dotation de ses premiers Albatros, d’exporter le biréacteur de patrouille et de surveillance maritimes. Le contraire serait étonnant, presque choquant.
Et jusque là le constructeur français n’avait aucun concurrent sérieux puisque tous les avions de ce genre disponible sur le marché sont de bien plus ancienne conception.

Dassault Aviation ne pouvait pas, ne devait pas même, rester avec un tel boulevard en face de lui. Ça n’avait rien de sain. C’est pourquoi la décision de Cessna est plutôt accueilli dans le microcosme aéronautique comme un joli défi pour le constructeur de Saint-Cloud.
L’Albatros a plusieurs mois d’avance de développement sur le Citation Longitude MPA qui en plus a un gros inconvénient sur son concurrent français : il ne fait pour l’instant l’objet d’aucune commande étatique. Et il est fort peu probable que l’US Coast Guard et à fortiori l’US Navy ne décident de l’acheter. Elles n’en ont pas besoin.

Donc Cessna vise clairement les marchés de l’export haut de gamme. Et là encore la concurrence joue en faveur de Dassault Aviation. Ses Falcon 50, Falcon 900, et Falcon 2000 sont déjà connus pour des versions de patrouille et de surveillance maritimes là où les jets d’affaire Cessna ont toujours peiné à trouver leur place. On ne s’invente pas spécialiste d’un domaine aussi pointu que la patrouille et la surveillance maritimes comme ça.

La concurrence sera donc sans doute rude mais Dassault Aviation a pour l’instant l’avantage sur Cessna. Gageons qu’il saura le conserver et le faire fructifier.
Affaire donc à suivre.

Vue d’artiste © studio Eridia.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

9 Responses

  1. N’oublions pas que l’Albatros est basé sur la version commandée et reçue en 6 exemplaires par les gardes côtes japonaises.
    Leurs homologues coréens ont aussi commandé des exemplaires
    Donc on peut dire qu’il est déjà exporté, bien avant d’être vendu à la Royale

    1. Les deux. SurMar pour la Marine Nationale et PatMar/SurMar dans l’absolu donc pour l’export. Si Dassault Aviation se prive de la dualité SurMar/PatMar elle reproduira encore l’échec du Gardian. Une fois c’est une erreur, deux fois c’est de l’acharnement.

  2. à l’époque Dassault commercialisait aussi l’ATL sur Toulouse, Pour le PatMar il faut aussi une masse d’amement et de Sonobuoys, la taille de la cellule risque d’être pénalisante ? Un turboprop permet des durées de patrouille plus longue avec la finalité finale l’attaque du Sub, au moment ou les sm russes recommencent à fréquenter les océans la question de la lutte doit se poser ?

    1. Sauf madame ou monsieur Taclet que Dassault Aviation a toujours échoué à exporter l’ATL-2 Atlantique alors même que Breguet avait cartonné avec le Br.1150 Atlantic dont il dérive. Mais l’ATL-2 est typiquement un avion franco-français conçu pour répondre avant tout aux besoins de la Marine Nationale alors même que le Br.1150 avait été pensé en prenant en compte les besoins des nations de l’OTAN. Après il y a certaines entreprises qui ont une véritable culture de partenariats et certaines qui n’en ont strictement aucune.

  3. De toutes façons il ne faut pas se leurrer, une vente d’arme est en général essentiellement une décision politique et rarement (très rarement même) basée sur une réflexion technico-économique mais de relation politique et stratégique

    1. Primo il n’a pas disparu, il a été modéré pour utilisation abusive de langage grossier, et secundo c’est de mon fait je l’assume je déteste les gros mots.
      Ici les commentaires sont sujets à modération avant publication, c’est écrit noir sur blanc quand vous commentez donc vous ne pouvez pas dire que vous ne le saviez pas. Et puis avec des insinuation comme : « un coup de Poutine » c’est évident que nous allons redoubler d’attention sur vos prochains commentaires madame ou monsieur.

  4. Juste pour répondre à Dominique Taclet; cela n’a rien de grave mais l’ATL2 n’a jamais été produit à Toulouse.

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