La codification des aéronefs dans les forces armées américaines

Ce contenu est une partie du dossier thématique : Les systèmes de désignation

Introduction

Les cinq composantes des forces armées américaines (US Air Force, US Army, US Navy, US Marines Corps, et US Coast Guard) possèdent depuis le réalignement des désignations aéronautiques du 18 septembre 1962 une codification unique pour l’ensemble de leurs aéronefs.

En effet à l’inverse de pays comme la France ou la Belgique qui persistent à utiliser les désignations constructeur, ou encore le Royaume Uni qui quant à lui préfère désigner ses avions par des noms de baptême officiel, les Etats-Unis eux utilise une codification alpha-numérique composé d’une lettre base et parfois d’un préfixe, tous deux pour désigner la mission de l’avion, ainsi que d’un suffixe destiné à « placer » l’appareil dans son cheminement industriel.
Enfin, l’appareil dispose d’un code numérique à un, deux, ou trois chiffres.C’est ainsi que les Etats Unis utilisent des F-15C en tant que chasseur, tandis que la France utilise quant à elle des Mirage 2000 et le Royaume Uni des Tornado F Mk-4. D’une certaine manière la technique américaine semble plus rationnelle que celle de ses alliés.

Les lettres « base »

Afin de mieux comprendre ce principe il est utile de présenter dans un premier temps les « lettres-bases » de cette codification. Certaines lettres de l’alphabet ne sont toutefois pas utilisées.

  • A pour les avions d’attaque au sol (en anglais Attack)comme par exemple le Grumman A-6 Intruder.
  • B pour les bombardiers (en anglais Bomber) comme par exemple le Northrop B-2 Spirit.
  • C pour les avions de transport (en anglais Cargo) comme par exemple le Lockheed C-141 Starlifter.
  • E pour les avions de guerre électronique et de contrôle radar (en anglais Electronic) comme par exemple le Boeing E-3 Sentry.
  • F pour les chasseurs (en anglais Fighter) comme par exemple le Grumman F-14 Tomcat.
  • O pour les avions d’observation (en anglais Observation) comme par exemple le Cessna O-1 Bird Dog.
  • P pour les avions de patrouille maritime (en anglais Patrol) comme par exemple le LockheedP-3 Orion.
  • S pour les avions de lutte anti-sous-marine (en anglais Submarine) comme par exemple le GrummanS-2 Tracker.
  • T pour les avions d’entrainement (en anglais Trainer) comme par exemple le Northrop T-38 Talon.
  • U pour les avions de liaison et de communication (en anglais Utility) comme par exemple le PiperU-11 Aztec.
  • X pour les prototypes (en anglais X-plane) comme par exemple le Bell X-1.

Les lettres « préfixe »

Devant la multiplication des besoins des cinq composantes, il fut décidé de concevoir au fur et à mesure des « lettres-préfixes » censés précisées les nouvelles missions de ces appareils. Toutefois les lettres préfixes ne s’adaptent qu’à certains appareils.

  • A pour les aéronefs d’attaque au sol (en anglais Attack) comme par exemple le BellAH-1 Cobra.
  • C pour les aéronefs de transport (an anglais Cargo) comme par exemple le Sikorsky CH-53Stallion.
  • D pour les avions de guidage de drone (en anglais Drone) comme par exemple le Lockheed DC-130Hercules.
  • E pour les aéronefs de guerre électronique (en anglais Electronic) comme par exemple le GrummanEA-6 Prowler.
  • G pour les aéronefs servant en permanence au sol et donc ne volant jamais (en anglais Ground) comme par exemple le Grumman GF-14 Tomcat.
  • H pour les aéronefs de sauvetage et d’évacuation sanitaire (en anglais searcH) comme par exemple l’Aérospatiale HH-65 Dolphin.
  • J pour les aéronefs servant provisoirement au sol (en anglais Joint-ground) comme par exemple le Lockheed JC-5 Galaxy.
  • K pour les avions de ravitaillement en vol (en anglais tanKer) comme par exemple le BoeingKC-135 Stratotanker.
  • L pour les avions spécialement modifiés pour les missions en zone froide (en anglais coLd) comme par exemple le Lockheed LC-130 Hercules.
  • M pour les aéronefs servant aux opérations spéciales (en anglais Multiple) comme par exemple le Boeing MH-6 Little Bird.
  • N pour les aéronefs servant au soutien des tests aériens (en anglais Nasa) comme par exemple le Boeing NB-52.
  • O pour les aéronefs d’observation (en anglais Observation) comme par exemple le BellOH-58 Kiowa.
  • Q pour les avions modifiés en drone (en anglais ???) comme par exemple les North American QF-86 Sabre.
  • R pour les aéronefs de reconnaissance (en anglais Reconnaissance) comme par exemple le McDonnellDouglas RF-4 Phantom.
  • S pour les aéronefs de lutte anti-sous-marine (en anglais Submarine) comme par exemple le Sikorsky SH-60 Seahawk.
  • T pour les aéronefs d’entrainement (en anglais Trainer) comme par exemple le Bell TH-67 Creek.
  • U pour les aéronefs de liaison, de communication et utilitaire (en anglais Utility) comme par exemple le Bell UH-1 Iroquois.
  • V pour les aéronefs de transport de hautes personnalités (en anglais VIP) comme par exemple le Boeing VC-25 Air Force One.
  • W pour les avions de reconnaissance météorologique (en anglais Weather) comme par exemple le MartinWB-57.
  • X pour les aéronefs expérimentaux (en anglais X-plane) comme par exemple le GeneralDynamics XF-16.
  • Y pour les aéronefs de pré-série (en anglais ???) comme par exemple le Northrop YF-17.
  • Z pour les aéronefs à l’étatde planification (enanglais ???) comme par exemple le Lockheed ZF-35.

Combinaisons « préfixe-base »

Toutefois il est à reconnaître que certaines « lettres-bases » nepeuvent pas exister sans l’accompagnement d’une « lettre-préfixe ».C’est notamment le cas des hélicoptères etdes planeurs.

  • G pour les planeurs (en anglais Glider) comme par exemple le Schweizer TG-3.
  • H pour les hélicoptères (en anglais Helicopter)comme par exemple le Sikorsky SH-3 Sea King.
  • L pour les avions porteurs delaser (en anglais Laser)comme par exemple le Boeing AL-1.
  • Q pour les drones (en anglais ???) comme par exemple l’IAI RQ-2 Pionner.
  • V pour les avions à décollage et atterrissage court ou pour les avions à décollage et atterrissage verticale (en anglais VTOL)comme par exemple le McDonnell Douglas AV-8 Harrier II.
  • Z pour les plus légersque l’air comme par exemple l’Avro Canada VZ-9.

Cas particuliers et autres anomalies

Si cette codification s’applique à plus de 95% des aéronefs américains,il faut remarquer que certains portent des désignations quelques peu difficiles à comprendre comme par exemple le Lockheed F-117 qui selon sa désignation devrait être un chasseur alors qu’il s’agit d’un avion d’attaque au sol.
Dans le même ordre d’idée le Lockheed U-2 n’est pas un avion de liaison mais bel et bien un appareil de reconnaissance stratégique et d’espionnage aérien.
Dans ces deux missions si particulières, nous trouvons également le fameux SR-71 Blackbird qui selon sa désignation devrait être un avion de reconnaissance modifié pour la lutte anti-sous-marine, alors que dans ce cas (et exclusivement dans ce cas) le S signifie « Strategic« . Mais il faut peut être reconnaître là le côté moqueur de la CIA et de la NSA, principaux utilisateurs du U-2 et du SR-71.
Enfin il faut signaler le F/A-18 Hornet qui dispose de cette barre diagonale très particulière dans sa désignation, afin de bien expliqué qu’il ne s’agit pas d’un avion d’attaque modifié en chasseur mais bien d’un chasseur multi-rôles.
De même la désignation de l’appareil peut induire en erreur sur son esthétique général, comme par exemple dans le cas du Northrop-Grumman RQ-8 Fire Scout, un drone qui en fait est un hélicoptère sans pilote en service au sein de l’US Navy.

Il est donc à remarquer que malgré une codificationtrès vaste et assez claire, les forces arméesaméricaines sont capables de très bien brouillerles cartes dans la compréhension de leur arsenalaéronautique. Et encore on ne parle pas des missileset des lanceurs spatiaux…

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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