Vous allez comprendre en lisant cet article qu’aligner des escadrilles entières de Mikoyan MiG-31 Foxhound, de Sukhoi Su-30 Flanker-C et Su-35 Flanker-E ne sert à rien pour gagner une guerre si vous ne vous êtes pas auparavant assuré de maîtriser le ciel. Presque deux ans après le déclenchement de son «opération militaire spéciale» la Russie n’a toujours pas réussi à gagner la bataille des airs. Malgré l’absence des chasseurs General Dynamics F-16 Fighting Falcon de seconde main promis par les Alliés la chasse ukrainienne tient toujours bon. Il faut dire qu’au-delà de l’abnégation sans faille de ses pilotes il y a le talent (et pas mal de débrouillardise) des ingénieurs et mécanos.
Petit rappel de ce qui se passa il y a quasiment deux ans. C’est le 24 février 2022 que le dictateur russe Vladimir Poutine décida d’engager ses troupes dans une vaste série d’opérations aériennes et terrestres visant à conquérir l’Ukraine et à l’annexer. Le maître du Kremlin espérait destituer le président ukrainien Volodymyr Zelensky et mettre à sa place un de ses pantins comme cela a été le cas en Tchétchénie. Baptisée «opération militaire spéciale» cela devait prendre les airs d’une guerre éclair telle que l’Allemagne nazie en avait conduit en 1939 et 1940. Malheureusement pour Moscou rien ne se passa comme prévu.
Pour la scène intérieure russe Vladimir Poutine expliqua que cette «opération militaire spéciale» visait avant tout à «dénazifier l’Ukraine». Une rhétorique fumeuse et mensongère qui réussit à trouver également un certain écho international, notamment en Afrique sub-saharienne ou encore dans une moindre mesure dans le monde arabo-musulman. En Europe quelques groupes de pensée populistes y firent adhérer leurs ouailles. Pour le reste du monde la cause première de la réaction poutinienne était bien la peur. Le dictateur russe était effrayé de voir son puissant voisin rejoindre le camp des démocraties et des états de droit. D’autant que Volodymyr Zelensky parlait alors ouvertement d’adhésion à la fois à l’OTAN et à l’Union Européenne. Pour le Kremlin l’alliance Atlantique était une ligne rouge à ne pas franchir. Prétextant des pogroms contre les populations russophones du Donbass, que d’ailleurs il ne réussit jamais à démontrer, Vladimir Poutine lança son aviation contre les sites stratégiques ukrainiens. On crut un temps que sa stratégie allait fonctionner.
Il faut dire que durant les mois précédents l’invasion de l’Ukraine l’aviation militaire russe avait multiplié les exercices aériens, mobilisant même sa chasse au plus près de l’Union Européenne et parfois de l’OTAN. Beaucoup, nous y compris, voyaient alors dans cette agitation les prémices de frappes aériennes voire de parachutages de troupes. Mais pas forcément d’une guerre. Nous avions tort. Aux vues des moyens engagés par Moscou dans les premiers jours de cette «opération militaire spéciale» on ne donnait pas cher de la chasse ukrainienne. Ses pilotes n’hésitaient jamais à décoller de jour comme de nuit pour intercepter l’envahisseur. Les munitions commençaient à manquer, il fallait pour Kyïv trouver une solution. Et là encore elle vînt de l’Union Européenne et de l’OTAN ou plutôt de leurs membres jadis placés sous le joug de Moscou. Des avions ou encore des hélicoptères furent fournis gratuitement à l’Ukraine en même temps que des missiles air-air et des obus de canons-mitrailleurs. Tout était alors bon pour permettre à la chasse ukrainienne de tenir. À l’été 2022 après quatre mois et demi de guerre aérienne et terrestre les avions frappés de la cocarde jaune et bleue volaient toujours. Mieux même ils arrivaient à bouter l’envahisseur russe loin de certaines villes.
En parallèle du formidable boulot des ingénieurs et mécanos de la Povitriyani Syly Zbroiynyh Syl Ukraiyini les Alliés sécurisaient le ciel ukrainien. Pour que la chasse de cette PSZ SU puisse décoller et opérer tranquillement il fallait fournir en masse des systèmes de DCA moderne. Et là encore les Alliés mirent le paquet. Parfois des oppositions politiques se firent entendre mais la démocratie ayant toujours été plus forte que le fanatisme et la lâcheté c’est la première qui l’emportait.
Aujourd’hui, vingt-trois mois après que cette guerre ait débuté, vingt-trois mois après que Vladimir Poutine ait choisi de placer son pays au ban des nations civilisées la chasse ukrainienne tient. Elle fait voler une grosse centaine d’avions. Il s’agit de cinquante-deux à cinquante-cinq Mikoyan MiG-29 Fulcrum et de vingt-huit à trente-deux Sukhoi Su-27 Flanker tous deux multi-rôles auxquels il convient d’ajouter entre quatorze et quinze Sukhoi Su-24 Fencer et dix-huit à vingt-trois Su-25 Frogfoot spécialisés tous deux dans l’attaque de précision et dans l’appui aérien rapproché. Des avions qui seront bientôt soutenus par des General Dynamics F-16MLU Fighting Falcon et aussi sans doute par des Dassault Aviation Mirage 2000D. Vous l’aurez compris la chasse ukrainienne n’est pas prête d’arrêter de faire faire des cheveux blancs à Vladimir Poutine et des cauchemars à ses stratèges.
En presque deux ans de guerre les pilotes de chasse de la Povitriyani Syly Zbroiynyh Syl Ukraiyini se sont taillés face à l’aviation russe une réputation qui n’est pas sans rappeler celle des Forces Aériennes Françaises Libres qui volaient contre les aviations fascistes et nazies. En presque deux ans de guerre aérienne la chasse ukrainienne et la DCA ont obligé la Russie à revoir en profondeur ses modes d’actions. Celle-ci privilégie désormais les frappes à distance de sécurité contre des positions civiles désarmées ou encore l’emploi de munitions rodeuses fournies par le régime iranien des ayatollahs. Les Sukhoi Su-34 Fullback russe n’osent quasiment plus s’approcher des grandes villes ukrainiennes. Et c’est ça une énorme victoire de la chasse de Kyïv, et de sa DCA !
Affaire (malheureusement) à suivre.
Photos © ministère ukrainien de la défense.
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19 Responses
Bonjour Arnaud,
Ces chiffres sont-ils actuels? Quid de l’attrition? Combien de dispo avant la guerre, combien d’aéronefs volent encore? J’imaginais que les avions volant encore actuellement sont bien moins nombreux, mais serais heureux d’apprendre le contraire….
Il est évident Georges V que mes chiffres ont 10 ans. Vous imaginez si j’avais dû faire l’article avec des chiffres récents ? Parfois certaines questions me laissent pantois…
Dans son rapport World Air Forces 2024 (p32), FlightGlobal estime le nombre d’appareils urkainiens engagés à : 25 Su-27, 47 MiG-29, 14 Su-24, 16 Su-25. A cela s’ajoutent les appareils réservés à l’entraînement : 6 Su-27, 8 MiG-29, 4 Su-25, et 44 L-39, ce qui nous ramène aux chiffres annoncés par Arnaud. A considérer avec la réserve inhérente au brouillard de guerre.
Ces chiffres sont récents avec tous les avions fournis par la Pologne la Slovaquie les tchèques la macédoine
La Bulgarie la Roumanie
Je ne peux que me réjouir de la survie de l’aviation militaire ukrainienne. Je ne partage pas votre avis sur le fait que les « Alliés auraient mis le paquet » pour aider l’Ukraine. Ils ont dans le meilleur des cas mis des pansements de qualité sur des plaies ouvertes, ce qui était plus que bienvenu. On gardera en tête la frilosité des différents gouvernements pour fournir de vraies « armes offensives », comme diraient certains. Pour ce qui est des Mirage 2000D, à ma connaissance, il n’y a aucune information confirmant un début de projet de vente/cession, sans compter les difficultés logistiques/RH d’intégrer une nouvelle plateforme supplémentaire (biplace, je le rappelle) au sein des forces aériennes ukrainiennes.
Merci Arnaud pour cet articme passionnant et aussi les photos de ces avions ! Le su 27 est vraiment chouette sous ces couleurs! Je me demandais combien l Ukraine avait de pilotes?
Article complètement à charge comme d’habitude si ont peu appelé ça un article un ******* de propagande contre notre sainte mère la russie et le terme exacte toujours dans le défense de ce pays d’********* de nazi qui est en train de tuer l’agriculture française arnaud en plus est un ** quant mon père été colonel jamais arnaud n’aurez eu le droit de parlé comme sa de notre sainte mère la russie.
Merci pour votre gentil message. Vous avez déjà été banni sur une autre IP. Vous le serez sous celle-ci. Les astérisques remplacent votre vulgarité et notamment vos insultes homophobes.
Pour une fois, je ne commencerais pas par « Bonjour », tellement vous méritez peu de politesse. Juste le respect dû à un être humain, et certainement pas plus.
Dites donc, si vous aimez la France autant que vous le dites, ARRETEZ de massacrer le français comme vous le faites. C’est une véritable horreur. Et vous avez la prétention de défendre les agriculteurs français ?! Et de vous abriter derrière l’engagement de votre père (si tant est que ce soit vrai, ce dont je doute vraiment) ?! Sérieux ?!
Vous êtes singulièrement mal placé pour reprocher à Arnaud de faire ce que vous appelez de la propagande. Il exprime et défend ses opinions, de manière passionnée certes, mais construite et reposant sur des faits, lui! Je vous suggère de nettoyer chez vous avant de le faire chez les autres. Et si vous ne savez pas où vous avez mis votre balai pour faire ce nettoyage, nous on sait où vous l’avez mis. Mais on va vous laisser chercher, ça va vous occuper un peu…
Bonjour Arnaud (ainsi qu’aux autres contributeurs, ainsi qu’aux passionnés laissant des commentaires bien plus positifs que le triste sire auquel je réponds). Je comprendrais que vous modériez mon coup de sang, mais j’avoue que là, j’ai craqué. Je ne supporte plus la c****rie de ces sinistres cr**ins bas de plafond que je n’aurais franchement pas aimé connaître de 1940 à 1944…
Quoi qu’il en soit, vous avez bien du mérite de ne pas baisser les bras. Vous avez tout mon soutien et mon admiration (et en paraphrasant quelque peu Voltaire : je ne suis pas d’accord avec vous sur tout ce que vous pouvez écrire, mais je me battrais pour que vous ayez le droit de l’écrire et même de le penser).
Bien cordialement.
Eric.
Bonsoir M. le fils de…
Ceci est votre dernier commentaire sur ce site, que vous ne semblez pas vraiment apprécié en réalité. Je passe les grossièretés qui sont caviardées pour notre public. Puis que votre mère semble être une sainte, je vous propose de retourner chez elle de ce pas, ou tout du moins d’aller lire et commenter les articles des médias pro-russes qui vous siéront mieux.
La mère de ma fille, cher Fils de colonel, est née dans les années 70 en URSS, elle est donc née soviétique, et vit en France depuis presque 20 ans, je lui ai fait découvrir ce site ou parfois elle me traduit certains inscriptions que l’on voit sur les photos d’avion de son ancien pays, par contre elle a découvert aussi ta prose et ton apologie du maître du Kremlin, et ça l’a faite comment dire … sourire … Dourak « Дурак » comme elle dit …
Bel article mais je crains que vous vous fassiez encore conspuer par les trolls pro-russes et par leurs potes du FN comme Kevin. Bravo pour vos prises de positions en faveur de l’Ukraine ça change de site comme Aerobuzz qui restent « prudents » et font finalement le jeu des RuSSes.
un peu de nuance je vous pris….
dans les fais on sait très bien vous et moi que ukrainien comme russe sont obligés de tirer leurs missiles depuis des zones de sécurité pour éviter de se faire abattre dans un pays saturé de dca qui vont du manpad aux gros patriot/s400…
Bientôt des F-16 que certains disent être illusoire dans la force aérienne ukrainienne, des pilotes belge, danois norvégien, néerlandais et aux USA entraînent ces pilotes débutant ou confirmé.
– Des pilotes français ou anglais donnent des cours de base aux candidats pilote de ce pays, ce qui les prépare a la suite sur un avion de classe supérieure, Mirage 2000 ou F-16 pour l’A-10, les USA restent dans le flou absolu.
– L’horizon artificiel est organisé autrement sur les avions d’origine soviétique, ce qui a déjà causé des accidents avec des avions civil que le pilote ne comprenait plus ou était l’angle de montée ou descente devant ses yeux.
Certains pilotes chevronnés volent déjà sur F-16B (deux F-16B belge sont en Roumanie) et quelques-uns sur F-16A MLU en Roumanie peut-être les futurs moniteurs ukrainiens.
– À cela, s’ajoute le maniement de la langue anglaise et du jargon spécifique aux armées OTAN eu qui ont été bercé par le russe dé leur prime enfance.
Mais où sont les satellites militaires russes qu’on dit hyper puissants pour tout voir? Logiquement, aucun avion ukrainien ne peut décoller de jour, de nuit sans être vu par les Russes.
Bien que l’Ukraine réclame officiellement le Mirage 2000 D, la France n’a jamais rien officialisé de son côté. Ces rumeurs viennent principalement du fait que certains observateurs ont remarqués que depuis quelques mois les Mirages 2000 D volent effectivement plus qu’avant. Est-ce que c’est des entraînements de pilotes ukrainiens ? Peut-être et sa confirmerait la rumeur mais c’est peut-être tout simplement des pilotes français qui s’entraînent eux aussi plus qu’avant.
N’oubliez pas Dimitri que ce sont désormais les autorités ukrainiennes qui réclament officiellement le delta français. Et ça ce n’est pas rien. Non ?
https://www.avionslegendaires.net/2024/01/actu/le-dassault-aviation-mirage-2000d-revient-dans-la-course-en-ukraine/
Ce n’est pas rien, mais ce n’est pas grand-chose non plus. Tant que Paris ne donne pas suite à cette demande, on reste dans le domaine de la wishlist ou du vœu pieu. La question des Mirage 2000D devait être discutée lors de la réunion entre Sébastien Lecornu et Umerov le 18 Janvier. Dans les faits, seule une dotation en canon CAESAr par crowdfunding a été actée. Rien de concret sur les Mirage 2000D.
Bonjour,
que sait-on d’éventuels combats air-air, que c soit dans la phase initiale, ou sur la suite, en dehors de la DCA, SAM etc…?
Il y a bcp de connaissances sur les kills Patriot, SAM sur hélicos, S300 etc… mais je ne me rappelle avoir rien lu sur les activités air/air.
Merci!!
Cordialement