Au Pérou Leonardo et son AW.139 devancent la concurrence d’Airbus Helicopters et de Bell.

Ce n’est certes pas le programme d’acquisition d’hélicoptères militaires le plus important du moment mais il est représentatif de la bonne santé du géant italien dans le monde. La Fuerza Aérea del Perú a lancé il y a quelques mois une compétition visant à rationaliser sa flotte d’hélicoptères autour de deux modèles d’hélicoptères de transport et de soutien contre quatre actuellement. La compétition finale a vu la défaite d’hélicoptéristes chinois et russes avec un resserrement autour de constructeurs américains et européens. Et c’est Leonardo qui semble clairement prendre l’avantage.

À l’automne 2022 cette force aérienne sud-américaine aligne aussi bien des Bell 212 et 412, des MBB Bö 105, et des Mil Mi-17/Mi-171 Hip H pour les missions de transport d’assaut, d’évacuation sanitaire, et de liaisons. Ça en tous cas c’est sur le papier car la réalité des faits est assez différente. La disponibilité des Bell 212 et Bö 105 est catastrophique. L’usure de ces machines entraîne une hausse vertigineuse des coûts d’entretien qui grèvent les capacités d’achats de pièces détachées toujours plus onéreuses pour des hélicoptères d’ancienne génération. De leurs côtés les Bell 412 achetés à un standard civil sont inadaptés à un emploi militaire, à l’exception de la machine dévolue au rôle de transport présidentiel court-courrier. Au final ce sont actuellement deux Bell 212, un Bell 412, et deux MBB Bö 105 qui sont réellement opérationnels, c’est à dire cinq hélicoptères. En théorie ils devraient être treize.
De leur côté six des sept Mil Mi-17 et les deux Mi-171 sont parfaitement opérationnels.

De ce fait on aurait pu se dire que le marché était acquis à l’industrie aéronautique russe. Il n’en est rien. En effet quant au début de l’année la Fuerza Aérea del Perú a lancé son programme d’acquisition d’un futur hélicoptère commun pour le remplacement des Bell 212, Bell 412, et MBB Bö 105 les industriels chinois et russes ont eu la désagréable surprise de voir que leurs propositions étaient très rapidement retoquées.
À ce moment-là six hélicoptères étaient en lice : l’Airbus Helicopters H145M européen, l’Avicopter AC352 chinois, le Bell 412EPX américain, le Kazan Ansat russe, le Leonardo AW.139M italien, et le MD Helicopter MD-902 Explorer également américain.

Ce dernier fut immédiatement rejeté en raison de la santé alors trop fragile de l’hélicoptériste américain dont la mise en banqueroute fut confirmée en mars 2022. La proposition chinoise fut également retoquée en raison d’une conception 100% civil, l’AC352 étant la version asiatique de l’Airbus Helicopters H175. Enfin le Kazan Ansat paya l’engagement russe dans l’invasion de l’Ukraine souveraine, un pays avec lequel le Pérou a des liens diplomatiques étroits.
Ne restait donc plus que les AW.139M, Bell 412EPX, et H145M encore en lice.

Hélicoptère annoncé le moins onéreux des trois le Bell 412EPX est la version américanisée du Subaru UH-2 développé pour le marché militaire japonais. Il est aussi selon les dires des Péruviens le moins bien noté à l’issu des essais en vol. En fait la compétition se resserre de plus en plus autour de l’éternel duel Airbus Helicopters versus Leonardo. Un peu comme si dans ce genre de contrat les deux constructeurs étaient les seuls capables de répondre aux exigences des marchés.
Niveau coûts d’acquisition il semble bien que l’AW.139M et le H145M se tiennent dans un mouchoir de poche, avec une petite avance pour l’hélicoptère germano-français annoncé comme un peu moins chère. Pour autant l’AW.139M est considéré comme le plus polyvalent des deux. Découlant comme le Bell 412EPX d’un programme internationale il s’agit de la version commercialisable du Boeing-Leonardo MH-139A Grey Wolf actuellement en cours de livraison à l’US Air Force. De ce fait l’hélicoptère italien intègre dès le début un équipement complet pour les recherches et sauvetages à la fois en mode combat et en mode service public. De son côté le H145M est mieux adapté aux missions de reconnaissance armée et de surveillance, deux missions non demandées par la Fuerza Aérea del Perú. Vous l’aurez compris chacun affûte ses arguments pour ce contrat qui porte sur douze hélicoptères commandés en deux fois. D’abord un lot de six hélicoptères doit être commandé à la fin de cette année puis un second identique un an plus tard, une manière comme une autre d’amortir les coûts. Le budget alloué par le Pérou s’élève à 191 millions d’euros pour ces douze machines. Les négociations sont donc loin d’être terminées et l’emportera d’Airbus Helicopters et de Leonardo le premier qui cèdera sur ce point.

Selon les médias locaux sur le plan purement technologique l’hélicoptériste italien à une légère avance. À l’international l’AW.139 se vend de toutes manières mieux auprès des militaires que le H145M, c’est indéniable. Même si on ne compte pas le MH-139 Grey Wolf.
Avec des contrats déjà signés en Bolivie et en Équateur le H145M a pourtant une carte à jouer en Amérique du sud.
Affaire à suivre.

Photo © Leonardo