Le Sikorsky CH-148 Cyclone sera t-il prématurément retiré du service ?

Succéder à celui qui est certainement le plus mythique hélicoptère de lutte anti-sous-marine de l’histoire de l’aviation n’est jamais simple. Cinq ans et demi après son entrée en service au sein de l’Aviation Royale Canadienne le Sikorsky CH-148 Cyclone enchaîne les déconvenues et ne réussit toujours pas à convaincre les décideurs institutionnels. À tel point même qu’il se dit de plus en plus qu’un plan B serait à l’étude autour de machines produites en Europe par Airbus Helicopters et Leonardo. Il faut dire que seul le Canada a choisi le S-92 Superhawk comme base de travail pour cet hélicoptère de combat naval.

C’est en juillet 2018 que les premiers Sikorsky CH-148 Cyclone sont entrés en service au sein de l’Aviation Royale Canadienne. Ils avaient été commandé en novembre 2004 et dix-neuf ans plus tard l’ARC ne possède toujours pas sa pleine dotation. C’est très long pour un appareil conçu pour permettre de protéger l’immensité du domaine maritime de ce pays. Actuellement seuls vingt-six des vingt-huit exemplaires achetés ont été livrés, les deux derniers devant l’être au second semestre de cette année et au premier de l’année prochaine. Initialement il était prévu que toutes les machines soient en service fin 2021.

Là où le bat blesse c’est que le Sikorsky CH-148 Cyclone est le successeur du CH-124, la version locale du mythique SH-3 Sea King. Un CH-124 Sea King qui a laissé un souvenir absolument impérissable au Canada, tant comme appareil de combat maritime que comme hélico de recherches et sauvetages en haute mer.

Bien sûr il y a eu le drame d’avril 2020 où un exemplaire s’était abîmé en Mer Ionienne mais cela n’explique pas le désamour des militaires et des décideurs canadiens pour l’hélicoptère. Les accidents ça arrive même aux machines d’exception. Par contre l’affaire des fissures structurelles demeure dans toutes les mémoires. On les comprendrait pour des appareils ayant un peu de bouteille, pas pour des machines ultramodernes. Et de ce fait le CH-148 Cyclone est désormais devenu pour le Canada un boulet à traîner. À tel point même que désormais l’option d’un retrait anticipé de la flotte est envisagée, à tel point même qu’Airbus Helicopters et Leonardo se seraient déjà positionnés avec des modèles différents.

Les sources que nous avons pu consulter parlent de l’Airbus Helicopters H225M comme principal compétiteur et sans doute du tout nouveau H175M comme challenger. Rappelons que cet appareil est actuellement en compétition auprès de la Royal Air Force dans l’optique du remplacement des Westland Puma HC.2 actuellement en dotation. De son côté Leonardo aurait aussi avancé deux machines : son AW.101 Merlin déjà en dotation au Canada comme CH-149 Cormorant de recherches et de sauvetages en mer et son AW.149, dont les succès commencent à se faire connaître à l’internationale. Les quatre hélicos en questions ne s’opposent pourtant dans aucune compétition… officielle. On remarquera que Sikorsky semble faire le mort, comme s’il avait compris que même son best-seller MH-60R Seahawk n’avait aucune chance sur ce coup là.

Esthétiquement parlant le CH-148 Cyclone est plutôt réussi. Technologiquement parlant ça semble une toute autre histoire.

Pour autant il ne s’agit encore actuellement que de bruits de couloirs. Du côté de l’Aviation Royale Canadienne c’est silence radio. Idem pour le gouvernement de Justin Trudeau. Il faut dire que l’affaire a de quoi embarrasser décideurs civils et militaires. Le CH-148 Cyclone ne ridiculise pas seulement son constructeur mais aussi son utilisateur.

Affaire (forcément) à suivre.

Photos © Aviation Royale Canadienne

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

7 réponses

  1. J’ai également entendu ces rumeurs. Simple stratégie pour faire pression sur Sikorsky ou véritable opportunité pour des entreprises européennes ? Chose certaine, le Cyclone n’est pas à la hauteur des attentes canadiennes. Affaire à suivre…

    1. Bonjour Marcel. Comme dit dans un article sur le b52, est ce que les fissures structurelles que l on retrouvent de plus en plus souvent sur les projets aéronautique ne viendrait pas des outils informatiques qui calculent au micron prêt la taille et résistance des pièces quand dans les années 70 on faisait appels aux anciens qui te disaient de mettre 2 cm parce ce que c est comme ça et que ça doit être solide. En gros est ce pas excès de technologie on finirait pas par passer de la chopine en bois au verre en cristal. Bon week-end

      1. L’article est de notre ami Arnaud et non de moi. Tout comme vous, je crois que les aéronefs modernes sont beaucoup moins solides qu’auparavant.

  2. Ayant le CH-149 Cormorant, je n’ai jamais compris pourquoi le Canada a demandé le développement du CH-148 pour une petit série alors qu’une version navale de l’EH-101 est disponible. Peu de développement avec économie de formation et d’entretien.

  3. Si l’Aviation Royale Canadienne se sépare du Cyclone un choix logique serait le EH-101 Merlin version navale contenue que le Cormoran sert déjà comme hélicoptère de sar

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