Avec Pégase 2023 l’A330 MRTT a (clairement) gagné du galon sur la scène internationale.

L’opération menée par l’Armée de l’Air et de l’Espace en zone Asie Pacifique n’aurait pas été possible sans le recours aux tankers. Pégase 2023 reposait donc en très grande partie sur les femmes et les hommes de l’Escadron de Ravitaillement en Vol et de Transport Stratégique 1/31 Bretagne et sur leur maîtrise de leur monture : l’Airbus Defense and Space A330 MRTT Phénix. En 40 jours cet avion a forcément démontrer ses capacités, prouvant au passage qu’il était le digne héritier du mythique Boeing KC-135 Stratotanker… américain. Des éléments de langage que les négociateurs de l’avionneur européens n’hésiteront sans doute pas à faire valoir lors des prochaines compétitions internationales visant à l’acquisition de tels appareils.

Ravitaillement en vol franco-japonais.

Sans ces gros biréacteurs gris il aurait été impossible au ministère des Armées d’expédier dix Dassault Aviation Rafale F3-R en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française. Partant de ce postulat l’Airbus DS A330 MRTT Phénix apparait comme la véritable cheville ouvrière de Pégase 2023. Mais était t-il forcément dans l’ombre du chasseur omnirôle français ?

En fait non car à l’instar donc du Dassault Aviation Rafale F3-R l’Airbus DS A330 MRTT Phénix a su tirer son épingle du jeu. Par exemple il était de toutes les escales techniques prévues sur le chemin aller comme au retour. De ce fait les officiels des pays en question ont pu l’approcher de très près dans des conditions bien plus réalistes que lors de salons aéronautique, comme au Bourget par exemple. Toucher et voir c’est bien se rendre compte en réel c’est encore mieux, et c’est ce qu’on pu réaliser les états-majors indonésiens, japonais, et malaisiens. En Indonésie les General Dynamics F-16A/B Fighting Falcon, au Japon les Mitsubishi F-2, et en Malaisie les McDonnell-Douglas F/A-18C/D Hornet se sont ainsi ravitaillés directement auprès des tankers français. Un bon coup de pub pour l’avionneur européen et son savoir-faire.

Un tanker a l’esthétique soignée.

Bien évidemment cela ne suffira pas à la Kōkū Jieitai pour dénoncer son contrat avec Boeing autour du KC-46A Pegasus mais ça peut permettre de marquer des points en Indonésie et en Malaisie. On sait que depuis 2018 la première scrute avec attention le tanker européen, encore plus depuis sa commande de Rafale. De son côté la seconde ne cache plus ses intentions de remplacer à court ou moyen terme ses Lockheed KC-130T Hercules rachetés de seconde main auprès de l’US Navy il y a une quinzaine d’années. Oui Pégase 2023 aura autant servi les intérêts militaires et diplomatiques de la France que ceux plus mercantiles du groupe Airbus.

Ravitaillement en vol franco-américain.

Niveau expérience cette opération a également permis de ravitailler en vol les Lockheed-Martin F-35A Lightning II de l’US Air Force présents dans la région que les Dassault Aviation Mirage 2000-5F que l’Armée de l’Air et de l’Espace entretient dans la corne de l’Afrique. Deux modèles d’avions qui n’ont pas vraiment l’habitude dans leurs régions respectives de voir passer des A330 MRTT Phénix. Dans le même cas de figure cela a été l’occasion de démontrer aux adversaires du Japon qu’un de leurs alliés, la France donc, peut rapidement expédier sur place des ravitailleurs en vol parfaitement adaptés au transport stratégique. Moscou et Pékin apprécieront. Donc oui tout comme le Rafale le Phénix n’a nullement démérité durant ces 40 jours à l’autre bout de la Terre !

Photos © Armée de l’Air et de l’Espace.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

9 Responses

  1. En revanche le Japon à dénoncé le fait d’être une vache a lait pour Boeing. En effet le Japon a dénoncé les surfacturation de la maintenance et pièces détachées de ses KC-46. Coût de maintenance 15 fois plus élevé pour les siens que ceux de l’USAF.

    1. Dénoncé oui mais pas renoncé à acheter cette brouette ratée qu’est le KC-46. Bizarre que l’avionneur à l’origine du révolutionnaire KC-35 ait pu pondre un tanker aussi décevant que le Pegasus.

      1. Oui vous avez bien raison Arnaud.
        C’est une vrai question.
        Comment un avionneur (Boeing) aussi expérimenté dans les ravitailleurs a t il pu faire un avion comme le KC-46 ?
        Question subsidiaire, pourquoi être parti d’un 767 et pas d’un 777?

        1. « Comment un avionneur (Boeing) aussi expérimenté dans les ravitailleurs a t il pu faire un avion comme le KC-46 ? »

          J’étendrai même la question à: Qu’est-ce qu’il se passe chez Boeing ces temps-ci ?
          Cf: KC-46, mais aussi le 737 Max et la capsule spatial Starliner.
          Et c’est dans trois domaines différents militaire, civil et spatial.

          Pour la capsule spatiale, les « ennuis » sont certes moindres et ca reste du spatial, mais je ne peux m’empêcher de la rajouter au lot.

  2. L’explication est relativement simple, Boeing n’était plus qu’une machine à générer du cash / marge dirigé par sa finance interne. Cela a généré une externalisation quasi totale des activités sans la mise en place de contrôles « by design » et des problèmes d’éthique d’un management preferant dissimuler que d’afficher et corriger les problèmes, tout cela, pour afficher une haute perfo. Bref, un ensemble de problèmes structurels et plus grave, culturels. Pourquoi un 767 ? moins d’investissements et donc plus de marges avec un client rendu captif par la politique US

    1. c’est connu comme le loup blanc, toutes les ventes de materiels militaires sont concernes par ces procedes obscures. Que ce soit francais, us, anglais, russe,etc… tout le monde pratique.

  3. extraordinaire que cet avion de permettre de prendre la releve de nos valeureux KC135 en cours de retrait apres une carriere longue de pres de 60 ans. esperons de nos airbus auront une carriere aussi longue.
    longue vie a airbus

  4. Et Arnaud, tu n’as même pas mentionné de l’A400M qui est aussi capable de ravitailler, transporter le gros matériel tel que réacteur, groupe électrogène, pièces détachées de toute sorte, participer à du sauvetage maritime etc…
    Bref, 3 avions emblématiques du savoir faire français et européen.
    On attend ta prose….

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