Ryanair vole (déjà) au secours du Boeing 737 Max 10.

Trois ans et demi après son premier vol le concurrent désigné de l’Airbus A321Neo n’est toujours pas en service commercial. Surtout les retards accumulés commencent à peser sur lui alors même que le transporteur United Airlines parle désormais clairement d’annuler sa commande justement au profit de son adversaire européen. Au-delà du coup de tonnerre que cela représente le patron de la compagnie irlandaise à bas coûts Ryanair y voit une opportunité de conforter son partenariat avec l’avionneur américain. C’est donc une bien étrange partie de billard à trois bandes qui se joue autour de ce monocouloir.

Sur le papier United Airlines est le client rêvé pour le Boeing 737 Max 10. Il l’a commandé comme compagnie de lancement sur le marché intérieur des États-Unis à hauteur de 277 exemplaires fermes, ainsi qu’une option pour 200 supplémentaires. La compagnie aérienne aligne déjà six autres versions de l’avion : 737-700, -800, -900, -900ER, Max 8, et Max 9. Ce 737 Max 10 vient donc peaufiner une flotte qui a tout du porte-étendard. Sauf que les dirigeants du transporteur américain sont des pragmatiques, ils ne mettent pas tous leurs œufs dans le même panier. C’est pourquoi en parallèle de ces Boeing 737 ils ont fait le choix de monocouloirs Airbus. A319-100 et A320-200 mais aussi A321Neo et A321XLR ; cette dernière version doit débuter ses livraisons cette année.

Or les retards sont de plus en plus prégnants dans le programme du 737 Max 10 et Boeing ne peut plus rien faire pour les masquer ou même pour essayer d’en atténuer les effets. Alors qu’au printemps 2021 son vol inaugural était perçu chez l’avionneur comme la lumière au bout du tunnel après le scandale 737 Max force est de constater que quelqu’un a appuyé sur l’interrupteur et a replongé le tunnel dans le noir ! Plus que jamais l’avion est danger. Et United Airlines parle donc désormais d’annuler sa commande au profit d’Airbus A321Neo et A321XLR. Deux modèles largement taillés pour la mission qui serait alors la leur : remplacer les quarante 737-700 et les soixante-et-un 757-200/-300 encore en dotation et désormais trop vieux pour elle. Autant vous dire qu’en Allemagne autant qu’en France ça négocie dur.

En fait les jeux semblent tellement faits que Michael O’Leary accourt déjà pour tirer son épingle du jeu. L’homme d’affaires irlandais, n°1 de Ryanair, a proposé de racheter les avions dont les commandes seraient finalement annulées. Son directeur financier espère ainsi obtenir des Boeing 737 Max 10 à un prix qu’il juge raisonnable. En gros il espère une belle ristourne de la part de l’avionneur américain.

Rappelons que le célèbre transporteur à bas coût utilise une flotte 100% Boeing 737. Elle est composée de 410 exemplaires du 737-800 aménagés en classe unique et de 140 737 Max 200 également en classe unique. Dérivé du Max 8 le Max 200 est une version spécialement adaptée à Ryanair et dont soixante-dix exemplaires doivent encore être livrés. La compagnie irlandaise a par ailleurs 300 exemplaires du 737 Max 10 en commande, plus 150 autres en option. Autant dire que le premier transporteur aérien d’Europe en volume de passagers est un véritable mastodonte pour Boeing. Et chez Ryanair pas question d’aller voir ce qui se fabrique en Allemagne ou en France, même si la filiale autrichienne Lauda Air évolue sur A320-200. La fidélité à Boeing payera bien un jour, et celui-ci devrait arriver plus vite que prévu.

Reste désormais à savoir combien de Boeing 737 Max 10 seraient repris par Ryanair sur la commande d’United Airlines ? Tous ou simplement une partie ? On le saura tôt ou tard, à condition que la compagnie américaine aille jusqu’au bout de sa démarche avec l’avionneur européen.

Affaire donc à suivre.

Photo © Keypublishing

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

8 réponses

  1. Vu comme ils sont durs avec leurs clients et prestation aeroportuaire et meme leur personnel. Autant dire qu’avec leurs fournisseurs ils doivent etre des tyrans.
    Quand comac va entrer veritablement dans la danse autant dire que ca va negocier methode far west

    1. Je confirme MOL a une attitude inacceptable en réunion même devant son ministre de tutelle irlandais .Une des clés du succès de son entreprise est une unique qualification de type pour l’ensemble de ses pilotes . Si – je ne le crois pas- Boeing (BAC) devait ralentir significativement sa production de MAX pendant plusieurs années son objectif de croissance centré également sur l’utilisation d’avions neufs achetés avec un bon discount et revendus avant la 1ère grande visite serait mise à mal… donc il soutient BAC avec son annonce sur le MAX10 qui en retour lui livre plus rapidement les avions qu’à d’autres clients. C’est un flibustier de l’aérien compétent et basé dans un pays de l’UE qui taxe peu les entreprises de service. Tant qu’il reste sur des aéroports « low cost » type BEAUVAIS cela permettra aux autre de vivre sur le marché intérieur européen et proche . Les récents indicateurs DGAC sur l’année 2023 indique une baisse légère mais continu de la part des transporteurs aériens français sur le domestique et l’europe et cette tendance est constatée dans bien d’autres pays de l’UE

  2. C’est tout de même dramatique la fin de carrière du 737. Quand on pense qu’il a inspiré le Mercure 100 et l’A320 et qu’il finit aussi mal. C’est presque triste pour les employés de chez Boeing.

  3. Oui il faut espérer que Boeing se rétablisse car une concurrence saine avec Airbus est nécessaire pour le développement de l’aviation commerciale. Par contre je ne vois pas Comac pénétrer le marché de l’aviation occidentale pour deux raisons : il arrive trop tard car une nouvelle génération d’avions va arriver dans une dizaine d’années et la Chine ne dispose pas de la technologie pour développer ces nouveaux aéronefs

    1. Euh sans vouloir vous reprendre pour vous reprendre c’est Ryanair et non RyanAir. Et ensuite personne ne force qui que ce soit à utiliser la compagnie irlandaise à bas coûts. Si vos moyens financiers vous le permettent d’autres compagnies existent et sinon le TGV est également une excellente alternative pour les trajets en dessous de 1000 kilomètres.

  4. 1500 heures de vol en temps que passager et 1200 comme pilote PPL.
    Passionné depuis ma jeunesse d’aviation.
    Je ne monterai jamais dans cette machine fabriqué à la va vite au lieu de concevoir un nouvel avion.
    Donc, Au revoir Ryanair !!!

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