Les fins d’année sont propices aux bilans. L’année qui s’achève fut particulièrement fertile pour l’entreprise canadienne Bombardier. Alors que bien des investisseurs ne donnait pas cher de la peau de Bombardier en 2020, au plus fort de la restructuration de l’entreprise lourdement endettée suite au développement du CSeries et d’une crise pandémique inopinée, l’arrivée de Éric Martel au poste de PDG fut providentielle. Il faut dire que cet ingénieur québécois connaissait déjà très bien le secteur aéronautique ayant auparavant travaillé chez les motoristes Pratt & Withney Canada et Rolls-Royce avant de joindre les rangs de Bombardier. Chez Bombardier, il gravit les échelons pour devenir vice-président du programme des avions Challenger, puis président de la division Avions d’affaires. Ce fut donc un retour aux sources pour celui qui a occupé pendant cinq ans le poste de PDG de la société d’État Hydro-Québec.
Le titre boursier de Bombardier qui avait atteint le fond du baril en 2020 se transige actuellement à plus de 50$ et certains analystes estiment qu’il pourrait grimper jusqu’à 100$ dans la prochaine année. L’augmentation de 23% des revenus de Bombardier entre 2020 et 2022 et le retour à la rentabilité ont permis de diminuer sa dette de 45% par rapport à 2020. Selon le plan stratégique de Bombardier, le ratio de la dette devrait passer de 3,4 à 1,6 d’ici 2025. Poursuivant sur cette lancée, les résultats de 2023 s’annoncent tout aussi prometteurs. Les ventes d’avions d’affaires au troisième trimestre de 2023 ont totalisé 1,44 milliard de dollars américains, une hausse de 33 % comparativement au même trimestre de l’année précédente. La cadence de production des avions s’accélère et Bombardier devrait atteindre son objectif de livrer 138 appareils en 2023, comparativement à 123 l’année précédente. Les techniciens et les ouvriers de Bombardier auront du pain sur la planche en 2024 car le carnet de commandes totalise actuellement 14,7 milliards de dollars américains. Bombardier est d’ailleurs en mode embauche.
Notons par ailleurs que l’assemblage du 1000ème appareil de la série Challenger 300 est en cours depuis novembre dernier aux usines de Bombardier à Montréal. Il s’agit en fait d’un Challenger 3500, soit la plus récente version de cette série. C’est le troisième avion d’affaires de Bombardier qui atteindra le seuil des 1000 livraisons, après le Challenger 650 en 2015 et le Global en 2021. En octobre dernier, Bombardier soulignait d’ailleurs la livraison de son 150ème Global 7500.
Avec plus de 2000 exemplaires actuellement en service dans le monde, la popularité des appareils Challenger ne s’essouffle pas. À preuve, la douzaine d’appareils Challenger 3500 commandés par un client anonyme il y a quelques jours à peine. L’entreprise américaine Flexjet s’apprêterait aussi à commander une centaine d’appareils Challenger 3500. Nous aurons l’occasion d’y revenir en 2024.
En plus d’augmenter la cadence de ses livraisons, Bombardier mise aussi sur la croissance des revenus dans ses services après-vente. Avec 5000 avions Bombardier actuellement en service, l’entreprise a entrepris en 2022 une importante expansion de son réseau international de centres de service avec comme objectif de doubler son chiffre d’affaires dans ce secteur afin d’atteindre 2 milliards de dollars américains annuellement d’ici 2025. Avec environ 400 avions Bombardier qui changent de main à chaque année, l’entreprise a également mis en place un programme de rachat et de remise à neuf de ses appareils usagés qui va générer de nouveaux revenus.
Mise sur pied en 2022, la Division défense de Bombardier vise à répondre à l’intérêt croissant du secteur militaire suscité par ses avions. À titre d’exemple, Bombardier livrait en octobre dernier un septième avion Global à l’US Air Force dans le cadre du programme Battlefield Airborne Communications Node. De son côté, l’US Army annonçait en 2023 la sélection de l’avion Global dans le cadre de ses programmes ATHENA-R (Radar à synthèse d’ouverture) et ATHENA-S (Plateforme ISR). L’année 2023 marquait également la septième livraison d’un avion Global à la société suédoise Saab, prêt à être transformé en plate-forme GlobalEye. Le marché militaire représente actuellement près de 300 millions de dollars américains de revenus par année pour Bombardier qui souhaite faire grimper ce chiffre à 1 milliard de dollars annuellement d’ici 2030. Malgré la déception quant à l’issue du processus de remplacement des CP-140 Aurora canadiens, Bombardier compte bien poursuivre le développement de son avion de patrouille maritime multi-missions qui semble intéresser un certain nombre de pays avec lesquels des discussions sont en cours.
L’année 2024 s’annonce aussi bien remplie pour les ingénieurs et pilotes de Bombardier. Le processus de certification du tout nouveau Global 8000 se poursuit pour une entrée en service prévue en 2025. Répondant largement aux attentes, le Global 8000 s’annonce comme le leader mondial en matière de vitesse et de distance franchissable. Il s’est même payé le luxe de franchir le mur du son lors de vols d’essais, ce qui lui vaut le qualificatif d’avion civil le plus rapide depuis le Concorde.
Soucieux de réduire davantage l’empreinte écologique de ses avions, Bombardier pense également à plus long terme avec son programme EcoJet. Ce projet est entré dans une nouvelle phase en 2023 alors que Bombardier révélait qu’un deuxième drone d’essais de plus grande envergure effectuait des vols dans un endroit tenu secret. Les ailes de l’EcoJet sont entièrement intégrées au fuselage. L’aérodynamisme nettement plus fluide procure, à lui seul, des économies de carburant de plus de 20% selon Bombardier. Encore plus discrètement, Bombardier examine aussi divers modes de propulsion et de sources d’énergie pour se futurs avions. Désormais recentré uniquement sur les avions d’affaires haut de gamme visant les deux segments de marché les plus lucratifs, Bombardier est résolument tourné vers l’avenir.
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7 Responses
Clairement ce Bombardier Ecojet se pose en concurrent canadien de l’Airbus MAVERIC. Autant dire que les affrontements entre avionneurs autour de cette future génération d’avions de ligne s’annonce particulièrement excitante.
Avec son EcoJet, Bombardier vise plutôt le marché des avions d’affaires et n’est donc pas en concurrence avec Airbus, à moins que… Bonne fin d’année Arnaud !
Pour la centaine de 3500, c’est vraiment NetJets ou plutôt Flexjet ?
Vous avez tout à fait raison. C’est corrigé. NetJets est un autre bon client de Bombardier.
Les ricains vont acheter Bombardier et renommer Learjet en 2025.
Euh sans rire ça repose sur quoi votre affirmation ? Hormis l’américanophobie bien sûr.
La plus belle lignée d’avions d’affaires… après la famille Falcon 🙂