L’Arabie Saoudite plus proche que jamais de signer pour le Dassault Aviation Rafale.

Serait-ce l’aboutissement d’un intérêt vieux de dix-huit mois entre le puissant royaume du Golfe et l’avion de combat omnirôle français ? Plus que jamais le nom du Dassault Aviation Rafale F4 est sur toutes les lèvres dès lors que l’on aborde le cas de la Royal Saudi Air Force. D’autant que la diplomatie est entrée désormais en ligne de compte avec des VRP de premier plan comme le Président de la République Emmanuel Macron et son ministre des Armées Sébastien Lecornu. Certaines estimations donnent une possible future commande oscillant entre 100 et 200 avions.

Initialement pourtant il n’était question que d’un maximum de 100 avions, sûrement pas du double ! Pourquoi alors un tel revirement ?  D’abord parce que malgré des désaccords assez profonds entre Paris et Ryad sur les questions de droits de l’Homme, d’égalité femmes / hommes, ou encore de respect de la dignité humaine les diplomates du Quai d’Orsay ont su mettre de l’eau dans leur vin. Il semble que parfois l’appât du gain soit plus fort que le respect des valeurs fondamentales de la République Française. Pour l’Élysée la Royal Saudi Air Force est finalement une cliente lambda, pas plus infréquentable qu’une autre. Qu’il semble loin le temps où Paris critiquait les bombardements saoudiens au Yémen. Donc passer d’une offre de 100 à 150 voire 200 avions à l’Arabie Saoudite ne dérange nullement la France de 2023, ça c’est acté.

La question alors qu’on peut se poser c’est pourquoi autant d’avions ? Car aux dernières nouvelles la Royal Saudi Air Force n’a toujours que 80 Panavia Tornado IDS d’attaque au sol et de reconnaissance tactique. En fait il semble désormais acquis que cette force aérienne veuille également envoyer rapidement à la retraite ses 83 McDonnell-Douglas F-15C/D Eagle de défense aérienne acquis entre la fin des années 1980 et le début des années 1990. Même s’ils ont depuis été modernisés ils vieillissent. Se dessine alors en effet un scénario autour duquel 150 à 200 Rafale F4 seraient largement envisageable. Car l’avion français est objectivement idéal pour les Saoudiens.

Son rayon d’action lui permet d’opérer, hors ravitaillement en vol, au-dessus de l’immensité territoriale saoudienne. Mais surtout son arsenal axé autour de l’A2SM et du missile SCALP-EG en mode air-sol et des missiles Mica EM/IR et Meteor en mode air-air lui donnent la possibilité d’engager. Des munitions qui mettent la Royal Saudi Air Force à l’abri d’éventuels refus américains puisqu’elles sont françaises ou au pis européennes.

Si comme nous le pensons l’avionneur Dassault Aviation signe d’ici quelques semaines avec Ryad ce sera en très grande partie grâce à l’Allemagne et au Japon qui ont choisi de lui tourner le dos. Les diplomaties de ces deux pays ont choisi de refuser l’exportation d’Eurofighter EF-2000 Typhoon supplémentaires pour la première et l’intégration au Global Combat Air Programme en ce qui concerne la seconde. La diplomatie qui d’ailleurs côté français fonctionne à fond. Ainsi la semaine dernière Sébastien Lecornu était en déplacement officiel en Arabie Saoudite et comme cela ne semblait pas suffire une rencontre entre le Président de la République Emmanuel Macron et le prince héritier Mohamed Ben Salmane, premier ministre d’Arabie Saoudite, a eu lieu en Inde à l’occasion du sommet du G20.

Reste cependant une inconnue : les États-Unis vont t-ils laisser faire la France sans broncher. En effet leur Boeing F-15EX Eagle II est un avion parfaitement taillé pour l’Arabie Saoudite. Les récents intérêts indonésiens et polonais pour lui en attestent.

Affaire donc à suivre.

Photo © Armée de l’Air et de l’Espace.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

22 réponses

  1. Si cela se confirme, 100 Rafales pour l’Arabie Saoudite (ou plus), ainsi que 100 Rafales supplémentaires pour l’Inde (114 aux dernières nouvelles), Dassault aviation devra clairement augmenter la cadence de production voir même aggrandir un peu l’usine.

    1. L’usine ne sera pas agrandie.
      Elle permet déjà une cadence de production max de 4 avions par mois.
      Le seul « problème » c’est que les changements de cadence de production doivent se décider quasiment 3 ans à l’avance (recrutement, chaîne d’approvisionnement, production chez les sous-traitants etc.)

    2. Quels 114 avions pour l’Inde ? Le programme pour un mono réacteur qui va plus que probablement ne pas aboutir ? Je pense que l’Inde va bien passer une nouvelle cde mais pas d’autant, et pas pour ce programme !

    3. C’est le grand paradoxe. Même avec toutes ces commandes, actuellement les chaînes de montage du Rafale sont loin de tourner a plein régime. 14 Rafales livrés en 2022 contre 25 en 2021. Et même s’il y a une hypothétique future méga commande indienne les avions seraient fabriqués en Inde.

      1. Comme il faut environ 3 ans pour faire un rafale les 14 rafale produits en 2022 correspondent à la situation 3 ans plus tôt 2019, soit avant les commandes grecques 1 et 2, croate, émiratie, indonésienne et indienne et aucun contrat signé depuis les 12 de l’option qatari de 2017.

  2. Paradoxalement, je trouve beaucoup plus crédible la vente de 16 Rafale à la Colombie qu’une autre de 100 à 200 à l’Arabie Saoudite. Cela fait des années que cette dernière se dit très intéressée par du matériel français de haute technologie :- ) … pour finalement acheter tout autre chose à des prix bien moindres :- (

    Wait and see…

    1. L’intérêt de l’Arabie saoudite pour la Rafale est très récent et fait suite au veto de l’Allemagne pour exporter des Eurofigther vers le royaume saoudien.

  3. Les allemands ne sont peut-être pas des partenaires fiables (vus de chez nous, hein!…) en termes de coopération militaro-industrielle, mais il semble rester chez eux les quelques traces d’honneur qui font la différence avec la fourberie des dirigeants du soi-disant pays des Droits de l’Homme.
    Qu’ils se méfient quand même, parce qu’à force d’aller faire la danse du ventre chez les bédouins en or massif, il pourrait choper un bon vieux lumbago…
    Cela m’étonne que nous ne soyons pas encore allés démarcher les cartels de la drogue sud-américains ou moyen-orientaux pour leur fourguer quelques rafales ou sous-marins. Eux aussi ils sont pétés de thunes!…
    Pour nos dirigeants, qu’il soit trempé dans l’or noir ou la poudre blanche, l’argent n’a pas d’odeur. Déjà qu’on les savait mal-entendants, mal-voyants, à la verticalité politique contrariée, les voilà affublés d’anosmie. On est mal barrés!

    1. Les américains et les russes ne se sont jamais embarrassés avec ce genre de débats quant aux objecteurs de conscience bien de chez nous, ils sont également les premiers à hurler au scandale du déclassement de l’économie française et du chômage de masse.
      Le gouvernement actuel est pragmatique, tout comme les allemands le sont avec la Russie quand ça les arrange.

      1. Ben oui, j’ai une conscience, je m’en sers,… et s’il le faut j’objecte.
        Certes, c’est difficile à comprendre pour un T-Rex. Au fin fond du crétacé, la conscience n’était pas la chose la plus utile pour survivre…

        1. La géostratégie est un enjeu très complexe qui dépasse largement les implications que de vulgaires citoyens tels que nous peuvent comprendre.
          Vendre des Rafales aux saoudiens est aussi une manière d’avoir de l’influence sur leur politique de défense et leur politique étrangère: c’est juste la base… Car pour utiliser un Rafale, il faut des pièces détachées, des munitions et qu’il suffit de couper une des deux chaînes d’approvisionnement pour influencer le débat.
          Mais bon en tant que bon vieux T-Rex du crétacé, mes faibles capacités sont obsolètes face à la grandeur de l’intellect des donneurs de leçons bienpensants.

    2. Pour info, plus de la moitier de l’armée de l’air saoudien est constituer d’avion de chasse en partie allemand et les fusils d’assaut , les mitrailleuses, les fusils de précision de l’armée saoudien sont allemands. Donc rassurer vous, les dirigeants allemand on autant de lumbago que les nôtres.

    3. Rappellez-moi qui fournit les munitions saoudiennes pour la guerre au Yémen ? Rheinmetall grâce à ses filiales italienne et sud-africainne. Le tout construit avec des sous-systèmes fabriqués en Allemagne et dont le gouvernement allemand autorise l’exportation. Et ils savent pertinemment à Berlin où ça va finir donc la morale, elle est à géométrie variable.
      Seulement l’honneur est sauf ce n’est pas Berlin qui vend officiellement des munitions aux Saoud. Non, non, non ! C’est l’Italie et surtout l’Afrique du Sud. Que ces munitions soient vendues par un groupe allemand et ne puissent pas être produites sans l’industrie de défense allemande est un détail. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.

  4. Attention à ne pas se laisser griser par cette hypothétique super commande ! car les Saoudiens dans le passé ont déjà fait planer la menace d’achat du Super Mirage 4000 ds les années 80 pour enfin obtenir les F15 Ricains dernier cri qu’elle convoitait…Tant que les Saudis n’ont pas couché leur encre sur un contrat Rafale il faut rester prudent !

    1. L’échec du Super Mirage 4000 imputé à l’Arabie Saoudite ? Vraiment ? Et pas plutôt à la faiblesse giscardienne en matière de défense ?

  5. Cela voudrait dire qu’ils ne sont pas satisfait de l’offre américaine, ou serait-ce les performances des avions US. achetés?
    Future will tell.

  6. Les membres du « club Rafale » mettent en oeuvre un avion et un système de combat aérien fichtrement dissuasif à n’en pas douter. Espérons que cela ne leur serve « jamais ». Mais de par sa puissance militaire effrayante et sa durée d’exploitation en service actif qui tutoiera le siècle, le Rafale est déjà dans la légende aérienne, dans ce club très fermé de quelques avions absolument iconiques, au dessus du Mirage III et probablement au dessus du F16.

    Mais personne n’est obligé de me croire.

    1. Effectivement, pour nous c’est deja un avion Légend’air. Mais si il attrape un contrat massif en Arabie Saoudite, ce serait un évenement tres symbolique, dans un pays totalement tourné ou presque vers les US/UK notamment pour son aviation de combat. Et la il n’y aurait plus de discussion surtout si des prospects et contrats supplémentaires se rajoutent. Croisons les doigts pour ce fleuron.

  7. Une telle commande permettrait de garder une indépendance de la France sur le secteur le plus technologique qui soit : l’aviation militaire.
    Et par ruissellement tout le tissu industriel français en profiterait.
    Sans compter des emplois bien rémunérés pour nos concitoyens.
    Les bénéfices seraient multiples.

    1. Les emplois industriels des secteurs aéronautiques et défenses ne sont plus du tout les mieux payés en France. Les NTIC et l’industrie pharmaceutique rémunèrent bien mieux.

  8. Bonjour,

    Merci de respecter ce pays qu’est l’Arabie Saoudite. Ils connaissent là ou est le meilleur: Ferrari sous hanger, achat d’hotel, de banque d’équipe etc. etc. Donc si ils sont intéressés par les RAFALE c’est qu’ils ont vu une pépite et sont de fins connaisseurs. Ils savent ce qu’ils font.
    Donc 127 RAFALES.

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