Cette décision semble plus cohérente que celle concernant les avions du 124th Fighter Wing. L’US Department of Defense a fait savoir qu’à partir de l’année prochaine les 74th et 75th Fighter Squadrons commenceraient à se défausser de leurs avions d’attaque au sol Fairchild Republic A-10C Thunderbolt II. L’idée est de permettre de faire voler ces deux escadrons relevant du 23rd Wing sur chasseurs multi-rôles furtifs Lockheed-Martin F-35A Lightning II. Ils seront totalement opérationnels sur ce chasseur de 5e génération avant la fin de la décennie.
Au total ce sont cinquante-quatre Warthog qui doivent entre 2024 et 2028 inclus quitter la tranquillité de Moody AFB dans le sud de la Géorgie. Ces avions équipent depuis 1980 le 75th Fighter Squadron tandis que le 74th Fighter Squadron a de son côté connu une coupure de quatre ans entre 1992 et 1996 durant laquelle il a volé sur General Dynamics F-16C/D Fighting Falcon avant de revenir sur le puissant tueur de chars de l’US Air Force. Avant 1980 et l’avènement du Fairchild Republic A-10A Thunderbolt II ces deux unités volaient déjà sur avions d’attaque. Leur monture commune était le Vought A-7D Corsair II, et ce depuis le tout début des années 1970.
Vous l’aurez compris : les femmes et les hommes des 74th et 75th Fighter Squadrons cultivent un véritable savoir faire en matière d’attaque au sol et d’appui tactique. Une spécialité qui faire leur renom depuis un demi-siècle.
De ce fait le recours au Lockheed-Martin F-35A Ligthning II comme successeur désigné est assez cohérent. Les premiers exemplaires doivent arriver en unités avant la fin 2025 et les derniers début 2029. Pas question cependant que le remplacement se fasse au nombre pour nombre. Les deux unités de chasse du 23rd Wing passeront ainsi de cinquante-quatre avions actuellement à quarante-huit à la fin de la décennie.
Les changements sont dans l’air du temps au 23rd Wing puisqu’il y a quelques mois son 41st Rescue Squadron a commencé lui aussi son changement de monture. Il a commencé à dire adieu à ses hélicoptères Sikorsky HH-60G Pavehawk au profit des tous nouveaux Sikorsky HH-60W Jolly Green II.
Pour autant une interrogation demeure au sujet des Fairchild Republic A-10C Thunderbolt II géorgiens : quel avenir pour ceux du 76th Fighter Squadron ? En effet n’appartenant pas au 23rd Wing et même pas à l’Air Combat Command on ignore quel sort leur est réservé dans le futur proche. Cette unité dépend du 442nd Fighter Wing relevant lui-même de l’Air Force Reserve Command. Devront t-ils eux aussi suivre le mouvement et voler à terme sur Lockheed-Martin F-35A Lightning II ? Ça semble assez évident même si cela n’a pour l’instant pas été confirmé par le Pentagone.
Le paysage aéronautique américain va donc beaucoup bouger dans les quelques années à venir. Discrètement, sans esclandre, l’US Air Force a donc planifié la fin de carrière de son emblématique avion d’attaque. Pas de doute que nombre d’aérophiles, d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique nord, vont regretter cette grosse bestiole bruyante et fumante.
Photo © US Air Force.
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10 Responses
Le A10 est magnifique. Cependant, la guerre en Ukraine montre que ce n’est plus une menace sérieuse à cause de tous les manpads.
Pour ce qui est du F35 pour le remplacer… il est tout aussi vulnérable aux manpads. Il faudra qu’il travaille de plus loin avec des munitions nettement plus chères. Je ne suis pas certain que l’avenir de la puissance de feu sur un front donné soit entre les mains des pilotes de jets. L’artillerie, les Himars, les remote carriers sont semble-t-il assez prometteurs bien que tous terriblement chers.
La question pourrait être posée ainsi: comment faire passer 250 ou 500 kg d’explosifs et une pluie de 30mm au plus près des combattants (ligne de front) ou jusqu’à 100km derrière pour pas chers du tout et avec une chance raisonnable de succès . Je ne suis pas sûr que le F35 puisse répondre au critère pas chers du tout. Car il faudra non pas une vague unique, mais une persistance du feu.
Conceptuellement, il n’y a actuellement aucun sytème qui réponde au problème posé. On ne peut pas imaginer des munitions de 500k€ et plus pour chaque demande d’appui feu, ce n’est pas réaliste. Il faudrait un truc entre 10 et 20k€ pour que ça tienne la route. Genre une voiture bourrée d’explosifs ou l’équivalent prévu pour un seul vol. Là, ça pourrait marcher. Enfin… bon vol à tous les pilotes!
« ….ce n’est plus une menace sérieuse à cause de tous les manpads. »
Votre remarque est juste si on s’en réfère aux guerres modernes où on ne veut aucune perte humaine ni matériel .
C’est un concept très humaniste, mais qui doit faire rire (jaune) les combattants des guerres d’antan, WW1 et 2 pour ne citer qu’elles.
Nos grands-pères qui allaient au charbon aux commandes de leur typhoon, de leur P47 ou de leur Sturmovik – et même ceux d’en face – savaient la valeur de leur vie et n’hésitaient pas à la mettre dans la balance.
Et foncer dans un mur de flak n’était surement pas plus cool que de se faire allumer par un manpad
Je pense qu’il en est de même à notre époque. Quand il faut y aller pour dégager ses copains au sol, les aviateurs y vont sans se poser trop de questions.
Je crois que ce sont les opinions publiques, à la remorque desquels s’arriment les politiques, qui la joue petits bras.
Parce que dans une guerre symétrique, il y aura de la casse, beaucoup de casse. Le conflit en Ukraine le montre chaque jour.
Oui faire de l’appui feu rapproché, c’est accepter des risques énormes pour sa vie et accessoirement pour son avion.
Raison de plus pour le faire avec du matériel conçu pour ça, optimisé autour de la protection de l’équipage et des centres vitaux de l’avion, et dotè d’un armement puissant. Bref, autant le faire avec un A10 qu’avec un F35 à 100 millions de dollars, certes un bijou de sophistication qui n’en est qu’aux prémices de son évolution, mais qui n’a pas été conçu pour ça.
La guerre sans morts est un très joli concept, mais qui n’est pas encore vraiment au point. Dommage…
Si au début d’une guerre tout les pilotes et leurs chasseurs de 4e ou 5e génération se font descendre dans la première semaine par des actes de bravoure / sacrifice, combien de temps faudra-t-il pour remplacer les pilotes et les machines ? Surtout si en face, on n’oppose que du drone ou du missile. On n’ira pas scotcher des fusils sur les Cessna en demandant aux pilotes amateurs de charger à la baïonnette en attendant les renforts.
Le Warthog a beau avoir du blindage en titane pour protéger ses éléments vitaux, des systèmes redondants, une structure robuste, … , un ou deux shots de manpads ou une bonne volée d’obus explosifs le transforme rapidement en fer à repasser. Comme pour les bombardier du SAC des années 50, il a été conçu dans cette mentalité de l’arme « jetable », pour contrer des invasions massives de blindés et d’infanterie, mais il était prévu un taux de perte énorme, sa protection devant être suffisante pour approcher et tirer ses armes, pas forcément pour permettre au pilote de rentrer.
Le F35 aura un taux sûrement inférieur de survie au contact, mais il prévu pour être moins repéré à distance et tirer ses munitions hors de portée. Donc d’être plus efficace, surtout en coordination avec des drones éclaireurs sur les zones à traiter. La guerre en Ukraine montre bien la place de plus en plus grande des drones de reconnaissance et d’attaque dans un conflit (quasi-)symétrique.
Difficile à admettre, surtout pour qui comme moi, apprécie la gueule d’un A10 comparée au F35, mais c’est la réalité des opérations actuelles. Un superbe Mustang ne sera plus le top en ce qui concerne la défense aérienne, même avec toutes les mises à jour du monde…
Pas de soucis pour moi, avec les notions d’engagement et de sacrifice. Cependant, le nombre de plateformes et de pilotes de la seconde guerre mondiale était sans rapport avec le nombre d’avions mis en œuvre aujourd’hui. Par ailleurs, des canons antiaériens comme ceux du Guépard où des ZSU et des missiles pas cher rendent la tentative futile, même avec de la masse. Et puis, une fois que l’on a envoyé tout un lot de pilotes au casse-pipe, on est bien avancé. Il faut en re former, sans certitude que l’arme aérienne soit plus économique que les moyens mis en œuvre pour s’en prémunir. On peut évaluer cela en €, $, ¥, etc. Mais le plus équitable reste de faire le calcul en J/H. Bref, comment s’assurer que l’épée du ciel fait mieux que la carapace sur terre. C’est d’autant plus important que notre puissance de feu vient du ciel à 50 ou 60%.
Les plateformes plus sérieuses, y compris le F35 ne seront jamais présentes en grand nombre. Il faut donc les mettre à une distance moins suicidaire. Les menace venant du sol est impossible à éradiquer car elle a été très répartie. Vu que ces munitions ne manquent pas la cible, il faut bien trouver autre chose.
Le F35 est une partie de réponse, le Rafale F5 en est une autre, les lance roquette sol sol encore une autre. Le problème reste le prix. Il est effarant.
On pourrait imaginer une première passe d’attrition avec des munitions plus chères pour faire le choc suivi d’une autre moins cher et plus quantitative pour nettoyer. Enfin… je ne sais pas.
Le A-10 a justement été conçu pour pouvoir résister notamment à l’impact d’un missile tiré par un manpad. Il est par contre bien plus vulnérable aux missiles guidés par radar. Et surtout il ne correspond plus à la doctrine actuelle des USA, qui préfèrent payer le prix fort pour assurer une certaine sécurité à leurs troupes.
Le problème quand on est blindé pour 1 manpad, c’est quand il y a 2 manpads, nettement moins coûteux que l’avion. Surtout si celui-ci n’a pas le temps de détruire plus que sa valeur.
Ça promet d’être intéressant pour les OPEX = est-ce que la dinde va furtivement éviter les 14.5 et 23 mm qui ne tuaient presque jamais le phacochère ? …
Bon, je sais, je suis un « ancien « , je me rappelle même de la première présentation du A 10 au Bourget !
Amicalement.
Eh ben, ça va leur faire bizarre de passer d’un truc que même un missile qui l’empute de la moitié d’une aile ne peut pas empêcher de voler, à un machin 10 fois plus cher mais qui n’a pas le droit de voler quand il y a un cumulonimbus qui a été repéré dans le ciel…
L’armée américaine va devoir repenser entièrement sa façon d’opérer avec le support aérien avec sans doute moins de présence à basse altitude.
Après ce n’est pas comme si les munitions rodeuses, drones, bombes de précision n’existaient pas. Il y a moyen de profiter de la mise en réseau du F35.
Ce qui m’inquièterait plus c’est les chiffres de disponibilité rapportés comme faibles de cet appareil, et le coût de l’heure de vol.
Bjr,
Quand on voit l’absence désertique des chasseurs russes à 150 000 000€ unitaire au dessus de l’Ukraine en raison de la puissance de destruction inattendue des missiles sol-Air portables ou non, je me demande si la fin du pilote de chasse n’a pas sonné tout comme pour les chars d’ailleurs avec les drones.
Changement d’ère ?
Nynjazen