Le GlobalEye de Saab peut-il équiper l’Armée de l’Air et de l’Espace ?

Remplacer les actuels quatre Boeing E-3F SDA va devenir très rapidement une obligation pour le ministère des Armées. Comme la Royal Air Force et l’US Air Force avant elle l’Armée de l’Air et de l’Espace doit en effet désormais engager la succession de ces AWACS quadriréacteurs dont l’obsolescence future n’est désormais plus un mystère pour personne. Alors qu’on pouvait penser le marché français acquis à Boeing et à son E-7A Wedgetail voilà que désormais on parle de plus en plus d’une solution passant la Suède et le Saab GlobalEye. Pour mémoire cet avion de nouvelle génération est basée sur l’avion d’affaire canadien Bombardier Global 6000.

En fait le marché des avions de détection aéroportée est aujourd’hui assez ouvert. Outre donc les États-Unis et la Suède on en retrouve au Brésil, en Israël, ou encore en Chine et en Russie. Pour d’évidentes raisons diplomatiques ces deux derniers pays sont forcément exclus d’un tel marché auprès de la France. En plus leurs machines respectives ne sont pas particulièrement réputées d’une qualité top niveau. Dans une moindre mesure on pourrait parler de l’Europe mais l’Airbus DS C295 AEW&C n’a jamais réussi à convaincre qui que ce soit, et ce depuis la quinzaine d’années qu’il existe. Ses chances auprès de Paris sont donc infinitésimales. Pour ne pas dire nulles !

La compétition pour équiper l’Armée de l’Air et de l’Espace d’un nouvel AWACS en remplacement des actuels quatre Boeing E-3F SDA devrait donc se jouer entre quatre avions. Enfin ça c’est sur le papier. Car les Boeing E-7A Wedgetail américains et Saab GlobalEye suédois semblent être les seuls véritables compétiteurs. Les Embraer E-99 brésiliens et Gulfstream Aerospace G550CAEW américano-israéliens n’ont pas l’air de leur côté susciter un intérêt énorme de la part des décideurs de Balard. Et pourtant ces deux derniers avions volent déjà en Europe, respectivement sous les couleurs de la Grèce et de l’Italie.

Le Boeing E-7A Wedgetail surfe actuellement sur ses succès auprès de nos alliés et partenaires américains ou encore britanniques. La vente de tels avions à l’US Air Force et à la Royal Air Force ne peut que jouer auprès de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Et cela se comprend facilement. Des avions identiques d’un côté ou de l’autre de la Manche serait un gage d’efficacité lors des fréquentes missions conjointes entre Britanniques et Français. Par contre l’engouement autour de l’avion suédois peut surprendre un peu plus. Bien sûr il repose sur un mélange de technologies éprouvées avec l’expérience de feu le radar Erieye et d’innovations dernier cri à l’image du système GlobalEye cœur même du nouvel avion. Si on excepte qu’il a été acquis par la Suède elle-même il n’a réellement été acheté que par les Émirats Arabes Unis. C’est peu face au best-seller de Boeing qui sert aujourd’hui en Australie, en Corée du Sud, ou encore en Turquie.

Sauf que désormais c’est la diplomatie qui entre en jeu. La semaine dernière le Président de la République, monsieur Emmanuel Macron, a signé une série d’accords dans différents domaines avec son homologue suédois, le Premier Ministre Ulf Kristersson. Et parmi ceux ci il est question de partenariats dans celui de la défense, de réciprocités entre des acquisitions suédoises auprès des entreprises françaises et des achats français auprès de fournisseurs suédois. Et beaucoup de spécialistes y voient l’option d’une réussite du Saab GlobalEye auprès du ministère des Armées. Pour l’avionneur scandinave accrocher un tel client serait inespéré. Car si l’United Arab Emirates Air Force est déjà un client qui compte elle n’est pas grand-chose vis-à-vis de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Car cet AWACS volerait alors pour le compte d’une des principales puissances nucléaires de la planète, une nation disposant d’une capacité de dissuasion et non uniquement de frappes tactiques.

Reste que le ministère des Armées ne pourra pas acheter ses Saab GlobalEye au même nombre qu’il possède ses vieux Boeing E-3F SDA. Les évolutions du monde obligeront sans doute Paris à commander entre six et huit de ces AWACS particulièrement compacts. Un marché qui ne fera pas des heureux qu’en Suède mais aussi au Canada où est produit le Global 6000 servant de base à l’avion.

Affaire donc à suivre.

Photo © Saab.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

14 réponses

  1. Cela serait trop complexe d’adapter ce genre d’equipement suédois sur un appareil dassault, equivalent au bombardier canadien?

    1. Une différence est le nombre de personnes embarquées. J’ai lu qu’en cas d’opération, il faudrait dans le cas du GlobalEye placer du personnel de coordination dans un 330MRTT

  2. La première question n’est elle pas de savoir qui a les meilleures performances de détection et de traitement des données entre le Boeing E-7A Wedgetail et le Saab GlobalEye ?
    Comme très souvent dans ce domaine les chiffres sont classifiés, difficile de savoir.

  3. Y a-t-il une raison pour laquelle Airbus n’a jamais essayé d’utiliser un avion de la famille A320 pour faire un avion de surveillance ? Ils ne sont pas moins bons que les 737 NG sur lesquels repose l’E-7. Pas de radar suffisamment performant à mettre dessus ?

    1. Une étude lancé par la DGA est en cours entre Dassault et Airbus pour choisir le futur avion de patrouille maritime. Soit le Falcon 10X pour Dassault, soit l’A320Neo pour Airbus.

      On pourrait imaginer que le vainqueur de cette étude puisse aussi dans une version AEWC embarquer le radar Erieye le Saab.

      En reprenant les éléments qui seront certainement embarqué sur la futur version PATMAR : un radar Searchmaster de Thales en ventrale, l’Euroflir610 de Safran, …

  4. Comme vous le dites, Arnaud, le système Boeing aurair le mérite de faciliter les opérations et manœuvres conjointes avec Britanniques et Américains.
    Et si l’intérêt pour Saab était de mettre Boeing en concurrence pour baisser les prix, comme le Rafale à été utilisé par la Sahoudiens pour négocier les Typhoon ?

  5. Bonjour.
    L’hypothèse ne me parait pas saugrenue, que ce soit sur des critères purement techniques (encore qu’effectivement, les performances réelles comparées des deux avions ne sont – et c’est logique – pas connues du grand public) ou des critères diplomatiques (l’entrée amorcée de la Suède dans l’Otan, et les partenariats initiés entre la France et la Suède, tels qu’expliqués par Arnaud dans son article).
    Pour une solution franco-française ou européenne (entendre « Airbus »), ce serait un gros investissement pour un marché au final pas si abondant que cela. Et je ne vois pas Airbus se lancer maintenant dans un programme dont le retour sur investissement serait hasardeux, alors qu’au minimum quatre concurrents (voire 5 si on prend aussi en compte le Hawkeye, à moins que les compromis liés à sa conception d’appareil embarqué ne le rendent moins efficace que les avions « terrestres ») proposent déjà une offre techniquement viable. A un moment donné, il faut savoir être pragmatique. Des solutions concurrentielles existent déjà « sur étagère », autant en profiter.

  6. Je ne comprends pas pourquoi vous rayé d’un trait de plume le Embraer E-99 c’est pourtant un avion de très grande qualité comme tous ce qui est produit en Brésil.

  7. Deux choses en lisant votre topic : vous ne connaisser rien à la grammaire et l’orthographe de la langue française et ensuite vous êtes trop soumis a l’otan et a ses pays. La France devrait acheté français avec Dassault.
    Pour le reste je découvre votre blog et le moins que je puisse dire c’est qu’il est fouillis vous devriez faire plus attention a ce que vous écrivez et notamment quand vous critiquez la Russie et encenssez les USA. La roue va tourner pour les progressistes.

  8. Vous devriez d’abord relire votre prose avant de poster.

    L’avion suédois n’est pas si mal que pour voir peut être le système installé sur un bijou de Dassault ou un achat sur étagère avec des compensations sur le militaire.

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