La Thaïlande va commander douze Gripen supplémentaires.

Bangkok vient sans doute de faire démonstration d’une énorme perte d’influence des États-Unis. Dans le chantier de modernisation de son aviation de combat la Royal Thai Air Force a choisi d’engager des négociations avec Saab autour de douze JAS 39E/F Gripen. Face à l’avion suédois Lockheed-Martin avançait son F-16V Viper. Les Thaïlandais ont sans doute gardé rancune aux Américains après l’affaire des F-35A Lightning II.

Rappelons qu’initialement la Thaïlande avait sélectionné le chasseur de 5e génération avant que l’administration Biden n’y appose un véto. Donald Trump n’a montré aucun signe visant à le lever. C’est pourquoi la candidature officielle des États-Unis était le Lockheed-Martin F-16V Viper que les spécialistes américains croyaient parfaitement taillé pour succéder à la moitié (la plus ancienne) des actuels General Dynamics F-16A/B Fighting Falcon. Ils avaient tort. Peut-être ont-ils pêché par excès de confiance en eux.

Car dans cette compétition ouverte aux seuls chasseurs monoréacteurs on retrouvait aussi le Saab JAS 39E/F Gripen, la version évoluée du JAS 39C/D dont onze exemplaires sont déjà en dotation dans les rangs de la Royal Thai Air Force. Grâce à son nouveau radar à antenne active ES05 Raven le JAS 39E/F peut emporter et tirer le missile air-air longue portée Meteor de facture européenne. D’un prix sensiblement plus élevé que le F-16V il représente une capacité d’uniformisation des moyens de combat thaïlandais. C’est sans doute pour cette raison que ce mercredi 4 juin 2025 l’avionneur suédois a fait savoir qu’il allait répondre favorablement, tout en l’étudiant totalement, à la demande de Bangkok.

Dans le détail la sélection thaïlandaise concerne huit monoplaces JAS 39E et quatre biplaces de transformation opérationnelle JAS 39F. Ils devront remplacer les F-16A/B des Squadrons 102 et 103. La Royal Thai Air Force conservant encore ses F-16MLU au sein du Squadron 403. La Thaïlande pourrait donc, selon toutes vraisemblances, devenir le deuxième client export de cette version après le Brésil où l’avion est connu comme F-39 Gripen.

La modernisation de l’aviation thaïlandaise est donc en mouvement. Et visiblement sa rancune envers Lockheed-Martin et Washington est tenace. Sans doute est-ce là une source d’inquiétude pour l’avionneur américain quand on sait que la Royal Thai Air Force a fait savoir il y a quelques semaines qu’elle allait lancé le processus de remplacement de ses Lockheed C-130H Hercules acquis dans les années 1980.

Affaire donc à suivre.

Photo © Wikimédia Commons


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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8 réponses

  1. J’ai vu passé qu’à priori la Colombie aussi choisirait finalement le Gripen plutôt que le F-16V ou le Rafale ? C’est vrai ou c’est de l’intox ? Si c’est vrai ça veut dire que la Colombie n’a aucune ambition de peser face au Vénézuela. Par contre je trouve que le choix thailandais est logique et intelligent j’en ai marre de LM qui croit que ses F-16V et F-35A sont l’alpha (jet?) et l’oméga de la chasse moderne. Et puis c’est bien fait pour ce gros xxx de Trump.

    1. Pourquoi en choisissant le Gripen, la Colombie ne pèserait pas face au Venezuela. Le Gripen est supérieur à tout ce que possède l’armée de l’air venesuelienne.

  2. Le JAS39 est une alternative crédible et performante dès lors où un prix contenu et la facilité de mise en oeuvre/maintenance sont recherchés.

  3. Donc pas de veto américain sur les composantes US du chasseur suédois. Pour rebondir sur la fin de l’article, et la question du remplacement des Hercules, l’Airbus A400a-t-il une chance? Ou c’est encore l’Embraer qui va passer ?

  4. Bjr, Amha le gripen est moins cher que le f16 pour un pays, la thaïlande, qui n’a, « quasiment », besoin que de faire la police du ciel. Le fait que les US ne s’y opposent pas veut dire aussi que le complexe militaro-industriel s’est réveillé face à Trump ; en effet, 30 % des pièces du gripen viennent des USA (dont le moteur) ; pour le complexe M-I c’est toujours ça !
    En revanche, Beckie a raison concernant la Colombie car cela semble fait à 95 %
    Cela veut dire, aussi, que celle-ci s’interdit de peser d’une façon ou d’une autre face au Venezuela et abandonne toute velléité de faire entendre une autre musique ; c’est vrai qu’en outre, ils n’ont pas les sous ! Arnaud nous le dira mais j’ai peur que ce soit confirmé ! 🙁
    Ce qui est inquiétant c’est qu’il ne faudrait pas que le Pérou fasse entendre la même musique car, eux, ont un besoin stratégique du rafale. Et eux ont des budgets, sans doute, qui le permettent.

  5. Au Philippines, le Gripen est aussi opposée au F16, ou en est on? Une décision a t’elle été prise? Les USA ayant menée des pression pour favoriser le F16…

  6. Attention à l’image d’un Gripen E/F très abordable et qui n’est pas si abordable que cela (comme pour un F16 Viper). En fait, Saab capitalise sur l’image d’un Gripen peu onéreux. L’enveloppe de la Colombie pour le Gripen m’avait sidéré car c’est dans la lignée du contrat Rafale avec la Serbie (attention: je n’ai pas lu les contrats!).

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