Roadfour Seagle, un hypothétique concurrent belge au DHC-515 Firefighter canadien.

Cet avion amphibie actuellement en cours de développement est plus que jamais d’actualité maintenant que l’Union Européenne connait des mégafeux sur son territoire. La start-up belge Roadfour propose son très ambitieux Seagle, un bombardier d’eau conçu pour remplacer les Canadair CL-215 et Bombardier CL-415. Sur le papier ce futur appareil disposera même d’une capacité d’attaque supérieure à celle des actuels Bombardier Dash 8. Reste à savoir s’il existera un jour ailleurs qu’en vues d’artistes et si des clients européens délaisseront l’expérience canadienne à son profit.

Son allure est très futuriste avec ses quatre hydrofoils, son aile haute de mouette, et son cockpit largement vitré offrant une vision à 360 degrés. Le Roadfour Seagle, contraction de Sea et Eagle, est clairement un avion ancré dans le 21e siècle et il semble vouloir le revendiquer dès le premier coup d’œil. Conçu par des designers et ingénieurs œuvrant au sein d’une jeune entreprise belge il présente des chiffres assez impressionnants.

Si on en croit ses concepteurs le Seagle aura une capacité totale de 12 000 litres répartis entre quatre réservoirs de fuselage. C’est donc près du double de celui d’un Bombardier CL-415 et 20% de plus qu’un Dash 8. À la différence près que ce dernier emploie du retardant et non de l’eau.
La vitesse de croisière du Roadfour Seagle sera de 250 nœuds, soit 463 kilomètres heures, pour un rayon d’action de 1550 miles marins. Ce qui signifie qu’il pourra voler 2870 kilomètres sans escale avec un équipage de deux personnels, voire trois dans certains cas. Sa masse à charge atteindra 32 000 kilogrammes, un poids finalement assez léger dû à un fuselage et à des ailes construits en partie en matériaux composites.

Clairement l’avion bombardier d’eau belge se présente plus que jamais comme un concurrent de poids pour le futur De Havilland Canada DHC-515 Firefighter. À un petit détail près. Il n’a visiblement actuellement pas la moindre commande à son active là où l’avion canadien en revendique déjà une vingtaine en provenance notamment de pays européens. On voit mal des pays comme l’Espagne, la France, ou encore la Grèce tourner le dos au savoir-faire canadien au profit d’un avionneur belge dont personne ne connait les travaux en matière d’avions bombardiers d’eau. L’urgence climatique est telle que pourtant il pourrait y avoir de la place pour les deux machines. Le Firefighter et le Seagle pourraient parfaitement être complémentaires, à défaut d’être réellement concurrents.

Sauf que de très grosses zones d’ombres existent autour de l’avion belge. Sa motorisation n’est pas connue même si les vues d’artistes ne laissent aucun doute sur le fait qu’elle tournera autour de deux turbopropulseurs. Quid de savoir s’ils seront de facture européenne ou nord-américaine ? Ensuite le site même d’assemblage des Roadfour Seagle est inconnu. On parle de la ville portuaire belge d’Ostende mais aussi des villes françaises de Nîmes et de Saint-Nazaire. Cette dernière accueille d’ailleurs une usine du groupe Airbus. Ce n’est que pure coïncidence puisque le géant européen n’a rien à voir avec le Seagle. Enfin à priori.

Selon Roadfour on peut espérer un premier vol du prototype du Seagle pour l’horizon 2025 et une entrée en service entre 2029 et 2030. Autant dire que d’ici là la concurrence aura eu le temps de faire son nid et les flammes de ravager les espaces naturels australiens, européens, et nord-américains. Pourtant ce programme belge est vraiment intéressant car il permet d’entrevoir une option à la suprématie canadienne dans le domaine.
Espérons donc qu’il ira au bout de son développement et connaîtra une carrière commerciale digne de ce nom.
Affaire à suivre.

Illustration © Roadfour


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

14 Responses

  1. Cette société fabrique déjà des avions ou pas ?
    Car les projets de startup qui ne présente que des vues d’artiste ou des power point …
    Car en regardant les informations légale de cette société, elle ne dispose de moins de 10 employés …
    Pour produite un avion soumis à de très très forte contrainte, hummm

    1. C’est pour cela que dans le titre il est bien écrit que le Seagle se présente comme un concurrent hypothétique du DHC-515 Firefighter. C’est cet adjectif qui est important ici.

  2. La conception et la certification d’hyrofoils pour ce type d’usage serait le point le plus difficile à atteindre.

  3. Apres ca peut etre interessant pour l’europe de se doter d’une ligne d’avion pour combattre le feu, les avions canadiens s’ils sont certes eprouvés n’ont pas des capacité de production tres etendues …
    Et la concurence europeenne pourrait etre benefique pour une fois qu’elle n’est pas dirigée contre elle meme 🙂

  4. Projet intéressant mais ça reste une image de synthèse et des caractéristiques hypothétique. Le DHC-515 lui a l’avantage d’avoir l’excellente réputation de son père et grand-père, le CL-415 et CL-215 qui n’ont plus rien à prouver, comme meilleures publicités. Le Seagle lui n’a rien. Donc s’ils veulent espérer quelque chose ça passe par la création d’un prototype suivi d’une campagne de tests de plusieurs années. Sinon ça va faire comme beaucoup de projet mégalomane venant de start up, direction les oubliettes avant même qu’une première pièce ne soit usinée.

    1. C’est tout le problème de ce type de projets. Sur le papier, c’est intéressant mais la société aura-t-elle le financement nécessaire pour fabriquer un prototype ? Le doute est permis tant le ticket d’entrée dans l’aéronautique est cher.

  5. Bonsoir, juste une petite question :
    Qui paye ces études?
    Avec quel argent va t on fabriquer ces bidules……. qui existent déjà ?
    L’art de ré-inventer l’eau tiède à nos frais m’a toujours étonné, parce que évidement c’est le contribuable (d’une manière ou d’au autre) finira par payer.
    Je préfère de bcp ( c’est ma culture aéro???) acheter des -vrai-hydravions comme le cl-415 et/ou cl515
    Me gour-je?

    1. Dans la majorité des cas ce sont des développements sur fonds propres mais des aides européennes au développement industriel et technologique existent. Rien ne dit cependant que Roadfour en ait reçu !

  6. Bonjour Arnaud

    Merci pour ce bel article sur notre programme Seagle.
    N’hésitez pas a me contacter directement pour avoir des compléments d’informations, qui pourront être intéressants pour vos lecteurs.

    A bientôt
    Cedric Savineau
    Head of Aerostructures – Roadfour
    c.savineau@roadfour.com

    1. Pas de quoi monsieur Savineau. Nous suivrons l’évolution du programme de votre avion bombardier d’eau.

  7. Bonjour, Saint Nazaire a une histoire avec la fabrication d’hydravions ( les Loire ) alors pourquoi pas il y a la main d’oeuvre et les infrastructures sur place.

    1. La main d’œuvre des usines Loire ? Pas sûr que des nonagénaires et des centenaires soient des techniciens vraiment intéressants pour Roadfour.

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