Face au péril russe quatre forces aériennes nordiques mutualisent leur défense aérienne.

Cela ressemble tout de même à un joli pied de nez aux diplomaties hongroises et turques. En cette seconde moitié de mars 2023 le Danemark, la Finlande, la Norvège, et la Suède ont décidé de signer un accord de coopération dans le domaine de la défense aérienne. Il s’agit ainsi de permettre une meilleure synergie de leurs aviations de chasse mais aussi de leurs réseaux radars et de leurs DCA respectives face aux risques de violations d’espaces aériens par la Russie. Ces pays sont en effet régulièrement menacés par l’aviation de celle-ci.

Les quatre pays d’Europe septentrionale appartiennent pour trois d’entre eux à l’Union Européenne et pour deux à l’OTAN. Si la Norvège ne compte toujours pas intégré le marché commun la Finlande et la Suède frappent de plus en plus fort à la porte de l’alliance Atlantique. Cependant les chancelleries hongroises et turques trainent encore des pieds pour leur octroyer accès à l’organisation de défense euro-américaine. Et souvent pour des raisons fallacieuses liées à leurs politiques internes, notamment en relation avec le respect des minorités ethniques.

Devant l’urgence défensive ces pays ont décidé d’agir et de signer un mémorandum en présence des États-Unis afin d’unifier les chasses et défenses aériennes. L’acte de naissance a eu lieu à la mi-mars à Ramstein en Allemagne.
Pour autant les ministères de la défense danois, finlandais, norvégiens, et suédois indiquent bien que leur démarche est en marge de l’alliance Atlantique. Il s’agit donc d’un échelon défensif supplémentaire. Même si l’idée d’une défense commune entre ces pays, longtemps appelée force aérienne scandinave, était jusque là un serpent de mer datant de la fin de la guerre froide c’est véritablement le déclenchement de la guerre en Ukraine qui a accélérer les choses. Les très réguliers vols militaires entre la Russie continentale et l’enclave de Kaliningrad ne sont plus forcément acceptés par ces quatre pays, car ils sont souvent l’excuse pour une violation ou une tentative de violation d’un des espaces aériens concernés. Sans compter les missions de reconnaissance stratégiques ordonnées par Moscou en mer Baltique et au cours desquels bien les dits avions stratégiques volent transpondeurs éteints.

Il est intéressant de voir que si les quatre pays n’ont actuellement pas les mêmes avions, trois d’entre eux sont clients de Lockheed-Martin et de son F-35A Lightning II de 5e génération. La Norvège l’utilise déjà tandis que le Danemark et la Finlande l’ont commandé, afin de remplacer respectivement le General Dynamics F-16MLU Fighting Falcon et le McDonnell-Douglas F/A-18C/D Hornet. Seule la Suède n’est actuellement pas concernée par lui. La mutualisation des moyens prendra donc un nouvel aspect quand trois des quatre forces aériennes voleront sur le même modèle de chasseur.

Bien entendu il n’est nullement question pour ces quatre pays de quitter le giron des Alliés. D’ailleurs la signature de l’acte de naissance de leur association sur une base de l’OTAN en est la démonstration la plus flagrante, autant que la présence d’un représentant officiel du Pentagone. Les presses danoises et norvégiennes annoncent également que des pourparlers auraient été lancés avec l’Estonie, l’Islande, la Lettonie, et la Lituanie afin de les intégrer dans le dispositif. Il s’agirait alors d’une manière comme une autre d’alléger voire à terme de supprimer les opérations Baltic Air Policing et Icelandic Air Policing. Cependant rien n’est encore fait à ce niveau et les discussions pourraient encore prendre des mois autour de cet élargissement à des pays ne disposant d’aucune aviation de combat.

Pour la Russie et son aviation stratégique c’est donc l’apparition d’un nouvel adversaire mais aussi une démonstration de plus de l’échec personnel du dictateur Vladimir Poutine. Il pensait affaiblir les Alliés en attaquant l’Ukraine il n’a fait que renforcer l’OTAN et permettre aux quatre nations nordiques de s’unir. Bien sûr dans les pays en question des voix se sont élevées pour critiquer ce qu’elles appellent une perte de souveraineté nationale. Pour autant globalement les classes politiques de droite et de gauche ont largement entériné cette décision, laissant les extrêmes-droites respectives brailler comme bon leur semblent.
La démocratie a donc parlé et l’accord va pouvoir rapidement entrer en vigueur.

Photo © Luftforsvaret


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

11 Responses

  1. Un genre de NORAD scandinave ? Excellente nouvelle ! Espérons que la Hongrie et la Turquie vont cesser de tergiverser et permettre enfin l’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN. Les enjeux de sécurité continentale sont trop importants pour faire de la petite politique mesquine.

    1. Tu sais Marcel que c’est exactement au NORAD que je pensais en lisant les dépêches danoises et suédoises et la communication de l’OTAN.

    2. C’est exactement ce que j’y comprends moi aussi. Reste à savoir si la défense aérienne scandinave sera aussi intégrée que le sont celles du Canada et des États-Unis via le NORAD.

      Pour la Fédération de Russie, cela représente un obstacle de plus à affronter lors de déploiement par le nord.

      Pour ce qui est d’une adhésion à l’OTAN, je ne comprends absolument pas le jeu de la Hongrie, mais trop bien celui de la Turquie. La Turquie, qui est membre de l’OTAN que pour une seule et unique raison, sa situation géographique, est aussi cliente d’équipements militaires russe. Pourtant, il semble impensable de la voire exclue de l’OTAN car cela ouvrirait un couloir maritime et aérien parfait pour la Russie

  2. N’est ce pas un embryon d’Europe de la défense ?
    En plus cela aurait du sens d’y inclure l’Allemagne.

  3. Le péril russe… Sans ********, vous pensez vraiment que de tenir cette posture du méchant venant de l’est n’est pas risible ?

    1. Je ne sais pas. Demandez donc aux quatre pays d’Europe septentrionale ou encore aux populations civiles ukrainiennes ce qu’elles en pensent. Je trouve que je suis resté assez soft en ne parlant que de « péril russe ». J’aurai pu aller plus loin, au risque de vous déplaire.

      Par contre j’ai placé des astérisques là où vous aviez été grossier. La richesse de la langue de Beaumarchais et de Molière devrait vous inciter à moins de vulgarité.

    2. 14 pays ex-communistes se sont dépêchés de quitter le joug russe dès que se fut possible, pour se tourner vers l’Occident …cher PLc …
      Pas 1 pas, mais 14 …

      1. Ils ont préféré notre belle Union Européenne à l’isolement de la Russie de Poutine. Ils ont compris qu’on est plus forts unis que seuls.

  4. Bonjour Arnaud, J’ai toujours apprécié vos commentaires ne déplaisent à certains qui non pas subis les déplacements hors de leur pays d’origine par la guerre. Je suis d’origine Tchèque de Prague, et rapatrié en France après l’assassinat de mon père par les russes.

  5. La Russie voulait faire de la mer Baltique une chasse gardée pour sa flotte du nord : encore raté ! L’ours russe est de plus en plus mité et devrait retourner en hibernation. Par rapport à la flotte aérienne des pays nordiques je pense que l’association Gripen/F35 aurait de la  » gueule  » avec deux aéronefs mulit-rôles et les F16 purs chasseurs de supériorité aérienne

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