L’Airbus DS Typhoon pourrait ravir le Bangladesh au Dassault Aviation Rafale.

Nos lectrices et lecteurs les plus assidus le savent : depuis juin dernier le Bangladesh a officiellement lancé le plan Force Goal 2030 visant à acquérir un nouveau modèle d’avion de combat multi-rôle. Après avoir lancé voici presque deux ans des négociations avec la France autour du Dassault Aviation Rafale F4 ce pays semble désormais vouloir faire volte-face au profit de l’Airbus DS Typhoon Tranche 4. Les mauvaises relations diplomatiques entre Bangladais et Indiens n’y sont sans doute pas étrangères. Pour autant l’avionneur américain Lockheed-Martin et son concurrent suédois Saab sont présents en embuscades.

Pour mémoire Force Goal 2030 est un vaste programme de modernisation des armées bangladaises disposant notamment d’un chapitre entier sur l’aviation de combat. Celui-ci prévoit le retrait sur la période 2025-2030 des chasseurs Chengdu F-7 Fishcan d’origine chinoise et Mikoyan MiG-29 Fulcrum d’origine russe au profit d’un unique avion multi-rôle. Force Goal 2030 enfonce désormais le clou en insistant sur le fait que le futur avion doit être produit en Amérique du nord ou en Europe occidentale. Les avionneurs chinois et russes sont donc directement visées afin de garantir leur exclusion de la compétition.

Il y a deux ans la ministre française des Armées, madame Florence Parly, engageait des négociations en ce sens avec la première ministre bangladaise, madame Sheikh Hasina. Celles-ci s’articulaient autour d’une quinzaine d’avions de combat omnirôles Dassault Aviation Rafale F4. Malgré de bonnes relations il semble désormais acquis que les pourparlers n’aient rien donné de très probant. La presse asiatique insiste de plus en plus sur le fait que les pays fournisseurs de l’Inde se voient presser diplomatiquement de ne pas armer le Bangladesh. Les relations diplomatiques entre les deux voisins ne sont pas au beau fixe, sur fonds de tensions inter-religieuses.
Pourtant la Bangladesh Air Force se disait clairement favorable au Rafale.

Alors bien sûr cela pourrait faire le jeu des deux chasseurs occidentaux réputés bien moins chers à l’achat que le Rafale F4 : le Lockheed-Martin F-16V Viper américain et le Saab JAS 39E/F Gripen suédois. Et c’est vrai. Pourtant ces deux avions n’ont actuellement qu’un rôle d’outsider au Bangladesh.

Car désormais c’est Airbus DS et son partenaire n°1 Leonardo qui concentrent leurs efforts sur le Bangladesh. Si ce dernier ne peut pas, diplomatiquement et/ou politiquement, acheter le Rafale F4 il pourra investir dans le Typhoon Tranche 4. Souvent présenté, sans doute un peu à tort, comme le véritable concurrent du jet français le chasseur européen est un peu à la peine actuellement. Il n’enchaîne plus vraiment les contrats d’exportation et se voit plombé par l’affaire autrichienne. Surtout l’avion est bien plus marqué comme une machine adaptée au marché proche et moyen-orientale grâce notamment à ses contrats koweïtiens, omanais, et saoudiens. Le Bangladesh pourrait véritablement lui ouvrir le marché asiatique, comme l’Inde l’a fait pour le Rafale. On parle désormais de seize avions de combat, dont trois biplaces de transformation opérationnelle.

En tant que Français, et qu’Européens, nous n’avons donc pas à bouder notre plaisir. Car si le Rafale F4 semble désormais plutôt hors courses c’est bien Airbus Defense & Space qui dirige le marché. Et ça aussi ça peut être bon pour notre industrie nationale et continentale.
Affaire donc à suivre.

Photo © Leonardo

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

17 réponses

  1. Le Bangladesh n’étant pas très copain avec l’Inde, le Rafale ne sera jamais sélectionner dans ce contexte.
    Nous avons d’avantage a construire avec l’Inde qu’avec ce pays!
    Il faut s’avoir ce retirer, comme au canada!

  2. Salut Arnaud,
    Il est évident que le gouvernement français suivra les « interventions diplomatiques » plus ou moins voilées de son partenaire stratégique indo-pacfique, et évitera de le « froisser », car le poids politique, diplomatique, économique, démographique, stratégique du Bangladesh est sans commune mesure avec son très puissant voisin, même si le Bangladesh (crée en 1971), est le 4ème pays musulman au monde.
    Un contrat de 14 RAFALE, n’en vaut plus la peine ( un discours de Riches, pourrait-on dire..!!!!), au regard des intérêts énormes en jeu, et à de futures commandes indiennes de RAFALE qui pourraient se chiffrer en centaine (avec un « S » ?, pourquoi pas !)
    Par ailleurs, il est effectivement préférable qu’un avion européen soit retenu, qui plus est fabriqué par AIRBUS DS, car c’est la France qui en profite directement ou indirectement à travers ses relations capitalistiques et économiques, ainsi que par l’intermédiaire des équipementiers.qui sont intégrés ou proposés avec cet avion « TYPHOON ».
    Au delà du sujet évoqué ici, j’invite les curieux à consulter les articles de » presse sérieuse » sur les différents géographiques frontaliers de l’Inde et du Bangladesh, sur base de conflits religieux ( indous – musulmans), et en particuliers l’historique des enclaves indiennes et bangladaises complètement coupées de leur pays, dans un total état de dénuement et pauvreté terrible. Un drame, peu connu, jamais évoqué dans nos médias, mais encore actuel même si un accord d’échanges d’enclaves a été signé en 2015.
    Amicalement,

    1. Concernant le dernier point évoqué par l’ami Rafaletiger je ne saurais que trop conseiller la lecture de Courrier International qui publie régulièrement des articles sur le sujet. Pour aller plus loin j’invite les curieux à s’intéresser au cas du barrage de Farraka à la frontière entre les deux pays et à l’origine d’accrochages plus ou moins réguliers entre Indiens et Bangladais. Les travaux notamment sur la question du professeur Kishor Uprety sont gratuitement disponibles (en anglais) via la bibliothèque universitaire d’Oxford.

  3. Bonjour Monsieur,
    Je suis un étudiant du Bangladesh.

    Autant que je sache, nous n’avons aucun problème avec l’Inde.
    Notre seule préoccupation est le Myanmar et son gouvernement oppressif et antidémocratique de la junte militaire.

    L’armée du Myanmar a d’abord commencé à tuer la minorité musulmane et maintenant à tuer son propre peuple.
    C’est pourquoi le gouvernement du Bangladesh se concentre sur la force militaire.

    Mais l’Inde veut un Bangladesh faible. Parce qu’Elle ne pourra plus nous exploiter si nous devenons une puissance militaire forte.

    Quoi qu’il en soit, désolé d’avoir lu ces conneries sans intérêt.

    Nous sommes très préoccupés par cet appel d’offres Mutirole Combat Aircraft.

    Nous avons une armée de l’air faible et la Russie favorise le Myanmar en ce qui concerne les accords sur les avions.

    Nous n’avons pas d’autre choix que d’acheter dans les pays occidentaux.

    1. Bonsoir Jabid,

      Vous me permettrez d’avoir du mal à vous suivre. Vous vous dites étudiant bangladais et n’avoir aucun problème avec l’Inde. Je peux l’entendre. Mais quelques lignes plus bas vous insistez sur le fait, avéré il faut le reconnaitre, que l’Inde veut un Bangladesh faible. Je n’appelle pas forcément cela ne pas avoir de souci avec l’Inde.
      Par contre je vous félicite pour votre maîtrise de la langue de Beaumarchais et Molière.

  4. Le prix du Typhoon et du Rafale est trop élevé.

    Bien que nous soyons l’une des économies à la croissance la plus rapide. Nous avons des défis à relever.

    Investir d’énormes sommes d’argent dans l’approvisionnement en pièces militaires nous touchera fortement car cela n’a aucune valeur de retour sans raisons de sécurité.

    1. @ Jabid
      Bonjour.
      Toute dépense brute est « chère ». Ce qu’il faut regarder, c’est le retour sur investissement.
      La partenariat entre la France et l’Inde supose des retours d’investissement, la création de savoir-faire locaux, d’entreprises et autre.
      Acheter du matériel à bas prix n’est qu’un aspect d’un contrat ou dans la vie d’un avion, qui s’étale sur des décennies, les dépenses d’entretien et consommables sont largement plus élevées.
      C’est à vous de ne pas vous faire avoir. Car indépendamment du choix, le Bangladesh peut demander un accord de sécurité, des offsets, proposer l’ouverture d’une base à une force étrangère, ou de rejoindre le programme d’aide des USA.
      C’est pas les options qui manquent.

      1. Nous n’allons conclure aucun accord de sécurité et n’autoriserons aucune base étrangère dans notre pays. Si nous passons à un accord de sécurité, notre relation avec l’Occident ne nous sera pas bénéfique en termes d’affaires car notre plus grand partenaire commercial est la Chine et les États-Unis ont également la mauvaise habitude d’influencer l’arène politique locale.
        Bien que nous ne soyons pas un pays d’élite comme le Japon ou le Royaume-Uni, la Chine nous a déjà menacés de ne pas rejoindre Quad.

        Tout le monde veut sa part importante dans notre marché en pleine croissance. Nous avons aussi des défis pour élever nos gens.
        Ainsi, la sélection d’avions de combat multirôles est un défi pour nous.

  5. Je rajouterais au très sérieux COURRIER INTERNATIONAL, l’IRIS « Institut des Relations Internationales et Stratégiques » ( https://www.iris-france.org/liris/) de son très médiatique directeur Pascal BONIFACE, très bon vulgarisateur TV, des enjeux politiques, économiques, diplomatiques, stratégiques de notre planète.
    Bien des contrats dans le domaine aéronautique militaire qui nous concerne ici, peuvent s’expliquer au travers de ces enjeux, et de leur décryptage.
    C’est vraiment très instructif,
    Bonne lecture,

    1. Il est important de spécifier Rafaletiger pour celles et ceux qui l’ignoreraient que l’IRIS a une forme de ligne éditoriale qui se retrouve notamment dans ses travaux sur les questions de défense et de santé. Donc il ne faut pas être surpris que leurs propos puissent paraître « progressistes » pour reprendre un terme à la mode en ces temps ci.

  6. « Et ça aussi ça peut être bon pour notre industrie nationale et continentale. »
    À ma connaissance, la France ne reçoit aucune retombée industrielle d’une vente de Typhoon

  7. Beau suspense en tous cas. Impatient d’avoir le résultat de la sélection. Je vois bien le Rafale finir par passer avec l’enchaînement de commande qu’il reçoit le met en position favorable.

  8. Well, the relationship between Bangladesh and India is excellent. But there are always diplomatic things that I am not gonna try to explain. It’s true that after France defense minister visited Bangladesh the procurement of Rafael seemed imminent but for some unknown reason, it never happened. It’s also true that India never wanted another militarily strong neighbor as it already has China and Pakistan. I also don’t think if Bangladesh pushes for Rafael India actually can stop that. In the end, it’s all about business. Today Bangladesh GDP is 400+ billion US dollars which are forecast to become 1 trillion by 2030. So, if Bangladesh buys 16 aircraft today then it can also buy another 50+ in the future. Look at Indonesia. They build their economy first then now they spend billions in defense now. So along with time, everything can be changed. And also Bangladesh is still strategically important to western countries. Eurofighter is also a very good fighter and a sure contender of the MRCA project. Either way one is surely coming.

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