Les désignations des aéronefs militaires dans l’Allemagne nazie

Ce contenu est une partie du dossier thématique : Les systèmes de désignation

En avril 1933, soit quelques semaines seulement après l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler, les nazis créèrent leur propre ministère de l’air, le Reichsluftfahrtministerium ou RLM. Celui-ci avait pour but premier de centraliser l’administration de l’industrie aéronautique allemande, mais aussi ses activités civiles, et dans une plus grande discrétion ses activités paramilitaires. A cette époque, l’Allemagne était toujours démilitarisée dans le cadre du traité de Versailles de 1919. Ce secret de polichinelle perdura jusqu’en février 1935, époque à laquelle Hitler créa sa propre force aérienne, la Luftwaffe. Aucune réaction britannique ou française ne se fit alors entendre, ce qui avait alors valeur de blanc seing pour le régime nazi.

Déjà les fonctionnaires du RLM s’étaient attelés à une uniformisation des désignations aéronautiques, jusque-là assez chaotiques d’un constructeur à l’autre, pour ne pas dire franchement anarchique. Désormais la désignation de l’appareil en question reprendrait un groupe de deux ou trois lettres annonçant le constructeur, voire le bureau d’études dans le cas où plusieurs d’entre eux appartenaient à un même avionneur. Ensuite un nombre, convenu dans une suite logique donnée par le RLM lui même et attribué de manière chronologique. Certains nombres cependant reprenaient plus ou moins la valeur d’un nombre précédent, notamment dans le cas d’une même famille d’aéronefs. Ainsi l’avion de liaison Messerschmitt Me 108 et sa version améliorée Me 208, ou encore le chasseur lourd Messerschmitt Me 210 et sa version améliorée Me 410. Pour chaque appareil la raison sociale du constructeur apparaissait en premier.

Avion d'entraînement primaire allemand Klemm Kl 35.
Avion d’entraînement primaire allemand Klemm Kl 35.

Mais plutôt qu’un long discours, rien ne vaut une bonne vieille liste pour mieux se rendre compte de ce système. Pour chaque constructeur aéronautique majeur allemand de l’époque un appareil est présenté. Bien évidemment dans le cas de plusieurs bureaux d’étude chacun est traité.

  • Arado, dont les lettres sont Ar, comme sur le bombardier Arado Ar 234.
  • Bachem, dont les lettres sont Ba, comme le chasseur expérimental Bachem Ba 349.
  • Blohm-und-Voss, dont les lettres sont Bv, comme sur l’avion d’observation Blohm-und-Voss Bv 141.
  • Blohm-und-Voss, dont les lettres sont également Ha, pour le bureau d’étude Hamburger Flugzeugwerke, comme sur l’hydravion Blohm-und-Voss Ha 140.
  • Bücker, dont les lettres sont , comme sur l’avion d’entraînement Bücker Bü 131.
  • Dornier, dont les lettres sont Do, comme sur l’hydravion Dornier Do 24.
  • Fieseler, dont les lettres sont Fi, comme sur l’avion d’observation Fieseler Fi 156.
  • Focke-Achgelis, dont les lettres sont Fa, comme sur le planeur autogire Focke-Achgelis Fa 330.
  • Focke-Wulf, dont les lettres sont Fw, comme sur l’avion de patrouille maritime Focke-Wulf Fw 200.
  • Focke-Wulf, dont les lettres sont également Ta, pour le bureau d’étude Kurt Tank, comme sur le chasseur Focke-Wulf Ta 152.
  • Gotha, dont les lettres sont Go, comme sur l’avion d’entraînement Gotha Go 145.
  • Heinkel, dont les lettres sont He, comme sur le bombardier Heinkel He 111.
  • Henschel, dont les lettres sont Hs, comme sur l’avion d’attaque Henschel Hs 129.
  • Horten, dont les lettres sont Ho, comme sur l’avion expérimental Horten Ho 229.
  • Hütter, dont les lettres sont , comme sur le chasseur de reconnaissance expérimentale Hütter Hü 211.
  • Junkers, dont les lettres sont Ju, comme sur l’avion de transport Junkers Ju 52.
  • Klemm, dont les lettres sont Kl, comme sur l’avion d’entraînement Klemm Kl 35.
  • Messerschmitt, dont les lettres sont Me, comme sur l’avion de transport Messerschmitt Me 323.
  • Messerschmitt, dont les lettres sont également Bf, pour le bureau d’étude Bayerische Flugzeugwerke, comme sur le chasseur Messerschmitt Bf 109.
  • Siebel, dont les lettres sont Si, comme sur l’avion de liaisons Siebel Si 204.

Il est à noter que certains avions ont également reçu un nom de baptême, généralement issu d’un animal, mais que cette pratique ne fut jamais systématique, et ce quelque soit le constructeur. Ainsi par exemple le chasseur de nuit Heinkel He 219 fut il nommé Uhu (la chouette en français) ou bien encore Natter (la vipère) pour le Bachem Ba 349.

Focke-Wulf Fw 200, le Condor de la Luftwaffe.
Focke-Wulf Fw 200, le Condor de la Luftwaffe.

Enfin, il faut souligner que le RLM créa des noms spécifiques à certains types d’avions afin de définir une mission particulière. On retrouve ainsi les tristement célèbres Stuka, abréviation de Sturzkampfflugzeug, un terme définissant les bombardiers en piqué dont le plus célèbre fut incontestablement le Junkers Ju 87. Moins connus figurent les Zerstörer, mot désignant les chasseurs lourds destinés à détruire l’aviation ennemie. On y retrouve notamment le chasseur bimoteur Messerschmitt Me 410. Ces deux types d’appareils étaient totalement imbriqués dans la logique guerrière du IIIème Reich au sein de la Blitzkrieg, la fameuse guerre éclaire voulue par Hitler. Il faut enfin se souvenir qu’à la différence des États-Unis, de la France, du Japon, ou du Royaume-Uni, l’Allemagne nazie n’eut jamais de véritable force aéronavale digne de ce nom.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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