Le Dassault Aviation Falcon 10X peut-il se muer en AWACS ?

La semaine dernière il a perdu la mission de patrouille maritime, la possibilité de pourchasser les sous-marins ennemis. Et si le futur jet d’affaire Dassault Aviation Falcon 10X pouvait remplacer les actuels Boeing E-3F SDA actuellement en dotation dans l’Armée de l’Air et de l’Espace. L’idée qui fait actuellement son petit bonhomme de chemin en France c’est que cet avion de nouvelle génération soit modifié afin de recevoir le fameux système GlobalEye conçu en Suède. Le grand perdant serait alors l’avionneur canadien Bombardier.

Les quatre actuels AWACS en dotation dans l’Armée de l’Air et de l’Espace vieillissent. C’est indéniable. Il faut dire que depuis leur entrée en service en 1990 les Boeing E-3F SDA ont été employé de la manière la plus régulière. Et puis leurs cellules, dérivés directement de l’avion de ligne 707 accusent également le poids des ans. Comme ailleurs dans le monde le plus célèbre des avions radars est aujourd’hui sur une pente glissante. La France se doit de leur trouver un successeur. C’est, je vous le concède, plus aisé à dire (ou dans le cas présent à écrire) qu’à faire.

Alors que nos partenaires et alliés britanniques ont choisi le Boeing E-7 Wedgetail américain tout porte à croire que la France s’oriente vers le système suédois GlobalEye. Depuis l’hiver dernier celui-ci est sur toutes les lèvres à Paris, que ce soit au polygone Balard autant que dans les allées de l’Assemblée Nationale et du Sénat. Sauf que le Saab GlobalEye a un (énorme) problème aux yeux des décideurs français : il vole sur Bombardier Global 6000. Or ce jet d’affaires est produit au Canada et concurrence directement le triréacteur Dassault Aviation Falcon 7X. Il est inconcevable que l’Armée de l’Air et de l’Espace utilise un tel avion si une solution française existe. D’où les négociations qui seraient actuellement en cours entre les avionneurs des deux pays.

Après son échec auprès de la Marine Nationale comme avion de patrouille maritime le Dassault Aviation Falcon 10X peut-il se rattraper avec l’Armée de l’Air et de l’Espace ? Déjà on est aujourd’hui quasi sûrs que deux exemplaires seront acquis dans les prochaines années comme avions présidentiels, mais c’est là dans l’ordre des choses pour un tel avion. La vraie grosse nouvelle serait que Dassault Aviation et Saab aient choisi de construire le GlobalEye sur base Falcon 10X. Il possèderait alors un rayon d’action légèrement accru vis-à-vis de son concurrent canadien. En théorie les modifications apportées sur le Global 6000 pour en faire le GlobalEye peuvent parfaitement être reportés sur Falcon 10X, reste juste à savoir si l’avionneur Bombardier laissera Saab faire ce qu’il veut pour vendre son système d’AWACS à la France ? Parlera t-on alors de «FalconEye» ?

Affaire (forcément) à suivre.

Illustration © Dassault Aviation


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

24 Responses

  1. C’est une sorte de pis-aller en fait. L’AWACS plutôt que le patrouilleur maritime. Sait-on si les Canadiens ont un droit de véto au transfert du programme GlobalEye vers Dassault ?

  2. Je doute que la poutre détection sur le fuselage soit compatible avec le troisième réacteur , si l’AAE veut rationaliser ses coûts et mutualiser avec la marine l’A321 serait peut être le bon choix

  3. Pour quatre radars, Saab va-t-il déplaire à ses partenaires privilégiés que sont Bombardier, Embraer et Airbus sans même oublier Boeing ? Je vois mal Saab demander à Bombardier, sans proposer un « dédommagement » qui serait évidemment répercuté sur la France, une exception à leur collaboration sur leur GlobalEye. Même une simple demande d’autorisation « d’infidélité » serait peu appréciée… N’oublions pas non plus la collaboration commerciale et industrielle entre Saab et Embraer dont Saab est le « représentant commerciale du C390 » pour l’Europe et la qualité de négociateur de Saab… Une commande par la France d’un nombre certain de C390 mettrait de l’huile dans les engrenages… De plus cela arrangerait bien Airbus qui sait qu’un A200M n’a aucun avenir commercial mais n’arrive pas à le faire comprendre à la France. Enfin, un FalconEye en plus d’un GlobalEye serait pousser Leonardo dans les bras d’Airbus et de son A321 pour la conception d’un AWACS européen.

    1. Bonjour Etienne,
      Leonardo s.p.a. est une entreprise italienne active dans les secteurs de la défense, de l’aérospatiale et de la sécurité, mais également fortement ancrée au United Kingdom.
      Elle a certes les capacités pour développer un système AWACS mais, autres considérations mises à part, les deux premiers clients, l’Aeronautica Militare Italiana et la Royal Air Force, ont déjà fait leur choix.
      Les Britanniques ont opté pour le Boeing E-7 Wedgetail et les Italiens pour le Gulfstream G550 AISREW. Il manquerait donc à Leonardo les deux acheteurs naturels.
      Bien entendu, le problème des AWACS à remplacer ou à acheter en Europe n’est pas d’actualité.
      Mais rien n’a été fait à cet égard. Aucun avion européen n’a été développé ( qui aurait pu être basé sur le système GlobalEye ) ou un front commun a été établi pour l’achat de Boeing E-7 Wedgetails, si cette solution avait été plus avantageuse sur le plan économique et opérationnel.
      Quel numéro de téléphone possède l’Europe ?
      Traduit avec Google.

  4. Pourquoi pas, À moins que Thales ne propose quelque chose pour mettre sur un Falcon 10X aussi
    En tout cas, je vote pour « FalconEye », ça sonne très bien

    1. Thales a, j’en suis convaincu, les compétences pour concevoir le radar d’un AWACS et Dassault est actionnaire de Thales pour 26%. Évidemment, pour concevoir un tel radar il faut des investissements colossaux… Qui est disposé à payer ?

  5. Concernant le remplacement des E-3F qui doit effectivement être envisagé sur le long terme, je suis toujours curieux de constater que parmi toutes les options posées (dans cet articles et d’autres), il n’y en a une qui n’est jamais retenue… celle d’acheter des E2D supplémentaires… donc une majorité en version « ailes humides », alors certes il n’y a pas la vitesse de déplacement des jets, mais il y a 9h d’autonomie pour la version aile humide, c’est ravitaillable en vol, le nouveau radar AESA est très performant (et sans angle morts) et surtout cela permet une mutualisation avec nos amis marins (et donc une baisse des coûts) et si les marins (et les autres utilisateurs) s’en tirent avec 3 (+1) opérateurs dans l’avion, il n’y a pas de raisons que l’AAE n’y arrive pas….

    Si le 10X est un beau porteur pour un grand radar, dans cette période de vache maigre, est-ce que ça vaut vraiment le coût de développer un appareil pour un si petit marché et pour en mettre juste un petit nombre en service ? si Dassault avait eu le PATMAR, pourquoi pas… mais là c’est encore une micro-flotte supplémentaire…

    @Cambo, il est où le 3ème réacteur du 10X ?

    1. A part avoir tous les deux un radar, le E7 et le E2D sont des « systèmes aériens » qui n’ont rien en commun et qui ont des rôles tout à fait différents. En hyper résumé et en caricaturant un peu, le E2D est un radar chargé de voir loin et qui transmet ses informations au centre de contrôle aérien, sur le navire chargé de la défense aérienne, qui les analyse afin de savoir ce que le radar a détecté. Le E7, lui, voit non seulement loin mais près et analyse instantanément les données radar. Le radar du E7 est également optimisé pour voir les détails au sol.

  6. Je crois que l’idée, c’est d’amener doucement la BITD suédoise vers le FCAS, plutôt que le GCAP. C’est vrai que la Suède est en pleine redéfinition géostratégique depuis l’intégration dans l’OTAN. Seulement voilà: Trump va se faire un malin plaisir de faire dérailler tout ça. Il le peut. Et je crains que cette « main tendue » sans contrepartie ferme se termine en dindon de la farce pour la France.

    1. Je crois qu’en parlant de « main tendue » (sans contrepartie ferme) vous mettez le doigt sur l’ambiguïté de l’expression. Quelle main tendue ? Celle du sauveteur vers celui qui se noye ou celle de celui qui se noye et qui espère agripper celle du sauveteur ? Vaste sujet de réflexion…

  7. Il faut sauver le soldat Dassault Aviation et son Falcon 10X pour un programme qui ne représente que quelques exemplaires assorti du financement de l’intégration du système GlobalEye à l’avion.
    Quel est l’intérêt pour une micro flotte alors que des solutions sur étagères existent ?

    1. L’intérêt n’est que purement idéologique et dès lors peut-être déraisonnable. Nos responsables politiques et militaires ont compris, depuis longtemps, et ils le disent (!) qu’une armée française souveraine mais échantillonnaire n’est pas crédible. Malheureusement, les Français n’en sont pas conscients… Et ça a toujours été ainsi. Il faut donc nouer des contacts, surtout avec des banquiers à l’âme de mécènes… Manifestement, les Allemands n’ont pas le désir de sponsoriser l’armée française alors on essaye du côté des EAU. Les sponsors éventuels ayant certaines exigences, inacceptables, on essaie la collaboration industrielle en tentant de se présenter comme celui qui va apporter son savoir au partenaire. Ça va réussir? Seulement si c’est l’intérêt du partenaire qui ne manquera pas de demander à « d’autres » ce qu’éventuellement ils pourraient proposer. Et finalement, comme toujours et partout, l’idéologie cédera le pas à la réalité et à ses contraintes… Il y a des vérités qu’on n’aime pas entendre même si on se doute bien que les autres les connaissent.

    2. Il y a aussi de pouvoir réduire la dépendance vis à vis des USA, vues les actualités, le futur chef de la Maison Blanche pouvant prendre des décisions contre l’Europe et donc contre la France

      1. Rappelons que le Global est un avion canadien plutôt que américain… Tout comme les Européens, les Canadiens sont inquiets de la tournure des événements chez notre encombrant voisin.

  8. Une fausse bonne idée ! En y songeant, on fait fi de questions essentielles telles que l’entretien en cas de pannes et la fourniture de Pièces détachées ?
    Bonjour la dépendance assurée et les coûts explosifs, sans compter l’accès inévitable à des données sensibles et classifiées !
    Ce projet n’est rien d’autre qu’une fanfaronnade assez illogique !
    Si les décideurs acceptent le risque lié à un système hybridé qui sera tout sauf pratique ou abordable financièrement, qu’ils l’assument complètement en achetant le système complet tel qu’existant! La marine vole bien sur E2C !

    1. Pas une bonne solution. L’E2C est un solution qui fonctionne, mais ne sert en rien nos intérêts. L’important est d’être capable de produire nos propres armes. Le cas échéant, le n peut en faire plus. De plus, on peut en vendre à des pas tiers. Les soldats équipés de machines étrangères sont juste des coûts. À ce rythme là, nous ne pourrons pas disposer d’un budget suffisant et soutenable pour 2030.

  9. Où trouver l’investissement en milliards pour la recherche et la construction d’un prototype et enfin la production d’une série si petite qu’elle fera exploser les coûts ?
    Les pays comme la France aurait dû s’associer en temps et a l’heure d’un système a adapté sur l’avion qui lui conviendrait.
    Il est connu que tout grands système de recherche et prévention sur lequel sont adapter des moyens d’attaque et de défense prennent un temps long de développement exemple le Rafale.

  10. 10X : probablement une belle réussite à terme sur le plan performance mais qui arrivera trop tard commercialement sur un marché déjà occupé par Bombardier et Gulfstream .Retard du principalement au retard sur le 5X ( SAFRAN silvercrest) qui a impacté les ressources du bureau d’étude pour le 10X . Flotte réduite signifie cout d’exploitation élevé coté plateforme et développement Thalès couteux pour petite série.
    Interopérabilité OTAN indispensable à l’avenir donc achat sur étagère probable .
    je ne sais pas si le GlobalEye ( seuls clients de mémoire : suède et UAE) est »interfaçable  » avec les standards communication OTAN , si oui c’est peut être une bonne voie moyennant des compensations de la Suède
    Pourquoi ne pas profiter de l’achat de l’OTAN pour renouveler son parc d’E-3 en Europe pour acheter quelques exemplaires avec une petite francisation coté comm si l’on veut assurer la cohérence avec notre chasse , MRTT et E2D

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