L’hélicoptère russe Ka-226 Hoodlum-C au point mort en Inde.

Le Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act a t-il fait une nouvelle victime ? Huit ans et demi après la signature du contrat historique entre le ministère indien de la défense et l’hélicoptériste Kamov aucun Ka-226 Hoodlum-C n’est en service ; et cela risque de ne pas s’arranger de sitôt ! En effet les désaccords sont de plus en plus profonds entre les deux parties du contrat auquel il faut ajouter l’impossibilité pour le constructeur russe d’obtenir une motorisation adaptée. Et pendant ce temps là les HAL Cheetah et Chetak qu’il devait remplacer ne rajeunissent pas.

Quand l’hélicoptériste russe Kamov a voulu relancer le Ka-26 Hoodlum lui donnant comme successeur le Ka-226 il a choisi de le faire autour d’une motorisation occidentalisée. Après avoir envisagé la turbine anglo-américaine Rolls-Royce / Allison 250-C20R-2 il s’est finalement tourné vers la Safran Arrius 2G1 française. Il s’agissait alors d’une super idée. C’est d’ailleurs ce qui décida l’Indian Army et l’Indian Air Force de sélectionner le Ka-226 comme futur hélicoptère de transport léger et de liaisons à vocation de haute montagne. Sauf que voila la loi fédérale américaine CAATSA, pour Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act donc, en a décidé autrement. Afin de ne pas exposer Safran à des sanctions américaines le contrat de développement franco-russe est tombé à l’eau. On pourrait presque dire que c’est devenu du flan. De ce fait le plan d’achat indien s’en est trouvé lourdement impacté.

Chez Kamov l’idée pour y remédier a été de greffer la nouvelle turbine Klimov VK-650V. Il a donc fallu modifier en profondeur l’appareil. Le premier vol de ce «nouveau» Ka-226 a eu lieu en janvier 2022. C’est à dire presque six ans et demi après la signature du contrat indien. Ou comment être sûr d’allonger de ce fait les retards déjà bien visibles. Dans le même temps la Russie refuse de renégocier le contrat avec l’Inde. Cette dernière pourtant l’exige puisqu’elle a payé pour des hélicoptères dotés d’une turbine française ayant fait ses preuves et non d’une turbine russe inconnue. L’autre pierre d’achoppement c’est le retard désormais systémique dans l’industrie aéronautique russe sur les livraisons de matériels aéronautique et/ou de défense. L’Inde insiste pour assembler localement le Ka-226 dans sa très grande majorité, ce que Kamov et Klimov ne semblent pas encore près à accepter.

De ce fait depuis quelques semaines maintenant des voix se font entendre en Inde, notamment dans la majorité du premier ministre Narendra Modi afin d’annuler tout bonnement le contrat. Les défenseurs de cette option insistent sur le fait que la commande existant déjà pour 187 nouveaux HAL Light Utility Helicopter pourrait parfaitement compenser les 200 Ka-226 Hoodlum-C. Les mêmes responsables politiques, principalement des parlementaires, indiquent qu’une commande d’Airbus Helicopters H125 permettrait de remplacer efficacement les HAL Cheetah de recherches et de sauvetages en milieu himalayen.

Pourtant la Russie s’accroche encore à son contrat indien autour du Ka-226 comme une bernicle à son rocher. Même si fondamentalement plus grand-monde n’y croit.
Affaire donc à suivre.

Photo © ministère russe de la défense.


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ARTICLE ÉDITÉ PAR
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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

7 Responses

    1. Je crois que même s’ils réussissent, leur développement prendra beaucoup de temps, même s’il s’agit d’une copie.

    2. En sont-ils capables, mais surtout en ont-ils les capacités matérielles et d’ingénierie…?
      Être copié n’est pas tout, il faut encore qu’il soit aussi facile d’entretien à puissance égale.

    3. Bah ça se retrouve pas dans les appareils d’électroménager les moteurs d’hélicoptères… les russes sont à l’agonie pour poursuivre leur production de haute technologie militaire. Et c’est tant mieux avec Poutler à leur tête.

    4. Bien sûr dans l’absolu les russes pourraient mais ça leur prendrait du temps et beaucoup d’argent. Et question subsidiaire, est-ce que les indiens accepteraient de rentrer dans un conflit commercial avec Safran ? Parce qu’il y a un truc qui s’appelle la protection de la propriété industrielle. Le moteur est breveté. Et Safran n’est pas n’importe qui dans le monde de l’aéronautique civile et militaire. Donc non, ce n’est pas une option pour les russes.
      Du reste, chez Klimov, ce ne sont pas des manches à balais. Ils savent faire des moteurs mais l’avantage de l’arrius 2G1 c’est qu’ il est éprouvé… Pas le Klimov. En plus, le Ka226 a été construit autour du moteur Safran, le Klimov arrive après coup. Il faut qu’il s’adapte. C’est du temps et de l’argent.
      Évidemment côté indien, ils ne font pas de cadeaux parce qu’ils n’ont pas à en faire aux russes. Donc Kamov va devoir revoir ses prix. Et comme à New Delhi on commence à trouver que la plaisanterie a assez duré on fait fuiter sous couvert de sources parlementaires les alternatives HAL ou Airbus. C’est de la négociation commerciale de base entre fournisseur et client.
      Négocier avec les indiens, c’est compliqué mais carré au final. Il y a un prix associé à des spécifications techniques et vous devez les respecter. Si vous essayez de leur faire à l’envers une fois le contrat signé, ça peut faire mal.

    5. Ils sont en train, y’a même eu présentation du proto de ladite copie.
      Le problème c’est qu’en matière de corps chaud de turbine, il ne faut pas copier que le look des aubes, faut copier l’outil industriel capable de les générer, y compris type de métal, revêtement céramique (et son frittage très particulier) et des dizaines de paramètres de ce type que le reverse engineering ne va pas te pondre tout cuit.
      Pour faire son premier COMAC la chine a endormi un A320 complet, pour faire ses premiers proco elle a « volé » (via des acheteurs d’acheteurs) des machines d’insolation hollandaises et utilisés des trahisons taiwanaises.
      La russie n’a plus les moyens de l’URSS

  1. Il a une petite ressemblance avec le Kaman HH43 Huskie (à part la motorisation et le double rotor contrarotatif au lieu des rotors engrenants).

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