L’Aviation royale canadienne fête ses 100 ans !

C’est aujourd’hui que l’Aviation royale canadienne (ARC) célèbre ses cent ans d’existence. Bien malin qui pourrait prédire de quoi auront l’air les forces aériennes dans 100 ans d’ici, mais déjà l’ARC prépare l’avenir. Au cours des derniers mois, je vous ai proposé une série d’albums photo retraçant l’évolution de la flotte des aéronefs de l’ARC depuis ses débuts dont le dernier portait sur les avions de chasse.

Aujourd’hui ce sera un tour d’horizon de la flotte actuelle des aéronefs de l’ARC, ainsi que de ceux qui vont arborer la fameuse cocarde à feuille d’érable dans l’avenir immédiat. Comme une image vaut mille mots, voici donc un album de photographies classées par type d’aéronefs.

Comme ils seront bien en évidence lors des célébration du centenaire de l’ARC, commençons par les avions de démonstration et de voltige: CT-114 Tutor des Snowbirds et CF-188 Hornet du Démo Team.

ARC / Canadair CT-114 Tutor des Snowbirds

Le CF-188 Hornet n’est pas qu’une bête de cirque aérien, puisque c’est avant tout l’actuel avion de combat multi-rôles de l’ARC. Son successeur est déjà désigné, soit le F-35 Lightning II dont les premiers appareils seront livrés à compter de 2026. Il est à noter que les futurs F-35 canadiens (nomenclature et nom officiel pas encore annoncés) seront de la génération Block 4. Contrairement aux blocs précédents, cette évolution du F-35 permettra d’emporter six missiles en soute plutôt que quatre, augmentant ainsi substantiellement la capacité offensive de chaque appareil en mode furtif.

ARC / McDonnell-Douglas CF-188 Hornet
ARC / Lockheed Martin F-35 Lightning II Block 4 (vue d’artiste)

Pour défendre l’une des plus grandes zones maritimes au monde, l’ARC aligne deux aéronefs de patrouille maritime et de lutte anti-sous-marine. Il s’agit de l’hélicoptère embarqué CH-148 Cyclone et de l’avion CP-140MPA Aurora qui a évolué au fil des ans pour devenir une plateforme multi-missions. Pour succéder au CP-140MPA, le Canada a choisi le P-8A Poseidon dont les premiers exemplaires sont attendus en 2026.

ARC / Sikorsky CH-148 Cyclone
ARC / Lockheed CP-140MPA Aurora
ARC / Boeing P-8A Poseidon (vue d’artiste)

Pour un pays aussi vaste que le Canada, qui de surcroît est fréquemment impliqué dans des missions militaires à l’étranger, la flotte des avions de transport de l’ARC est conséquente: BE-350 King Air, CC-138 Twin Otter, CC-144 Challenger, CC-130J Super Hercules, CC-150 Polaris et CC-177 Globemaster III. Le premier CC-330 Husky destiné au transport VIP vole déjà aux couleurs de l’ARC. Le remplacement des CC-150 MRTT Polaris par des CC-330 MRTT Husky doit débuter en 2025.

ARC / Beechcraft BE-350 Super King Air
ARC / De Havilland Canada CC-138 Twin Otter
ARC / Bombardier CC-144D Challenger
ARC / Lockheed Martin CC-130J Super Hercules
ARC / Airbus CC-150MRTT Polaris
ARC / Boeing CC-177 Globemaster III
ARC / Airbus CC-330 Husky
ARC / Airbus CC-330MRTT Husky (vue d’artiste)

En soutien à l’Armée canadienne, les hélicoptères de transport tactique de l’ARC besognent lors d’exercices militaires mais s’illustrent aussi lors de missions à l’étranger que ce soit dans le cadre de l’OTAN ou de l’ONU: CH-146 Griffon et CH-147F Chinook.

ARC / Bell CH-146 Griffon
ARC / Boeing CH-147F Chinook

Toujours prêts à voler au secours des autres, les Anges jaunes de l’ARC peuvent compter sur des aéronefs de recherche et sauvetage dédiés: CH-146 Griffon, CH-149 Cormorant et CC-295 Kingfisher. Les derniers CC-130H Hercules prendront leur retraite lorsque la flotte des nouveaux CC-295 Kingfisher atteindra sa pleine capacité opérationnelle.

ARC / Bell CH-146 Griffon
ARC / Agusta Westland CH-149 Cormorant
ARC / Airbus CC-295 Kingfisher
ARC / Lockheed CC-130H Hercules

Afin de donner des ailes aux aspirants pilotes, l’ARC peut compter sur des aéronefs de formation lui appartenant ou fournis par des sous-contractants: Grob G-120A, Beechcraft C-90B King Air, CT-142 Dash 8, Bell 412CF, CH-138 Jet Ranger, CT-156 Harvard II et CT-155 Hawk. Notons qu’un remplaçant du CT-156 se dessine à l’horizon, soit le Pilatus PC-21. Notons également que la flotte des CT-155 Hawk a très récemment été mise en veilleuse dû à la transition des pilotes de chasse canadiens vers le F-35 Lightning II. Durant une période intérimaire, les aspirants recevront leur formation à l’étranger, notamment aux États-Unis et en Italie. Afin de succéder au Hawk, Boeing/Saab courtise le Canada pour favoriser le T-7 Red Hawk déjà choisi par l’USAF. Toutefois, Leonardo n’a peut être pas dit son dernier mot et pourrait revenir à la charge en proposant à nouveau ses avions de formation.

ARC / Grob G-120A
ARC / Beechcraft C-90B King Air
ARC / Bombardier CT-142 Dash 8 « Gonzo »
ARC / Bell 412CF
ARC / Bell CH-138 Jet Ranger
ARC / Beechcraft CT-156 Harvard II
ARC / BAE CT-155 Hawk

Le Canada est une démocratie ouverte et transparente, sauf en ce qui a trait au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et aux Forces d’opérations spéciales. Cela est bien compréhensible. Les capacités précises du CE-145C Vigilance, le nouveau aéronef canadien de soutien aux opérations spéciales sont donc tenues secrètes. Il s’agit en fait de la version canadienne du Beechcraft 350 SPYDR, un avion utilisé tant aux États-Unis que par d’autres alliés.

ARC / Beechcraft CE-145C Vigilance

Bien que l’entrée en service des premiers drones MQ-9B SkyGuardian n’est prévue qu’en 2028, leur arrivée est déjà en préparation et augure une nouvelle ère pour l’ARC soit celle des aéronefs télé-pilotés.

ARC / General Atomics MQ-9B SkyGuardian (vue d’artiste)

Face aux attitudes belliqueuses de la Chine, de la Russie et de la Corée du Nord, dans ce qu’on peut qualifier de Deuxième Guerre froide, le Canada va accroître les moyens de défense de son espace aérien au-delà de l’acquisition de nouveaux aéronefs. Annoncée conjointement avec les États-Unis en 2022, la modernisation des capacités du NORAD est un autre chantier majeur dans lequel l’ARC est engagé. Le Canada va y investir à lui seul 39 milliards de dollars, notamment pour de nouveaux radars transhorizon arctiques et polaires, la mise en place du réseau secret de détection Crossbow et le renforcement des capacités de surveillance spatiale.

Relevant de l’ARC, la mise sur pied de la Division spatiale canadienne (DSC) amorcée en 2022 reflète l’évolution constante des technologies et des nouveaux défis que doit relever cette force aérienne. Il s’agit en fait d’un regroupement et d’une centralisation des activités spatiales auparavant dispersées afin d’améliorer l’efficacité des opérations inter-armées dans ce domaine. L’ARC n’a pas l’intention de modifier son nom pour autant, comme l’a fait la France, et encore moins de créer une branche armée distincte comme aux États-Unis. La coopération internationale dans le domaine est cruciale et la DSC est dorénavant l’interlocuteur engagé dans l’Initiative d’opérations spatiales combinées avec l’Australie, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis. En terme d’appareils en orbite, les priorités à court terme de la DSC sont de remplacer le satellite militaire canadien Sapphir de détection des objets artificiels en orbite, ainsi que de renforcer les capacités de télédétection actuellement assumées par les satellites canadiens de la Constellation RADARSAT grâce au projet RADARSAT+. À cet égard, les Forces armées canadiennes et l’Agence spatiale canadienne ont renouvelé un entente de coopération signée pour la première fois en 2001. En retour, cette agence civile n’hésite pas à puiser nombre de ses astronautes dans les rangs des pilotes de l’ARC. Tous se souviendront de la performance de Chris Hadfield jouant de la guitare tout en chantant Space Oddity en apesanteur dans la Station spatiale internationale. Un autre ex-pilote de CF-188 Hornet deviendra en 2024 le premier canadien à survoler la lune lors de la mission Artemis 2.

Pour ce centième anniversaire, souhaitons à tous ceux et celles qui portent l’uniforme bleu ciel une belle année de célébrations et un brillant avenir. Car comme le dit si bien la devise de l’ARC: Sic itur ad astra (Telle est la voie vers les astres) !

 

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Marcel
Marcel
Fils d’un aviateur militaire (il est tombé dedans quand il était petit…) et biologiste qui adore voler en avion de brousse, ce rédacteur du Québec apprécie partager sa passion de l'aéronautique avec la fraternité francophone d’Avions Légendaires.
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Commentaires

14 réponses

  1. Merci, pour toute cette série sur l’ARC à l’occasion de sont centenaire, pour les photos de tous les aéronefs de cette force aérienne. En tant que Français , j’en ignorai tout.

  2. Excellent article et sur un bon sujet par contre je ne comprends pas pourquoi spécifier que ce n’est pas un poisson d’avril? Votre équipe manque à ce point de fair play que vous avez tiré dans les pattes de votre collègue et de son article sur le bateau rouge, au demeurant pas drôle du tout et grotesque.

  3. Bravo pour cet article qui nous permet de découvrir rapidement et en détails cette force aérienne amie, mais pourtant fort méconnue.
    Ma (mé)connaissance de l’ARC se limitait jusqu’à aujourd’hui à une discussion fort agréable avec le pilote d’un F104 en provenance de Lahr (RFA) lors d’une JPO de la BA112 de Reims dans les années 80.
    Le Canada n’a qu’un voisin terrestre au sud, les USA, dont bien évidemment il n’a rien à redouter.
    Mais au nord, il risque d’avoir fort à faire pour sécuriser les milliers de km de littoral arctique, et le fameux passage du nord-ouest, surtout face aux popov qui considère l’arctique comme une Mare Nostrum de plus dans leur escarcelle.
    Je crois qu’il va falloir accorder aux forces aériennes canadiennes à la fois notre intérêt et notre confiance pour défendre cette zone éminemment stratégique dans les années à venir.

  4. Salut Marcel,
    Encore un article complet, précis, et instructif comme d’habitude, c’est ce que les lecteurs et passionnés affectionnent !
    Pourrais tu nous dire, toi le fervent défenseur du Québec, quelles sont les bases importantes de l’ ARC, leur localisation géographique, et leur hôtes, dans ton Québec natal ?
    Amicalement,

  5. Super bel article avec des photos de dingue, c’est d’ailleurs la marque de fabrique de votre site. Après je suis d’accord avec JFSegonzac (pour une fois!!!!) c’est pas cool d’avoir commencé par une référence aux poissons d’avril. Ca casse un peu le très bon d’Arnaud autour du PAPA Requin et du PAPA Pingouin.

      1. C’est pas grave Marcel ça montre que même vous et Arnaud êtes capable de faire des erreurs et que surtout vous les reconnaissez. Grace à vous je ne dis plus RCAF mais ARC.

        1. Pas toujours facile de se coordonner car un océan nous sépare, sans compter six heures de décalage horaire !
          Toujours ouvert aux commentaires pertinents et constructifs !

  6. Perso je l’attendais et je suis (très très) loin d’être déçu. Ton article est juste énorme. Et en plus tu montres dedans un des avions de l’arsenal canadien que je trouve les plus intéressants : le Gonzo, alias Bombardier CT-142 Dash 8 d’entraînement avancé. Un très bel anniversaire à l’ARC qui reste tout de même une des forces aériennes les plus kiffantes qui soient.

  7. Merci pour ce magnifique article et ces superbes photos !
    J’avais lu il y a quelques années que le Canada envisageait la mise au point et le déploiement de radar quantiques dans le grand nord… Savez-vous si c’est toujours d’actualité ?

    1. Comme je le souligne dans l’article, le Canada et les États-Unis ont entrepris un imposant chantier de modernisation des stations radar dans le Grand Nord. Comme on peut s’en douter, ces partenaires du NORAD désirent en dévoiler le moins possible sur les nouveaux moyens de détection qui seront utilisés. Comme je n’ai pas d’habilitation « Top Secret » du NORAD, je suis dans le brouillard…

  8. Bravo Marcel pour l’écriture de ce remarquable article! J’apprécie d’avoir mentionné les dates de remplacements des nos vieux aéronefs. Les photos en livrée blanche des Canadair CT-114 Tutor des Snowbirds et des Bombardier CC-144D Challenger sont tous simplement magnifiques.

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